Malgré l'arrêt de Nord Stream, l'Europe se dit prête à résister à une coupure totale du gaz russe

Grâce au stockage et aux mesures d'économie d'énergie, l'Union européenne assure être « bien préparée » en cas d'arrêt total des livraisons de gaz russe. Gazprom, le géant russe gazier, a annoncé vendredi l'arrêt complet du gazoduc Nord Stream 1, vital pour les livraisons de gaz en Europe, jusqu'à la réparation d'une turbine. Le géant russe a toutefois indiqué qu'il allait livrer 42,7 millions de mètres cubes de gaz à l'Europe via l'Ukraine. Mais ces volumes ne compenseront pas ceux qui étaient attendus via Nord Stream 1.
Vendredi, la Russie a annoncé que le gazoduc Nord Stream 1 ne redémarrerait pas comme prévu ce samedi.
Vendredi, la Russie a annoncé que le gazoduc Nord Stream 1 ne redémarrerait pas comme prévu ce samedi. (Crédits : DADO RUVIC)

Malgré l'arrêt total du gazoduc Nord Stream 1, vital pour les livraisons de gaz en Europe, le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni a assuré samedi que l'Union européenne était « bien préparée » en cas d'arrêt total des livraisons de gaz russe, grâce au stockage et aux mesures d'économie d'énergie. « Nous n'avons pas peur des décisions de Poutine, nous demandons aux Russes de respecter les contrats, mais s'ils ne le font pas, nous sommes prêts à réagir », a-t-il souligné.

Dans l'Union européenne, « le stockage de gaz est actuellement à environ 80%, grâce à la diversification des fournitures », même si la situation diverge d'un pays à l'autre, a indiqué indiqué le responsable européen. L'Allemagne, pays particulièrement dépendant de la Russie, a elle aussi indiqué vendredi que ses approvisionnements en gaz étaient assurés. « La situation sur le marché du gaz est tendue, mais la sécurité de l'approvisionnement est garantie », a affirmé une porte-parole du ministère allemand de l'Économie dans un communiqué, fustigeant « le manque de fiabilité de la Russie au cours des dernières semaines ».

Des livraisons de gaz via l'Ukraine

Quelques heures après avoir annoncé que les livraisons vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1 ne reprendraient pas comme prévu, le géant gazier russe Gazprom a annoncé qu'il allait livrer samedi 42,7 millions de mètres cubes de gaz à l'Europe via l'Ukraine. Le débit au point d'entrée de Soudja, à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, était légèrement supérieur à son niveau de vendredi, mais pas suffisant pour compenser les volumes qui étaient attendus via Nord Stream 1.

Vendredi soir, Gazprom a justifié l'arrêt complet du gazoduc Nord Stream 1, qui passe sous la mer Baltique pour relier la Russie à l'Allemagne et à d'autres pays d'Europe occidentale, en raison d'une fuite d'huile détectée dans une turbine de ce pipeline au cours des opérations de maintenance des derniers jours, dans une station de compression située en Russie. « Jusqu'à la réparation (...) le transport du gaz via Nord Stream est complètement suspendu », a indiqué le groupe, sans préciser combien de temps pouvait durer cette réparation.

Arrêt injustifié selon Siemens

Le groupe allemand Siemens, qui assure habituellement des opérations de maintenance sur les turbines de Nord Stream 1, mais n'a pas été associé cette fois aux travaux menés par Gazprom, a estimé pour sa part que la fuite signalée par le groupe russe ne justifiait en rien l'arrêt du gazoduc. « En tant que fabricant de turbines, nous pouvons affirmer qu'une telle constatation ne constitue pas une raison technique pour arrêter les opérations », a déclaré Siemens Energy dans un communiqué, précisant que par le passé l'apparition « de ce type de fuite n'a pas entraîné l'arrêt des opérations ».

De quoi mettre à rude épreuve les nerfs des Européens, engagés dans une course contre la montre pour éviter une crise énergétique cet hiver. Très dépendants du gaz russe, ils accusent depuis plusieurs semaines le Kremlin de s'en servir comme d'un moyen de pression, ce que réfute Moscou.

Un plafonnement du prix du gaz ?

Plus tôt vendredi dans la journée, le Kremlin avait affirmé que le fonctionnement du gazoduc Nord Stream était « menacé » par une pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions visant Moscou pour son offensive en Ukraine. La Russie affirme notamment que les sanctions empêchent la restitution d'une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour être réparée. L'Allemagne, où se trouve la turbine, assure au contraire que c'est Moscou qui bloque le retour de cette pièce-clé.

En coupant Nord Stream, Moscou réagissait ainsi vraisemblablement à la décision annoncée vendredi par les pays du G7 de viser la manne énergétique de la Russie en convenant de plafonner le prix de son pétrole. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait estimé vendredi qu' « il serait temps » de mettre en place un plafonnement du prix du gaz importé par gazoduc depuis la Russie, appuyant ainsi une mesure prônée par le Premier ministre italien Mario Draghi.

(Avec Reuters et AFP)

Commentaires 8
à écrit le 05/09/2022 à 17:08
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L'UE, spécialiste des rodomontades en série!

à écrit le 04/09/2022 à 23:22
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Manifestement les dirigeants européons ne connaissent pas les règles du jeu d'échec et s'imaginent jouer un poker menteur avec Poutine...

à écrit le 04/09/2022 à 14:53
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L’UE doit maintenant considérer la livraison de gaz russe, si il y en a, comme un bonus dans ses approches et pas plus………

le 07/09/2022 à 2:21
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Oui c'est exactement le but en faite ozarmes ;) même si je pense perso que l'Europe et la Russie ont + a gagner a travailler ensemble qu'avec les USA

à écrit le 04/09/2022 à 8:19
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qu' « il serait temps » de mettre en place un plafonnement du prix du gaz importé par gazoduc depuis la Russie » C’est pas Ursula qui va fixer les prix d’achat du gaz russe. Les sanctions économiques sur le gaz ne pénalisent que les européens.

le 05/09/2022 à 17:11
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En effet c'est le vendeur qui fixe le prix et le client achète ou bien va voir ailleurs s'il trouve le même article! Dans le cas présent, ailleurs s'il y a bien l'article il est en nombre limité et donc il n'y en aura pas assez pour tout le monde!

à écrit le 03/09/2022 à 19:17
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L'histoire retient, dans le même genre de péroraison douteuse, "...la route du fer est bloquée, mais nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts...". Et ensuite, on a vite capitulé et été occupés...

à écrit le 03/09/2022 à 12:29
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Certes il faut sécuriser les appros en gaz, MAIS dans ce contexte il est aussi facilement oublié que le gaz ça pollue et participe au réchauffement climatique. Investir dans des matériels gaziers qui seront obsolètes dans quelques années n'est pas ...

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