Pesticides : les Vingt-Sept demandent une nouvelle étude d'impact (en raison de la guerre en Ukraine)

Les 27 Etats membre de l'Union européenne souhaitent une nouvelle étude de l'impact des pesticides par la Commission européenne, notamment sur la souveraineté alimentaire, dans ce contexte de guerre. L'Europe a pourtant annoncé la diminution de l'utilisation des pesticides de 50% d'ici à 2023. La Commission se dit prête à écouter les propositions mais ne veut pas retarder le règlement. Les associations, quant à elles, dénoncent une « manœuvre cynique » pour retarder la réduction des pesticides.
Les « coûts cachés » des pesticides s'estimeraient entre 370 millions et plusieurs milliards d’euros par an pour la France selon le bureau d'études Basic
Les « coûts cachés » des pesticides s'estimeraient entre 370 millions et plusieurs milliards d’euros par an pour la France selon le bureau d'études Basic (Crédits : Reuters)

Revirement de situation. Après un accord historique lundi soir lors de la COP15 sur la biodiversité et l'engagement des Etats de diminuer le risque lié aux pesticides de 50% d'ici à 2030, les 27 Etats membres de l'Union européenne ont demandé dans la foulée une nouvelle étude d'impact des pesticides à la Commission européenne.

Motif avancé : l'ancienne étude d'impact ne prenait pas en compte la guerre en Ukraine et les problèmes de souveraineté alimentaire. Les 27 ont donné 6 mois à la Commission européenne pour compléter cette étude. Un scénario qui pose question alors qu'il ne reste plus que 6 ans pour inverser la courbe d'utilisation des pesticides. En France, la quantité de pesticides utilisée restait identique en 2021 à celle de 2008 malgré les deux plans Ecophyto I et Ecophyto 2 successifs qui visait à réduire leur utilisation.

Lire aussiPesticides: Bruxelles maintient l'objectif d'une réduction de moitié en 2030

La guerre change la donne

La guerre en Ukraine appelle à revoir la copie. C'est en tout cas l'argument qu'avancent les pays européens qui demandent à étudier de nouveau l'impact d'une réduction des pesticides sur la souveraineté alimentaire. Ils s'inquiètent d'une diminution des rendements alors même que la guerre en Ukraine a entraîné des problèmes d'approvisionnement au cours de l'année 2022. La Commission européenne avait établi une feuille de route fin juin 2022 présentant les différentes étapes pour parvenir à l'objectif de réduction de 50% des pesticides.

Les Etats dénoncent des agriculteurs laissés « sans alternative ». Dans un communiqué, la fédération qui représente les intérêts des agriculteurs au niveau européen, la Copa Cogeca, estime qu'« à la lumière des circonstances actuelles, il est crucial que les rendements agricoles restent stables pour produire suffisamment de produits de haute qualité et abordables ».

Cette décision, prise par les divers ministres de l'Agriculture des pays de l'Union européenne et annoncée par la présidence tchèque ce lundi soir, intervient peu de temps après la signature historique de la COP15 qui stipule une diminution du risque de pesticides de 50% d'ici 2030.

La Commission ne veut pas retarder la loi

De son côté, la Commission a annoncé qu'elle « va considérer avec attention les demandes des Etats pour ajouter des données et des analyses » et qu'elle est en ce moment en train « de préparer une analyse spécifique des facteurs de sécurité alimentaire en regard de la guerre en Ukraine et de ses effets ».

« Il est toutefois important que cette demande ne soit pas utilisée pour retarder les discussions sur cette proposition. Il est maintenant essentiel que les Etats poursuivent l'examen des différents aspects techniques de la proposition », souligne Stefan De Keersmaecker, porte-parole de la Commission européenne pour la sécurité alimentaire.

Enfin, la Commission a annoncé présenter très bientôt au grand public son analyse des facteurs importants qui concernent la sécurité alimentaire incluant l'utilisation des pesticides.

« C'est une manipulation d'une tragédie pour préserver des intérêts privés »

Les associations sont vent debout à la suite de cette annonce. Elles craignent un report de la réglementation qui ne passerait pas avant les élections européennes de 2024 ce qui pourrait changer la donne.

« C'est une excuse cynique, c'est une manipulation d'une tragédie pour préserver des intérêts sur le court terme de la part de groupes d'intérêts privés. C'est une stratégie classique pour retarder le règlement. Ils avaient fait pareil au moment des perturbateurs endocriniens », tempête Barbara Berardi, directrice de recherche pour Pollinis, une ONG indépendante qui agit pour stopper l'extinction des abeilles et autres insectes pollinisateurs.

L'association estime que l'argument de la souveraineté alimentaire pour continuer à utiliser les pesticides est incohérent. « La production sur le long terme sera impactée par les pesticides car ils détruisent les pollinisateurs. Si on n'arrive pas à protéger au maximum la biodiversité en Europe, on aura une énorme crise alimentaire à la fin », souligne Barbara Berardi. Elle rappelle également que les lobbies et les grands syndicats agricoles avaient avancé les mêmes arguments de souveraineté au moment du Covid, pas plus justifiés selon elle.

Le glyphosate renouvelé pour 2023

Parallèlement, la Commission européenne a fait le choix, début décembre, d'autoriser le glyphosate sur l'année 2023 tant que l'étude de son impact sur l'environnement et les humains prévue par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) n'a pas été réalisée.

Cette étude, initialement prévue pour 2022, a été reportée pour juillet 2023 « en raison du nombre sans précédent de commentaires reçus dans le cadre de la consultation publique ». A la suite de cette évaluation, il sera alors décidé si cet herbicide sera autorisé pour les cinq prochaines années. Pour rappel, le plan Ecophyto II souhaitait la fin du glyphosate pour la fin de 2022.

Commentaires 10
à écrit le 22/12/2022 à 9:30
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Nous faisons quand même mieux que la Corée du Nord et surtout l'Albanie qui n'ayant encore jamais réussi à envoyer une fusée dans l'espace peut nous envier et qui ne peut mettre en avant les innombrables bunkers qui tapissent le pays pour espérer pro...

à écrit le 22/12/2022 à 9:30
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En réponse au bas de plafond on lui fera remarquer que deux satellites Pléiades Neo sont en orbite. La coïncidence aurait été qu'aucun des 4 n'ait atteint l'orbite.

à écrit le 21/12/2022 à 19:17
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Bonjour, Personnellement depuis le réduction des pesticides, je contacte qu'ils y a un peux plus d'oiseaux rapaces...(moins de pesticides et plus de petites bête) Bien sûr ils ne faut pas le dire.....

à écrit le 21/12/2022 à 16:11
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Les associations n’ont rien à faire dans ce débat sinon défendre des intérêts particuliers et militants. Ce sont les citoyens et les élus qu’ils désignent qui doivent mener ce débat et prendre les décisions voulues par une majorité……..

le 21/12/2022 à 16:55
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Savez vous qu'il y a plus de 9.000 lobbys ( groupe de pression ) à Bruxelles : associations , syndicats organisations professionnels .... , les élus votent en fonction des info que tous ces organismes leur communiquent sous forme de notes, études etc...

à écrit le 21/12/2022 à 14:02
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Et oui il faut refaire l'étude d'impact, maintenant que les engrais et les pesticides coutent plus chers avec la guerre en ukraine, les avantages diminuent!

à écrit le 21/12/2022 à 12:03
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Est il encore besoin de faire des études pour savoir ce qu'on sait depuis toujours: Les pesticides sont des poisons pour la terre et toutes les formes d'êtres vivants. Réduire leur utilisation est le minimum à faire.

à écrit le 21/12/2022 à 9:54
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Au lieu de bavarder sur le climat attachons nous à supprimer les pesticides et autre plastiques (gros boulot) avec pour préliminaire de bannir les guerres entre les peuples sur notre petite terre.. Question de survie de l'humanité..

à écrit le 20/12/2022 à 23:46
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"Motif avancé : l'ancienne étude d'impact ne prenait pas en compte la guerre en Ukraine et les problèmes de souveraineté alimentaire.", en effet, vu qu'on a détaxé les produits agricoles Ukrainiens tout en se privant des engrais russes et d'énergie b...

à écrit le 20/12/2022 à 23:10
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Reculade lamentable et on se demande ce que vient faire l Ukraine là dedans …. Qui est la 4 eme producteurs de blé et de pomme de terre au monde : la France ..

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