GNL : les importations mondiales, déjà en hausse en 2021, devraient encore grimper pour se passer du gaz russe

Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont augmenté de 4,5% entre 2020 et 2021. Une hausse néanmoins inférieure au niveau d'avant crise. La guerre en Ukraine risque de changer la donne en 2022. Alternative au gaz russe, cette source d'énergie est en effet actuellement très recherchée en Europe, ce qui crée un « déséquilibre structurel » entre la demande et l'offre. Les pays européens multiplient en plus les projets d'achat ou de location d'unités flottantes de stockage et de regazéification.
Au total en 2021, 44 marchés ont importé des volumes de GNL, en provenance de 19 pays exportateurs.
Au total en 2021, 44 marchés ont importé des volumes de GNL, en provenance de 19 pays exportateurs. (Crédits : Hannibal Hanschke)

Les importations mondiales de GNL ont atteint 372,3 millions de tonnes en 2021, en croissance de 4,5% par rapport à 2020, indique le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL), l'association professionnelle du secteur, dans son rapport annuel publié ce jeudi 5 mai.

« Ces importations records ont été tirées par une reprise économique robuste ainsi que par la croissance du gaz pour la production d'électricité et la transition du charbon vers le gaz », explique le GIIGNL, soulignant néanmoins que le taux de croissance annuel reste loin des niveaux d'avant la pandémie.

La reprise a été inégale d'une région à l'autre. L'Asie, première région importatrice (73,2 % des importations mondiales de GNL), portée notamment par la Chine qui est devenue première importatrice mondiale devant le Japon, a fortement encouragé la demande. Mais l'Europe a eu du mal à attirer des cargaisons de GNL pendant la majeure partie de l'année. Au total en 2021, 44 marchés ont importé des volumes de GNL, en provenance de 19 pays exportateurs.

Côté offre, la production mondiale ne progresse que modestement malgré cet enthousiasme renouvelé pour le gaz liquéfié. Les États-Unis font figure de locomotive, ayant commercialisé l'an dernier 22,3 millions de tonnes supplémentaires grâce à la montée en puissance de cinq grands projets de GNL mis en service en 2020.

Lire aussi 5 mnGNL : le business de la construction des méthaniers en plein boom

La guerre devrait booster encore la demande

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février, l'Europe cherche à augmenter massivement ses importations de GNL pour réduire sa dépendance au gaz russe, qui arrive essentiellement par gazoduc. Le GNL présente l'avantage de pouvoir être transporté par bateau de n'importe quel endroit du monde.

« Le marché du GNL se développe rapidement et les récentes hausses des prix indiquent un déséquilibre structurel entre la demande et la croissance de l'offre », juge le président du GIIGNL, Jean Abiteboul. Selon lui, la volatilité des prix « a été exacerbée par le conflit russo-ukrainien, et la crise énergétique européenne actuelle s'avère être un rappel brutal du rôle vital du GNL pour assurer la sécurité énergétique et la stabilité économique ».

Des propos qui confirment ceux tenus début avril par GRTgaz, l'opérateur de la majeure partie du réseau de transport de gaz en France. « En France comme en Europe, la situation internationale conduit à rechercher des mesures propres à diversifier les approvisionnements et à augmenter les possibilités d'arrivées de gaz naturel liquéfié (GNL) », avertissait le groupe. Mais son importation nécessite de construire des terminaux lourds, ou a minima de s'offrir des unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU) du GNL importé.

Lire aussi 5 mnLes Etats-Unis vont augmenter leurs livraisons de GNL à l'UE pour accélérer la sortie de la dépendance énergétique de l'Europe à la Russie

L'Europe mise sur les unités flottantes

La construction de méthaniers terrestres prenant du temps et étant onéreuse, les pays européens envisagent du coup l'achat ou la location d'unités flottantes. Ces immenses navires méthaniers joueront le même rôle que le terminal terrestre. Le gaz, arrivé par bateau liquéfié pour prendre moins de place, y est regazéifié pour être distribué.

Ainsi, l'Allemagne a déjà débloqué mi-avril une enveloppe de près de trois milliards d'euros pour se doter de trois voire quatre terminaux flottants d'importation de GNL, dont le pays ne dispose pas pour le moment. L'Italie envisage aussi d'acheter ou de louer de telles structures. La Finlande et l'Estonie prévoient d'amarrer un navire-terminal avant l'hiver prochain, les deux pays voisins étant connectés depuis début 2020 par le gazoduc Balticconnector sous la mer Baltique. Les Pays-Bas misent sur l'extension du leur terminal GNL à Rotterdam et la construction d'un terminal flottant à Eemshaven. Du côté de la France, le pays dispose déjà de quatre terminaux méthaniers et envisage d'installer en plus une installation flottante de 3,9 MTPA au port du Havre.

Reste que, trouver une unité flottante risque de s'avérer compliqué, ces structures étant plutôt rares et la demande très forte. La construction de navires pourrait être envisagée, mais les chantiers navals réalisant ce type d'unités existent essentiellement en Asie et leurs carnets de commandes sont déjà pleins pour les prochaines années.

Lire aussi 2 mnL'Allemagne débloque 3 milliards d'euros pour transformer elle-même son GNL dès cet hiver

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.