L'Allemagne va droit en récession début 2023

Privée de gaz russe et dans un contexte de poussée de l'inflation, la première économie européenne risque de tomber en récession l'an prochain, selon une étude de l'institut IFO, l'un des plus influents en Allemagne
L'inflation moyenne pourrait grimper à 9,3% l'an prochain, après 8,1% en 2022 selon l'IFO.
L'inflation moyenne pourrait grimper à 9,3% l'an prochain, après 8,1% en 2022 selon l'IFO. (Crédits : LISI NIESNER)

Très dépendante du gaz russe, l'économie allemande, qui connaît une forte inflation, pourrait bien basculer en récession technique cet hiver. C'est en tout cas ce que prévoit l'institut IFO, très influent outre-Rhin, qui anticipe un recul du PIB de l'Allemagne de 0,3% en 2023 au premier trimestre 2023, après un recul de 0,2% au quatrième trimestre 2022. « Nous glissons vers une récession hivernale », estime Timo Wollmershäuser, directeur des études conjoncturelles de cet institut, qui a baissé de 4 points sa précédente prévision de juin.

En cause : les « baisses de fourniture de gaz russe intervenues cet été » et « les hausses de prix massives qui en résultent », explique-t-il. L'inflation moyenne devrait ainsi grimper à 9,3% l'année prochaine, après 8,1% en 2022, a-t-il ajouté.

Vers une récession aux 3ème et 4ème trimestres 2022

Cette étude va dans le sens des propos du président de la banque centrale allemande, Joachim Nagel, qui a jugé dimanche « possible » que l'Allemagne, première économie européenne, glisse dans la récession aux 3ème et 4ème trimestres de cette année, et y reste aussi jusqu'en début d'année prochaine. Fin août, il s'était déjà montré pessimiste. « Si la crise énergétique s'aggrave, une récession semble probable pour l'hiver prochain », avait ainsi estimé le chef de la Bundesbank.

Des craintes qui semblent se confirmer au regard de la flambée des prix. Le taux d'inflation en Allemagne pourrait atteindre un niveau « supérieur à 10% » sur un an au mois de décembre, période qui devrait à ses yeux constituer l'apogée de la poussée inflationniste actuelle, selon la Bundesbank. Cette dernière parlait jusqu'ici d'un taux de 10% dans les derniers mois de l'année, noircissant son pronostic. En 2023, l'institution bancaire allemande, anticipe néanmoins une décélération de l'inflation, même si elle devrait rester « au-dessus de 6% » l'an prochain, soit un niveau « beaucoup trop élevé ». De son côté, l'IFO prévoit que le taux d'inflation montera à environ 11% au cours du premier trimestre 2023, affectant sévèrement le pouvoir d'achat des ménages.

Dans ces conditions, une poursuite du resserrement du coût du crédit en zone euro est incontournable, a jugé le patron de la banque centrale allemande, malgré l'impact négatif que cette politique risque d'avoir sur la croissance. La Banque centrale européenne, dont la principale mission consiste à assurer la stabilité des prix, vise un taux d'inflation de 2%. Rattrapée par une inflation record et persistante, elle a décidé jeudi d'une hausse de ses taux d'intérêt d'une ampleur inédite et sa présidente, Christine Lagarde, a averti que d'autres relèvements suivraient. Le Conseil des gouverneurs de l'institution monétaire a décidé de relever ses taux directeurs de 75 points de base, une première en deux décennies d'existence - hormis un ajustement technique en 1999.

Crise de l'énergie

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Allemagne est en effet plongée dans une crise de l'énergie qui fait planer le risque d'une pénurie à l'hiver prochain. Berlin souffre de l'arrêt des livraisons de gaz venues de Russie dont le pays était dépendant à plus de 50% avant la guerre. Après avoir réduit drastiquement ses livraisons de gaz ces derniers mois vers l'Allemagne, à travers Nord Stream, le fournisseur russe Gazprom les a totalement arrêtées début septembre.

Lire aussi : En Allemagne, le réalisme des Verts face à la crise énergétique renforce leur poids politique

Si l'Allemagne est parvenue à remplir son premier objectif de stockage, avec un remplissage de 75% des réserves nationales, la cible finale, c'est-à-dire parvenir à un taux 95% d'ici au 1er novembre, paraît désormais hors de portée. L'Allemagne doit désormais se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés. Ces tensions ont fait exploser le prix du gaz et de l'électricité en Europe. Et le mouvement devrait se poursuivre: « Les fournisseurs d'énergie ajusteront sensiblement leurs prix de l'électricité et du gaz (...) en particulier au début de 2023 », estime l'IFO.

Dans ce contexte, pour aider les plus démunis, le gouvernement allemand a adopté début septembre un troisième plan de mesures. Mais cela ne pourra pas compenser la perte de pouvoir d'achat prévue, selon l'IFO. Toutefois, selon l'institut, la situation pourrait se « normaliser » à nouveau en 2024 avec « une croissance de 1,8% et une inflation de 2,5% ».

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 13/09/2022 à 8:22
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L'Allemagne s'est flinguée elle-même en restant dans le sillage des USA. Les cadors qui la dirigent n'avaient pas prévu que la particularité du boomerang c'est de revenir vers celui qui l'a lancé! Tant d'années d'études pour en définitive ne rien com...

à écrit le 12/09/2022 à 22:29
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Rappelons que l'Allemagne et la France se prive du gaz Russe part une décision politique de "s'affranchir du gaz russe". Même si Poutine les a pris au mot, C'est un choix politique.

à écrit le 12/09/2022 à 18:14
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Comment se fait-il que l'administration Bruxelloise n'ait pas réussie à uniformiser les moments de récessions dans l'UE ! ;-)

à écrit le 12/09/2022 à 17:44
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Le retour de flamme d'une économie dynamique tel que le "modèle" prédateur allemand essentiellement exportateur vassalisé au PCC... Autant la dynamique d'une économie peut être "naturelle" du fait de saisonnalité climatique autant elle peut être...

à écrit le 12/09/2022 à 13:10
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Bonjour, D'ici l'an prochain... Beaucoup de choses peuvent ce produire. Une guerre direct entre l'Europe et la Russie.... Voir une guerre entre chinois et américains... Ou une guerre entre les démocraties et les dictatures.. Bien sûr ils ne fau...

le 12/09/2022 à 15:55
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il faut que ça pète un bon coup

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