Hausse des taux : la BCE va continuer à frapper fort pour juguler l'inflation

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a réaffirmé lundi l'intention de l'institut monétaire de continuer à relever ses taux « à un rythme soutenu » pour combattre l'inflation toujours trop élevée en zone euro. Les taux devraient être relevés en février.
Pour Chrisitine Lagarde, patronne de la BCE,  « il est vital que les taux d'inflation supérieurs à l'objectif de 2% de la BCE ne s'enracinent pas dans l'économie ».
Pour Chrisitine Lagarde, patronne de la BCE, « il est vital que les taux d'inflation supérieurs à l'objectif de 2% de la BCE ne s'enracinent pas dans l'économie ». (Crédits : Reuters)

La Banque centrale européenne (BCE) va devoir encore augmenter ses taux d'intérêt pour espérer juguler l'inflation. Pour Christine Lagarde, présidente de l'institut monétaire, il faut, en effet, atteindre « des niveaux suffisamment restrictifs ».

Pour l'heure, l'inflation en Europe « est beaucoup trop élevée », a-t-elle déclaré lors d'une réception à Francfort, comme elle avait déjà pu le faire lors du forum de Davos la semaine dernière. Si la hausse des prix est redescendue sous la barre des 10% en fin d'année, elle se situait toujours à 9,2% sur un an en décembre, un seuil encore trop important.

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« Vulnérabilité à l'évolution de la géopolitique de l'énergie »

Cela s'explique « en partie à cause de notre vulnérabilité à l'évolution de la géopolitique de l'énergie », éclaire-t-elle. « Le découplage avec la Russie l'année dernière » depuis le début de la guerre en Ukraine « a poussé l'inflation énergétique dans la zone euro à des niveaux extraordinaires », provoquant une hausse générale des prix à plus de 10% en octobre.

Sans compter que, si l'inflation énergétique a récemment diminué, l'inflation sous-jacente - sans les prix de l'énergie et des denrées alimentaires - continue, elle, d'augmenter. « Par conséquent, il est vital que les taux d'inflation supérieurs à l'objectif de 2% de la BCE ne s'enracinent pas dans l'économie » martèle la responsable.

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Des taux qui vont être relevés en février

Concrètement, les gardiens de l'euro vont relever les taux d'intérêt en février et très probablement les mois à suivre. « En d'autres termes, nous maintiendrons le cap pour assurer le retour rapide de l'inflation à notre cible » de 2%, conclut Christine Lagarde, alors que la baisse du pouvoir d'achat liée à l'envolée des prix s'est imposée comme une préoccupation majeure des Européens.

Pour rappel, depuis juillet 2022, la BCE a relevé à quatre reprises ses taux directeurs. Une première fois de 50 points de base, puis à deux reprises de 75 points, avant une nouvelle hausse de 50 points en décembre dernier. Soit un relèvement au total de 250 points de base pour tenter de réguler l'envolée des prix, tirés par les coûts de l'énergie. Le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit se situe désormais à 2% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 2,50%, au plus haut depuis fin 2008.

Pour le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui s'est exprimé lors de ses voeux à la presse, « les taux dans la zone euro devraient atteindre un pic d'ici à l'été pour juguler l'inflation ». Le haut responsable ne s'est pas risqué à donner le niveau de taux qui doit permettre de ramener l'inflation à 2% d'ici à fin 2024 mais il estime que la hausse des prix devrait connaître, selon lui, un pic au premier semestre cette année.

En Allemagne, le secteur bancaire s'inquiète de cette hausse des taux

Le superviseur du secteur financier (Bafin) voit certaines banques allemandes menacées en cas de nouvelle hausse marquée des taux d'intérêt par la BCE, alors que la première vague l'an dernier a épuisé leurs réserves en capital. « Pour de nombreuses petites banques, les réserves cachées (en capital) ont été épuisées en tant que première ligne de défense », a déclaré lundi à Francfort le président de la Bafin, Mark Branson. Si la hausse des taux voulue par la BCE a amélioré les marges de crédit des établissements bancaires, elle a aussi pesé sur la rentabilité de ceux obligés d'abaisser fortement la valeur d'actifs dans leurs portefeuilles de titres.

L'autorité du secteur s'occupe désormais « principalement de la planification du capital » d'institutions disposant de peu de coussins de sécurité en la matière et qui sont exposés au « risque de taux d'intérêt à la hausse ». Ce ne sont pas les mastodontes Deutsche Bank ou Commerzbank qui inquiètent, mais de plus petites banques où les neuf premiers mois de l'année se sont soldés « en moyenne par un résultat négatif après impôt ».

La Bafin a identifié plusieurs autres risques pour le secteur financier, dont celui d'une vague d'insolvabilités alors que l'économie va probablement se refroidir.  Cela pourrait placer en défaut « surtout des prêts aux PME et aux entreprises énergivores », ce à quoi « les banques doivent se préparer ».

 (Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 24/01/2023 à 15:37
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Euh, les taux courts réels restent bien très très négatifs et les ultra-riches ultra-endettés/leveragés s'enrichissent toujours autant, au détriment du reste du peuple (le peuple s'appauvri car il n'y a pas de gains de productivités pour compenser ce...

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