
Le premier tour des élections régionales qui s'est tenu dimanche 20 juin a été marqué par un taux d'abstention record, le plus élevé à une élection de la Ve République, hors référendum, que les sondages n'avaient pas prévu. Il s'est établi autour de 68%, du jamais vu depuis les premières élections régionales en 1986. Le précédent record de 50,09% datait du scrutin de 2010.
Il reste encore difficile à expliquer ce phénomène, qui résulte probablement de différentes attitudes : désintérêt massif des 18-24 ans, contexte de sortie de crise sanitaire peu favorable au vote, hyper-nationalisation du scrutin, considéré comme étape intermédiaire avant les présidentielles, manque d'appétence des électeurs et d'une large partie de la presse pour les dossiers de fond, enfin, paradoxalement, une forme de conservatisme pour laisser reconduire l'exécutif sortant, la plupart ayant bien géré la crise sanitaire.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a jugé cette faible participation "particulièrement préoccupante". "Notre travail collectif doit être tourné vers la mobilisation des Français pour le second tour ", a-t-il écrit sur Twitter.
Mais il est difficilement concevable qu'en à peine quelques jours, la tendance s'inverse fortement, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nombre d'électeurs considérant - à tort ou à raison - que l'ensemble de l'offre politique proposée ne leur convient pas.
Ce taux record d'abstention aura aussi déjoué les projections des sondages. Le Rassemblement national qui paraissait en mesure de pouvoir gagner des régions en est loin. Crédité de moins de 20% au niveau national, le parti d'extrême droite est en net recul par rapport à 2015, où il avait recueilli au total 27,7% des suffrages au premier tour.
Preuve de cette contre-performance, la présidente du RN, Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle de 2022, a appelé sur un ton inhabituellement agressif ses électeurs au "sursaut" afin de "redresser ce résultat du premier tour".
Si donc la droite (Les Républicains et divers droite) arrive largement en tête avec 27 à 29% des voix, contre 19% au RN, 16,5% à 17,6% au Parti socialiste, 12,5 à 13,2% à Europe-Ecologie Les Verts. Le grand perdant est le parti présidentiel qui avec 10,9% à 11,2% à La République en marche (LaRem), selon les instituts Elabe et Ipsos-Sopra Steria n'arrive pas vraiment à peser sur ce scrutin, réalisant un score anormalement bas pour un parti au pouvoir. Loin d'avoir réalisé un rapprochement avec LR, comme le prévoyait le Premier ministre avec la fusion des deux listes en Région Sud, laRem est distancée par LR. Et c'est opération ratée qui s'était soldée par la disparition pure et simple de la liste LaRem sonne comme un avertissement pour Emmanuel Macron à moins d'un an de la présidentielle
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