Zone euro : l'inflation au plus bas depuis juillet 2021, les marchés spéculent sur une baisse des taux en 2024

Après avoir atteint plus de 10% en octobre 2022, l'inflation poursuit son ralentissement dans la zone euro et atteignait 2,4% sur un an en novembre. Un chiffre moins élevé que celui attendu par les analystes et qui pourrait influer sur les décisions de la BCE quant à une possible baisse de ses taux.
Actuellement, le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, se situe à 4%.
Actuellement, le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, se situe à 4%. (Crédits : Ralph Orlowski)

Le niveau d'inflation se rapproche de plus en plus de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Pour rappel, l'institution monétaire a pour principale mission d'assurer la stabilité des prix pour permettre l'équilibre de l'économie au sein de la zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique). Or, pour cela, elle doit maintenir l'inflation à 2%.

Et selon les chiffres publiés par Eurostat ce jeudi, le taux d'inflation a chuté à 2,4% en novembre sur un an, contre 2,9% en octobre. Cette première estimation de novembre est même plus basse que ce qu'avaient prévu les analystes de Bloomberg et Facset - qui tablaient sur 2,7% -, le chiffre atteint ainsi son plus bas niveau depuis juillet 2021. L'inflation se situe désormais bien loin du record atteint en octobre 2022 à 10,6%, plusieurs mois après le déclenchement du conflit en Ukraine qui a provoqué une flambée des prix de l'énergie. Elle a d'ailleurs particulièrement diminué depuis l'été dernier puisque la hausse des prix atteignait encore 5,2% en août.

Sans compter que le reflux enregistré en novembre touche toutes les composantes de l'indicateur, hors énergie. Ainsi, la flambée des prix de l'alimentation (y compris alcool et tabac) a ralenti à 6,9%, après 7,4% en octobre. La hausse des tarifs des services a faibli, à 4% (-0,6 point), comme celle des biens industriels, à 2,9% (-0,6 point). Quant à la chute des tarifs de l'énergie, constatée ces derniers mois, elle s'est même accentuée : ces derniers ont baissé de 11,5% en novembre sur un an, après 11,2% en octobre.

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Vers un maintien des taux à leur niveau actuel ?

De quoi convaincre la BCE de maintenir ses taux au niveau actuel, sans ordonner de nouvelle hausse ? Le chiffre publié ce jeudi pourrait même augmenter la probabilité d'une première baisse des taux en 2024, sur laquelle spéculent les marchés. « La baisse plus importante que prévu de l'inflation en novembre fait qu'il devient de plus en plus intenable pour les dirigeants (de la BCE) de prétendre qu'ils n'envisagent même pas de réduire les taux », a commenté Andrew Kenningham, économiste de Capital Economics. Il table désormais sur une première baisse en juin prochain, plutôt qu'en septembre. « Les signes se multiplient d'une victoire imminente sur l'inflation pour la BCE. Quand osera-t-elle l'admettre elle-même? », s'interroge Bert Colijn, économiste de la banque ING, qui anticipe « une première baisse des taux avant l'été ».

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Pour rappel, l'institution a opté pour une pause dans son resserrement monétaire début en juillet 2022 pour lutter contre l'inflation, et, lors de sa dernière réunion d'octobre, a décidé de maintenir ses taux au même niveau, à savoir 4% pour le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro.

Ralentissement de la croissance

Un essoufflement dans la politique menée depuis près d'un an et demi qui s'explique, d'une part, par le ralentissement de l'inflation et, d'autre part, par l'affaiblissement de la croissance économique et le ralentissement du marché du travail qu'il provoque. Ainsi, selon un rapport trimestriel de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) paru en septembre, la croissance est attendue à 0,6% pour cette année au sein de la zone euro, soit un recul de 0,3 point par rapport à juin, plombée par l'Allemagne qui pourrait tomber en récession et l'Italie dont la prévision est amputée de 0,4 point, à 0,8%.

Pour autant, malgré l'impact sur la croissance, la BCE redoute une nouvelle flambée des prix de l'énergie sur fond de tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient. Elle s'inquiète aussi des hausses de salaires qui pourraient également alimenter un rebond des prix. Et le marché du travail reste tendu en Europe. Eurostat a annoncé jeudi un taux de chômage stable en octobre, à son plus bas niveau historique de 6,5% de la population active. « Il n'est pas encore temps de crier victoire » quant à la lutte contre l'inflation, a d'ailleurs averti la présidente de la BCE, Christine Lagarde, la semaine dernière.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 30/11/2023 à 18:53
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Je pense plutôt qu'ils incitent/forcent à une baisse des taux. Et cette baisse de l'inflation n'est elle pas due tout simplement à un pouvoir d'achat et donc une consommation en berne imposant aux producteurs de serrer leurs marges ?

à écrit le 30/11/2023 à 18:17
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Bonjour, ons fait vraiment dire au chiffre n'importe quoi... L'alimentation a bien augmenter de 25% cette année, alors que les salaires n'ons pratiquement pas augmenter... (Pour ma part , une hausse de 21 centimes de l'heure de travail sur s'est deu...

à écrit le 30/11/2023 à 17:29
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"La tâche principale de l'institution monétaire est d'assurer la stabilité des prix ..." J'entends le message, je manque de croyance seule La BCE devrait être indépendante de la politique basée sur le modèle de la Deutsche Bundesbank et, en particu...

le 30/11/2023 à 17:50
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L'inflation aux USA était aussi du à la BCE ????

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