L'économie allemande résiste mieux que prévu malgré l'inflation record et la crise énergétique

Malgré une inflation record, à plus de 10% sur un an, générée principalement par la flambée des prix de l'énergie, l'économie allemande a vu son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 0,3% au troisième trimestre, tiré par la consommation, alors que les analystes et le gouvernement s'attendaient à une croissance négative. Par ailleurs, alors que les prix à la consommation ont atteint un niveau inconnu depuis novembre 1951, les syndicats de l'industrie et de la métallurgie appellent à la grève à partir de samedi pour obtenir des hausses de salaires.
(Crédits : ANNEGRET HILSE)

Pas si défaillante que cela. Cet été, on prédisait le pire pour l'économie allemande, dont la grandeur économique repose sur un modèle industriel très dépendant des hydrocarbures russes. La première économie européenne n'a pas dit son dernier mot. Malgré la crise énergétique et l'inflation, le produit intérieur brut (PIB) allemand a connu une hausse surprise de 0,3% au troisième trimestre, tirée par la consommation, selon des chiffres préliminaires publiés vendredi par l'institut Destatis, l'équivalent Outre-Rhin de l'Insee.

« L'économie allemande continue de se maintenir, malgré des conditions économiques difficiles, avec la pandémie de coronavirus, les chaînes d'approvisionnement perturbées, l'inflation et la guerre en Ukraine », a déclaré l'institut Destatis dans un communiqué. Ainsi, sur un an, le PIB a progressé de 1,2%, en données corrigées des prix et effets de calendrier. Au deuxième trimestre, l'indicateur avait stagné, à 0,1%, selon une valeur révisée à la hausse par Destatis.

Sans pour autant écarter le spectre d'une récession en 2023, cette performance est une surprise, alors que les analystes tablaient sur une baisse de 0,2% du PIB au troisième trimestre. Le gouvernement allemand lui aussi s'attendait, en raison de la conjoncture économique actuelle, à une « croissance négative ». « C'est absolument bluffant. Tant d'indicateurs montrent que l'économie ralentit considérablement depuis des mois, et maintenant nous voyons même une accélération de la croissance », s'étonne Jens Oliver Niklash, analyste pour la banque LBBW.

Inflation record à plus de 10%

 Pour expliquer cette hausse, Destatis indique que l'indicateur a été tiré par la « consommation privée », malgré une inflation record : 10% en septembre sur an et 10,4% en octobre sur un an, niveau jamais vu depuis novembre 1951. Cette flambée est générée, comme partout, principalement par les prix de l'énergie, qui se sont envolés de 43% sur un an, tandis que ceux des denrées alimentaires ont progressé de 20,3%.

Le pays, qui s'approvisionnait à 55% en gaz russe avant la guerre, doit se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés. Ces tensions sur l'énergie ont fait exploser le prix du gaz et de l'électricité en Europe, faisant flamber l'inflation et les coûts de production de l'industrie, moteur de la croissance allemande.

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Résultat : la production industrielle faiblit. Elle a chuté de 0,8% en août, selon l'institut de statistique Destatis. Sont frappées de plein fouet les industries à forte intensité énergétique, comme la chimie, la métallurgie, le papier et le verre. Ces secteurs ont vu leur production baisser de près de 9% depuis février.

Dans ce contexte inflationniste, pour soulager les ménages et les entreprises, Berlin a annoncé fin septembre le déblocage de 200 milliards d'euros permettant de plafonner les prix. Conséquence de ce bouclier tarifaire : après avoir atteint un sommet à plus de 300 euros le mégawattheure en août, le prix du gaz n'a depuis cessé de chuter même s'il reste à un niveau élevé, (en hausse de 40% en moyenne par rapport à l'avant crise).

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Malgré cette inflation record, « la consommation privée » qui a entraîné des dépenses exceptionnelles dès le printemps, après deux années de pandémie, semble avoir poussé ses derniers feux cet été, en pleine période de vacances, permettant de limiter la casse sur le troisième trimestre. Berlin soutient en effet du reste massivement la demande. Le gouvernement a débloqué, ces derniers mois, plusieurs dizaines de milliards d'euros pour soulager les ménages face à la hausse des prix, via des chèques.

Toutefois, en Allemagne, « la croissance surprise du troisième trimestre ne signifie pas que le scénario de la récession a changé », affirme Carsten Brzeski, analyste pour ING. Le gouvernement allemand table, lui, sur une chute de 0,4% du PIB l'an prochain. Sur le long terme, de plus en plus d'industries réévaluent leur présence sur le continent. Le leader de la chimie BASF va ainsi réduire de « manière permanente » la voilure en Europe, a prévenu son PDG. Le sidérurgiste Arcelor Mittal a fermé partiellement plusieurs de ses usines en Europe, et mis en chômage partiel la plupart de ses salariés sur le continent.

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Appel à la grève pour les salaires dans l'industrie

Dans ce contexte, le puissant syndicat allemand IG Metall a appelé vendredi à la grève le vaste secteur industriel de la métallurgie et de l'électro-industrie, qui représente 3,8 millions de salariés. Face à l'inflation qui dépasse les 10%, le syndicat demande une hausse de 8%, refusée par les entreprises de ce secteur stratégique, qui comprend 26.000 entreprises de l'automobile, l'électronique ou encore la machine-outil. Les représentants des entreprises proposent de leur côté une prime unique de 3.000 euros, qui serait valable pour 30 mois.

Pour se faire entendre, des « grèves d'avertissement » seront organisées à partir de « samedi », dès minuit, ont indiqué cinq des sept sections régionales du syndicat, dont la puissante antenne de Rhénanie du Nord-Wesphalie (NRW), à l'ouest du pays. Ces débrayages coordonnés à durée limitée accompagnent souvent les négociations salariales en Allemagne. Aucune durée du mouvement n'a pour le moment été communiquée, mais une poursuite des négociations est programmée pour le 10 novembre prochain, alors que depuis plusieurs semaines, les représentants des patrons et des salariés de la branche mènent des négociations sur les salaires, qui ont échoué.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 29/10/2022 à 22:51
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Bonjour, La bonne question est de savoir combien de temps l'Allemagne vas pouvoir résister au prix des energie chère... La guerres en Ukraine voulus indirectement par l,'extension de l'otan a l'est .A bien nuire au intérêt européenne... Bien sur ...

à écrit le 29/10/2022 à 9:42
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ça doit être du à l'effet Audi VTC.

à écrit le 29/10/2022 à 0:31
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Une prime unique de 3000€ .. à faire palir la cgt … quand en France on a des primes uniques De 400 à 2000€ pour les plus veinards ( edf total …) et que borne nous fait la morale elle qui a le gouvernement le plus dépensier selon Dosieres…. Qu elle r...

à écrit le 28/10/2022 à 17:33
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On en reparle après les grèves, après Noël et après l'hiver de la croissance Allemande ( entre autres pays!).

à écrit le 28/10/2022 à 17:33
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On en reparle après les grèves, après Noël et après l'hiver de la croissance Allemande ( entre autres pays!).

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