Les Etats-Unis s'inquiètent de plus en plus de l'évolution de la crise grecque

Les Américains tentent de faire pression sur les Européens afin de circonscrire une crise qui menace de plus en plus leurs intérêts économiques et stratégiques. Ils tentent de faire accepter aux Européens un plan de restructuration de la dette grecque, une perspective rejetée par l'Allemagne.
Nabil Bourassi
Jack Lew s'est personnellement impliqué pour inciter les Européens à trouver un accord avec la Grèce, et faire accepter un plan de restructuration de la dette.

La crise grecque aura fait l'effet d'une déflagration mondiale. Si bien que les Etats-Unis se sont largement penchés sur la question grecque, quitte à s'ingérer dans les affaires européennes. Chez certains éditorialistes de la presse anglo-saxonne, l'intervention américaine devenait même urgente au lendemain du non au référendum grec sur le plan d'austérité de la Troïka.

"Si les choses continuent sur cette pente, la voix de l'Amérique devra se faire plus forte", a ainsi écrit Edward Luce du Financial Times.

Un alignement des planètes néfaste à son économie

Pour Washington, la crise grecque revêt plusieurs dimensions qui touchent à ses intérêts. Le premier est évidemment d'ordre économique. La zone euro ne parvient toujours pas à enclencher un cercle de croissance vertueux en partie en raison des incertitudes liées à la crise grecque. Or, la zone euro correspond à une part non-négligeable du commerce extérieur américain. Et Washington craint un alignement des planètes néfaste à son économie avec le ralentissement de l'économie chinoise, et la perspective de hausse des taux d'intérêts américains.

De plus, Washington n'ignore pas que le dossier du traité transatlantique de libre-échange est en partie plombé par la défiance d'une opinion publique européenne échaudée par la levée des frontières économiques.

L'ombre de Poutine...

L'économie n'est pas le seul dossier qui titille l'administration Obama. Depuis l'élection d'Alexis Tsipras en janvier, la Grèce semble se rapprocher de Moscou. Vladimir Poutine affiche un malin plaisir à mettre Athènes dans de bonnes dispositions qui, en retour, lui rend la pareille, dénonçant les "sanctions insensées" du camp occidental consécutives à la crise ukrainienne. Une prise de position qui avait provoqué l'ire des Européens et sérieusement fâché Washington.

La Grèce d'Alexis Tsipras a ainsi été une première brèche dans la stratégie d'endiguement de la Russie. En outre, Washington considère qu'une sortie de la Grèce de la zone euro, c'est déjà un premier pas vers la sortie de l'Union européenne et déjà un pas de trop vers Moscou... Barack Obama peut au moins se consoler en se disant que Vladimir Poutine n'a jamais promis le moindre rouble (et encore moins d'euro) pour sortir Athènes de l'ornière, et pour cause, il est lui-même confronté à une grave crise économique : sanctions économiques, contre-choc pétrolier...

Un dossier devenu trop sensible pour Bruxelles?

Face à l'enlisement de la crise grecque, Washington n'était plus disposé à abandonner ce dossier devenu sensible, aux technocrates bruxellois. Il a ainsi activé plusieurs leviers afin de faire entendre sa voix. Le premier, c'est le FMI dont il est le membre influent. Christine Lagarde qui dirige l'institution a demandé à ce que la dette grecque soit restructurée, prenant soin de rappeler que c'était la position défendue par le FMI depuis longtemps.

L'autre action a consisté à activer tous les ressorts diplomatiques possibles sans pour autant froisser ses partenaires. Jack Lew, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, a ainsi discrètement fait pression sur les Européens pour parvenir à un accord avec la Grèce. Cité par le Financial Times, il a exprimé ses craintes qu'un Grexit coûte des "dizaines de milliards de dollars de dommages économiques à travers le monde" tout en ajoutant qu'il n'y avait "pas de menaces directe sur l'économie américaine". Il n'empêche qu'il n'a cessé de s'activer ces dernières semaines, envoyant des émissaires dans les différentes capitales européennes et se déplaçant parfois lui-même. Il a d'ailleurs exprimé son souhait que l'accord avec la Grèce aboutisse à une restructuration de la dette pour la rendre "soutenable". Cette perspective est encore totalement exclue par Berlin.

Obama entre dans l'arène

Il fallait donc agir en plus haut lieu. Barack Obama a fini par décrocher son téléphone pour s'entretenir avec Angela Merkel mardi 7 juillet, deux jours après le référendum grec qui a infligé un camouflet au plan d'austérité voulu par les créanciers.

De plus en plus, l'action des Etats-Unis va au-delà de la simple force de proposition mais ressemble à une véritable ingérence. Pour le Financial Times, les Etats-Unis "sont devenus un avocat important de la restructuration de la dette grecque". Alexis Tsipras pourrait peut-être alors tourner casaque et se rapprocher de Washington...

Nabil Bourassi
Commentaires 34
à écrit le 12/07/2015 à 17:02
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Les américains ne doivent pas faiblir : ils doivent envoyer l'USS George Bush dans le port du Pirée et s'emparer de la réserve d'or Grecque, comme cela a été fait à Tripoli ou à Kiev. Ils finiront bien par plier les bougres ! Et si Obama manquent de...

à écrit le 12/07/2015 à 10:56
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Une bonne grosse crise du capitalisme... Eh oui on commence a` comprendre que la valeur de l'argent est base sur la confiance et que quand le jouet est casse' ceux qui perdent a` priori le plus sont ceux qui ont cru a` l'argent... ouaf, ouaf!

à écrit le 12/07/2015 à 8:31
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Si les Américains veulent se charger de la Grèce, qu'ils s'en occupent ! La Russie et/ou la Chine sont les bienvenus aussi. S'il y avait vraiment un aspect géopolitique, ils seraient tous déjà là-bas. Cordialement

à écrit le 12/07/2015 à 6:49
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@nabil Bourassi: Vous auriez pu mettre en avant les deux raisons principales de l'intervention d'obama: 1- il est de gauche, comme tsipras, hollande et renzi. 2- une bulle financière se développe aux usa et la crise grecque pourrait la déclencher....

à écrit le 11/07/2015 à 10:47
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Les Américains ont Porto-Rico : chacun son problème. Qu'ils nous fichent la paix avec la Grèce : c'est un problème de politique intérieure. Et ils n'avaient qu'à pas tout faire pour que les relations avec la Russie se détériorent : la nostalgie de ...

à écrit le 11/07/2015 à 9:13
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Pas d'inflation eu zone euro, pas solution pour la Grèce ! un petit 6% serait le bienvenu !

à écrit le 11/07/2015 à 8:49
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La fourmi Angela n'est pas préteuse .... et chat échaudé craint l'eau froide !

à écrit le 11/07/2015 à 7:33
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On comprend mieux la volte face du parti républicain Français, notamment de son leader. Tout ceci nous montre clairement deux choses. Premièrement le peut de réflexion apporté au problème Grec. Un manque de vision globale pour certains, associé au pe...

à écrit le 11/07/2015 à 6:28
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Qu'ils mêlent de leurs affaires!

à écrit le 11/07/2015 à 6:19
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GARDE À VOUS ? C'est ce que crie le subalterne lorsqu'un plus haut gradé rentre dans .... le jeu ! La leçon valait bien un fromage sans doute ? Certes, et même qu'il faut faire attention de ne pas (tenter de) casser la baraque hein ? Pfiouuuuuuuuuuuu...

à écrit le 11/07/2015 à 0:07
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Si les ricains veulent un état de plus... sinon, ils peuvent toujours envoyer un chèque...

à écrit le 10/07/2015 à 23:50
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Si les américains veulent faire un Don pour les contribuables européens, créanciers de la Grèce, ceux-ci s'engageront sans problème à réduire d'autant la dette grecque !!! Américains... à vos chéquiers !!

à écrit le 10/07/2015 à 22:40
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Et si les Etats-Unis prêtaient de l'argent à la Grèce ? Ils ne l'ont jamais fait!

à écrit le 10/07/2015 à 22:40
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Et oui la banque americaine goldman sachs est impliquee dans la bce avec draghi c'est pour ca! La grece est un client

à écrit le 10/07/2015 à 22:36
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Les banques ont pris le pouvoir mondial et pas qu'un peu aux usa en 1913 avec la fed et en france en janvier 1973 avec la loi rotchild pompidou

à écrit le 10/07/2015 à 22:31
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A vos ordres! Les USA ont exigé de l'Europe un embargo commercial avec la Russie, les Européens l'ont fait. Les USA exigent un traité commercial qui mette les Etats européens à la merci des groupes américains, les Européens signent. Les USA demanden...

à écrit le 10/07/2015 à 22:30
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Goldman sachs la banque americaine qui controle le monde entier dont la grece, video d'arte. Rotchild banquier aussi est pas mal non plus dans le genre usurier avec les interets des prets

à écrit le 10/07/2015 à 22:21
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Non, pas possible... Vous devriez rafraîchir la mémoire des lecteurs et leur rappeler qui a aidé le gouvernement Grecque a falsifier sa comptabilité et les faire entrer dans l'Europe. Le beurre l'argent du beurre et le c...... Faut les faire taire...

le 11/07/2015 à 17:12
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W fred plomb Dommages et interets??? interessant comme suggestion,,,,,,,, j'aime.

à écrit le 10/07/2015 à 21:55
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Quand on lit un titre pareil et en connaissant bien la démarche de certains pays d'outre-Atlantique, on ne peut pas s'empêcher d'imaginer un probable coup d'État qui s'amorce du côté d'Athènes. Ai-je si tort que cela? à bon entendeur….. bonne pêche à...

à écrit le 10/07/2015 à 20:41
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L'éclatement de la zone euro n'est qu'une question de temps. La Bible dit : « Et [le roi du Nord = la Russie depuis la seconde moitié du XIXe siècle. (Daniel 11:27)] retournera dans son pays avec de grandes richesses [1945], et son coeur sera contre ...

à écrit le 10/07/2015 à 20:29
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Il faut choisir, soit écouter soit être entendu. Et lorsqu'on a passé son temps à écouter derrière les portes, il devient difficile d'être entendu...

à écrit le 10/07/2015 à 20:26
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Quand l'Oncle Sam vendait en 2009 des milliards d'euros de matériel militaire à la Grèce déjà en faillite en en faisant le 3ème importateur d'armes au monde, ils ne se posaient pas de question sachant qu'in fine c’était la BCE qui payait. Alors qu'il...

à écrit le 10/07/2015 à 20:26
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Quand l'Oncle Sam vendait en 2009 des milliards d'euros de matériel militaire à la Grèce déjà en faillite en en faisant le 3ème importateur d'armes au monde, ils ne se posaient pas de question sachant qu'in fine c’était la BCE qui payait. Alors qu'il...

à écrit le 10/07/2015 à 19:43
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Mind your own business for a change, US

à écrit le 10/07/2015 à 19:32
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Visiblement une intervention des USA en "sous-marin" ne suffisait de plus, c'est ouvertement qu'elle se prononce avec l'OTAN comme motif!

à écrit le 10/07/2015 à 19:18
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Que les Américains nous donnent 300 M€ et nous abandonnerons la dette Grecque. En attentant s' ils s'occupent de leurs affaires

à écrit le 10/07/2015 à 19:07
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Si c'est dans l'intérêt des Américains que la Grèce reste dans l'UE...et bien qu'ils paient la dette. Non mais, j'espère que l'on ne va pas se vassaliser un peu plus, et à notre détriment, aux US !!!!

le 11/07/2015 à 11:46
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C'est clair que les Américains ont tout intérêt de garder la Grèce en tant que pays militairement stratégique pour eux, mais c'est absurde que pour faire plaisir aux EUA les États européens assument la dette grecque. Et pourtant c'est cela que va se ...

à écrit le 10/07/2015 à 19:03
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Très bien, on n'attend plus que les Américains sortent le carnet de chèques. Au moins, eux ils maîtrisent leur monnaie et ils savent marcher une planche à billets.

à écrit le 10/07/2015 à 19:01
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Oncle Sam a une armée et nous pas donc c'est lui qui décide.Quand l'Europe en aura une aussi grande (armée) et bien on pourra discuter pour l'instant va falloir fermer sa gueule et payer.

le 11/07/2015 à 21:31
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@momo: tout à fait, et c'est la raison pour laquelle je suis pour une Europe forte et indépendant, capable de aprler d'égal à égal avec les autres grandes puissances. Mais bon, je sais que c'est pas gagné...surtout avec les polichinelles qui nous dir...

à écrit le 10/07/2015 à 18:57
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Les U.S n'ont pas fait de cadeaux aux banques françaises ex BNP, alors pourquoi nous on ferait des cadeaux aux banques grecques??

le 10/07/2015 à 19:39
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Quand rien n'est encore abouti on doit mesurer la faiblesse de notre Union et savoir qu'une dette allemande n'est pas ni une dette grecque encore moins french

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