Etats-Unis : la Fed va poursuivre la hausse des taux malgré les risques sur la croissance

Pour le président de l'antenne de la Réserve fédérale américaine (Fed) de New York, John Williams, l'institution monétaire doit « aller plus loin » dans le resserrement de sa politique entreprise depuis plusieurs mois. Mais une telle stratégie n'est pas sans conséquence pour l'économie du pays et sa croissance. Cette dernière devrait d'ailleurs s'affaiblir en 2023, sans pour autant infléchir le resserrement monétaire en cours.
Lael Brainard, la vice-présidente de la Fed.
Lael Brainard, la vice-présidente de la Fed. (Crédits : Reuters)

« Il est évident que la politique monétaire doit encore aller plus loin », a estimé le président de l'antenne de la Réserve fédérale américaine (Fed) de New York, John Williams. Des propos qui attestent de la volonté de la Fed de poursuivre le resserrement monétaire engagé depuis plusieurs mois.

Et qui coïncident avec ceux de Lael Brainard, la vice-présidente de la Fed. Cette dernière est « déterminée à maintenir le cap » d'une politique monétaire stricte tant que l'inflation n'a pas retrouvé son niveau attendu de 2%, a-t-elle déclaré jeudi lors d'un discours prononcé à l'école d'économie de l'université de Chicago. « L'inflation a ralenti ces derniers mois, ce qui est important pour les foyers et entreprises américains. Mais l'inflation reste élevée et il faudra du temps pour la ramener à 2%. Nous sommes déterminés à garder le cap », a-t-elle ajouté.

Les Etats-Unis ont, en effet, constaté une forte baisse de l'inflation qui a ralenti à 6,5% sur un an en décembre, atteignant son plus bas niveau en 2022 après avoir atteint un pic de 9,1% sur un an au mois de juin.

Lire aussiDavos retrouve le sourire : et si 2023 se passait bien pour la croissance

Vers une croissance plus faible en 2023

Mais le maintien de cette politique monétaire stricte n'est pas sans conséquence pour l'économie du pays. Et la Fed l'a bien en tête. Lors de sa dernière réunion, mi-décembre, elle a, en effet, réduit le montant de ses hausses, augmentant son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage. Celui-ci se situe désormais dans une fourchette de 4,25% à 4,50%. Si les responsables de la banque centrale prévoient de le faire grimper au-delà de 5% et de le maintenir un moment à un niveau élevé, la volonté est donc désormais de resserrer plus lentement la vis que pendant la première phase.

Le « resserrement tant de la politique monétaire que budgétaire dans un environnement mondial » devrait entraîner une croissance plus faible en 2023, a souligné Lael Brainard. Un constat partagé par la Banque mondiale qui a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour l'année en cours. L'institution ne prévoit plus que 0,5% de croissance aux Etats-Unis (contre 1,9% en juin dernier). Abaisser les prix va demander « une période de croissance ralentie et un affaiblissement des conditions sur le marché du travail », a, également, admis John Williams, anticipant, de son côté, pour 2023 une croissance du PIB d'environ 1% et un taux de chômage aux alentours de 4,5%.

L'emploi américain toujours en bonne forme, pas de spirale inflationniste

Pour l'heure, les effets de la hausse des taux ne se font toujours pas pleinement sentir sur l'activité économique, notamment sur les chiffres de l'emploi. Le marché du travail continue, en effet, de résister, malgré un niveau d'emploi légèrement inférieur à celui d'avant la pandémie, que Lael Brainard explique notamment par une baisse de l'immigration et une augmentation des départs en retraite.

Les Etats-Unis sont, en outre, parvenus à échapper à une spirale prix-salaire interminable et tant redoutée par les économistes. Concrètement, lorsqu'une entreprise augmente les salaires de ses employés, elle augmente de facto ses coûts de production qu'elle doit ensuite répercuter sur ses prix de vente pour ne pas réduire ses marges, ce qui alimente donc l'inflation. Les salaires des Américains ont connu une progression certes importante mais diversement répartie. Les hausses obtenues par les bas salaires ont été compensées « par une baisse du salaire réel parmi les revenus intermédiaires supérieurs », ce qui a permis d'éviter de nourrir la spirale inflationniste.

Lire aussiAugmenter les salaires en période d'inflation : une équation insoluble ?

Ombre au tableau toutefois : la vice-présidente de la Fed a relevé « l'affaiblissement significatif du secteur industriel » et « une modération supplémentaire des dépenses de consommation »« Le revenu net disponible a diminué de 4,1% sur les neuf premiers mois, suggérant que la consommation actuelle repose avant tout sur les économies et le crédit », a-t-elle souligné. Or les économies des foyers, en particulier les plus modestes, ont largement diminué. De quoi peser sur la situation économique ces prochains mois et ébranler les certitudes du pouvoir américain. A la question de savoir s'il y aurait une récession dans les mois à venir aux Etats-Unis, le président, Joe Biden, répondait aux journalistes de CNN en octobre dernier : « Je ne le pense pas »« S'il y en a une, ce sera une très légère récession. C'est possible, je ne l'anticipe pas », avait-il néanmoins complété.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 20/01/2023 à 8:51
Signaler
C'est une bonne stratégie. Dommage qu'elle ait 18 mois de retard

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.