Exportation : la Franche-Comté, une exception française

L'excédent commercial de la Franche-Comté dénote au regard du déficit de la balance commerciale française. La région dégage un solde positif d'environ 4 milliards d'euros par an. Notamment grâce à ses PME innovantes.
Copyright Reuters

Alors que la balance commerciale de la France reste déficitaire, la région Franche-Comté fait figure de curiosité,  avec un excédent commercial, qui atteint plus de quatre milliards par an. En 2011, son chiffre d'affaires à l'international a atteint 11,2 milliards d'euros, soit 7,2% de plus qu'en 2010.

La croissance n'est pas tirée par les seules grandes entreprises (comme PSA ou General Electric). Quelques 40 % du chiffre d'affaires à l'international sont réalisés par les TPE et par les PME, dans des secteurs d'excellence : l'horlogerie, la lunetterie, le jouet ou encore l'emboutissage.

Dans cette région, 24 % de la population active occupe un emploi dans l'industrie, démontrant par là qu'il y a de la place pour un savoir-faire "Made in France". La formation initiale est d'ailleurs fortement empreinte de cette culture industrielle. Pour exemple, l'université de technologie de Belfort-Montbéliard, spécialisée dans les transports et dans l'énergie, forme chaque année 2.500 futurs ingénieurs.

 

Des secteurs d'activité traditionnels revisités grâce à l'innovation

 

Entreprise leader en France sur le marché culinaire haut de gamme, Cristel fabrique l'ensemble de ses produits (un millier de références) à Fesches-le-Châtel. La PME (100 personnes) réalise un chiffre d'affaires annuel de 12 millions d'euros, dont près de 25 % à l'export. Une part appelée à croître fortement avec l'ouverture, le 6 septembre dernier, d'une filiale aux Etats-Unis.

Cristel s'appuie sur les grandes magasins, les boutiques de détail et les « cook shops » pour commercialiser des matériels de cuisson qui, pour être utilisés au maximum de leur capacité, « doivent être vendus avec les conseils qu'ils méritent - ce qui exclut du cercle des distributeurs les grandes surfaces », indique la co-présidente, Bernadette Dodane.

Cristel propose de fait des produits à haute valeur ajoutée, fonctionnels et esthétiques, grâce à un effort en R&D qui représente deux millions d'euros d'investissements chaque année. L'entreprise a ainsi inventé, en 1986, le concept de « cuisson service »: des appareils de cuisson qui, une fois les anses ou les poignées retirées, peuvent passer directement à table. Elle a également développé, dès 1987, la première gamme inox compatible avec l'induction.

 

Savoir défendre ses secrets de fabrication

 

Comme Cristel, VMC Pêche, le leader mondial de l'hameçon (150 salariés à Morvillars), fait le pari d'une production 100 % française, seule garante d'une qualité constante et d'un secret de fabrication bien gardé. L'entreprise possède des machines automatiques uniques au monde, conçues en interne, que les visiteurs ne sont pas autorisés à voir.

« Notre principal concurrent, le norvégien Mustad, a délocalisé une partie de sa production à Singapour, dans les années 80, puis en Chine, explique le PDG, Stanislas de Castelnau. Aujourd'hui, l'entreprise est en proie à de graves difficultés, ce qui nous conforte dans notre stratégie du Made in France ». VMC Pêche produit chaque année 350 millions d'hameçons, dont 80 % pour l'export, grâce à une adaptation aux techniques de pêche sur les marchés visés (plus de 70 aujourd'hui). Au total, elle dispose d'un catalogue de plus de... 10.000 références.

L'adaptation aux marchés, c'est un leitmotiv pour l'ensemble des entreprises exportatrices. Alstom Transports, n°1 mondial des trains à grande vitesse (5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires), a désigné les sites de production franc-comtois, à Belfort et à Ornans (1.060 salariés), « centres d'excellence mondiale » pour les motrices et les moteurs des trains. C'est un point clé dans le développement de l'entreprise : « toute la R&D est faite à Belfort », rappelle le directeur de la communication, Fabien Lamy. Dans les usines à Belfort, l'installation des nouvelles lignes est en cours, pour répondre à la dernière grande commande signée (290 locomotives pour le Kazakhstan). Un nouveau défi technologique qui nécessite de concevoir un matériel capable de rouler à des températures extrêmes.

Le Japon : un marché à prendre avec des pincettes
Il y a quelques années, Cristel réalisait 18 % de son chiffre d'affaires au Japon. Aujourd'hui, cette part a reculé, pour passer sous la barre des 10 %. Le tsunami n'est pas la seule explication à la chute de son chiffre d'affaires au pays du Soleil levant. Cristel a été victime d'un marché parallèle, très organisé au Japon (pour les produits de luxe), qui lui a valu de retrouver ses ustensiles « bradés » dans les grandes surfaces. Dix-huit mois d'enquête auront été nécessaire pour que l'entreprise neutralise les fournisseurs. Cristel n'est pas la seule victime de ce type de pratiques. La marque Vuitton a connu la même mésaventure, qui l'a contrainte à racheter tous ses sacs vendus dans des grandes surfaces. Très peu chic...

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 30/03/2012 à 13:24
Signaler
Bonjour, Dans ce contexte, c'est la raison pour laquelle, afin de contribuer à surmonter les principaux freins à l?export que sont : - la peur du risque et de l?inconnu ; - la méconnaissance des mécanismes et de la démarche d?exportation ; - l?ab...

à écrit le 23/03/2012 à 14:39
Signaler
Il y a la saucisse de Morteau aussi qui dope les exportations...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.