Serait-ce la fin des taux élevés ? C'est du moins ce que semblent penser certains cambistes alors que la prochaine réunion de la Banque centrale américaine (Fed) doit se tenir les 12 et 13 décembre et qu'un maintien des taux dans leur fourchette actuelle de 5,25 à 5,50% est majoritairement attendu par les acteurs du marché, selon les estimations de CME Group.
Pour autant, ces cambistes estiment que la Fed pourrait baisser ses taux dès le mois de mai. Une idée encouragée par les propos de l'un des gouverneurs de l'institution financière. Lors d'une allocution à Washington, Christopher Waller s'est, en effet, dit « de plus en plus confiant dans le fait que la politique monétaire est bien positionnée pour ralentir l'économie et ramener l'inflation à 2% » par an. Pour rappel, l'indice CPI publié plus tôt dans le mois, avait fait état d'une forte baisse de l'inflation le mois dernier, à 3,2% sur un an. La mesure d'inflation privilégiée par la Fed, l'indice PCE, sera, elle, publiée jeudi pour le mois d'octobre.
Le billet vert passe sous les 1,10 dollar pour un euro
Suite à ces propos, le dollar a brièvement franchi, mardi 28 novembre, le seuil symbolique de 1,10 dollar pour un euro. En effet, vers 20h15 GMT (21h15, heure de Paris), le billet vert abandonnait 0,24% face à la monnaie unique, à 1,0981 dollar pour un euro. Plus tôt, il était descendu jusqu'à 1,1009 dollar, pour la première fois depuis début août. Le « greenback », l'un des surnoms du dollar, se repliait aussi nettement face à la devise japonaise (-0,80%), à 147,50 yens pour un dollar.
« Le grand catalyseur (de cette baisse) a été les déclarations de membres de la Fed et, pour moi, le gouverneur (Christopher) Waller est sorti du lot », a ainsi expliqué Matthew Weller, analyste de Forex.com. Or, le gouverneur Waller « est généralement plutôt du côté offensif » de la politique monétaire, un faucon, selon l'expression consacrée, partisan d'une ligne dure, a-t-il rappelé.
Le satisfecit qu'a délivré l'économiste de formation à la politique monétaire de la Fed a fait impression. « Les opérateurs se font de plus en plus à l'idée que la Fed va dans le sens du marché et qu'on pourrait voir des baisses de taux dès le premier semestre » de l'année prochaine, a encore estimé l'analyste. Les intervenants attribuent désormais une probabilité de 65% au scénario incluant au moins une réduction du taux directeur dès mai, contre 41% seulement il y a un mois.
En outre, dans la foulée de l'intervention de Christopher Waller, les taux obligataires américains se sont brutalement détendus. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans est tombé à son plus bas niveau depuis deux mois, à 4,33%.
D'autant que l'analyste de Forex.com n'est pas le seul à partager ce point de vue. « On s'oriente vers des baisses de taux plus tôt que prévu », ont abondé, dans une note, les économistes de Wells Fargo.
Une gouverneure estime qu'il sera sans doute nécessaire de relever encore les taux
Pour autant, si « depuis le début du quatrième trimestre, la thèse dominante est celle d'une économie américaine qui tourne mieux que le reste du monde », ce qui soutenait le billet vert, a ajouté Matthew Weller, « dans le monde actuel, aucune économie ne peut surpasser ses rivaux indéfiniment », a-t-il tempéré. Les récents indicateurs américains témoignent ainsi d'un ralentissement de plus en plus prononcé aux Etats-Unis. « Donc je pense qu'on s'est emballé », a avancé l'analyste.
Sans compter que, si Christopher Waller s'est montré optimiste, la gouverneure, Michelle Bowman, a, elle, estimé qu'il serait sans doute nécessaire de relever encore les taux pour ramener l'inflation dans les clous aux Etats-Unis. « Mes prévisions économiques prévoient toujours de devoir relever davantage les taux pour maintenir une politique suffisamment restrictive afin de ramener l'inflation à notre objectif de 2% en temps voulu », a-t-elle déclaré lors d'une conférence à Salt Lake City (Utah) ce mardi.
Elle a salué « des progrès significatifs dans la réduction de l'inflation, sans pour autant nuire à la solidité du marché du travail ni de l'activité économique », tout en relevant des « incertitudes entourant (ses) prévisions économiques, qui influenceront (sa) vision de la politique monétaire appropriée à l'avenir ».
« Nous ne connaissons pas encore toute l'étendue des effets du resserrement de la politique monétaire et des conditions financières sur l'activité économique et l'inflation », a encore indiqué Michelle Bowman.
(Avec AFP)