Pourquoi les investisseurs raffolent des biotechs

En cinq ans, le fonds Innobio, géré par Bpifrance, a investi un total de 95 millions d’euros dans 16 start-up françaises du secteur de la santé. Six d’entre elles font partie de la déferlante d’introductions en Bourse qui a lieu à Paris, dans le secteur, depuis le début de l’année.
Christine Lejoux
Depuis le début de l'année 2014, une quinzaine de biotechs se sont introduites à la Bourse de Paris, contre sept seulement en 2013. REUTERS.

Les biotechs françaises attirent à nouveau les capitaux. En cinq ans, le fonds de capital-risque Innobio a investi un total de 95 millions d'euros dans 16 start-up du secteur de la santé, selon un bilan dressé le 29 septembre par Bpifrance (la Banque publique d'investissement). Et six de ces jeunes pousses ont déjà trouvé en Bourse les financements qui leur permettront de développer plus avant les études cliniques préalables à la demande d'autorisation de commercialisation de leurs découvertes : Genticel, spécialisée dans les vaccins thérapeutiques, Supersonic Imagine, axée sur l'imagerie médicale, ou encore TxCell, qui travaille sur l'immunothérapie cellulaire, ont fait leurs premiers à la Bourse de Paris, cette année.

 Une année qui constituera un record, avec, pour l'heure, une quinzaine d'introductions en Bourse dans le secteur des biotechs sur le marché parisien, contre sept seulement en 2013. Ces start-up ont profité d'un vent favorable, l'indice Next Biotech, qui comprend 25 valeurs spécialisées dans la recherche et la technologie médicales, ayant grimpé de 39% depuis le début de l'année, quand le CAC 40 - l'indice phare de la Bourse de Paris - progresse de moins de 2%. Certaines valeurs affichent même des performances spectaculaires, comme Genfit, dont le cours de Bourse a bondi de 315% depuis janvier, Cellectis (+365%) et DBV Technologies (+241%).

 Un secteur qui a acquis de la maturité

 Mais pourquoi les investisseurs se passionnent-ils à nouveau pour les biotechs, dont ils s'étaient détournés depuis la crise financière de 2008 ? Certes, ces jeunes pousses peuvent rafler le jackpot si leur innovation passe l'épreuve des tests cliniques et de l'autorisation de mise sur le marché. Mais cette heureuse issue n'est pas monnaie courante : un produit en phase 1 de test n'a qu'une chance sur dix, en moyenne, d'être commercialisé. Et, en attendant, ces PME innovantes perdent de l'argent, en raison de leurs lourdes dépenses en recherche et développement, couplées à l'absence de chiffre d'affaires.

Reste que le secteur français des biotechs a beaucoup évolué ces dernières années, l'arrivée de certains produits à un stade avancé de développement lui conférant une maturité certaine.

"De nombreux petits porteurs et fonds d'investissement français viennent de prendre conscience que nos sociétés innovantes en santé bénéficient d'une réputation internationale de sérieux et d'une notoriété grandissante",

se félicitait ainsi Pierre-Olivier Goineau, président de France Biotech, l'association des entrepreneurs des sciences de la vie, dans une tribune publiée le 14 juin dans le magazine Investir.

 L'effet de levier de Bpifrance

Cette réputation internationale et cette notoriété grandissante, les start-up de la santé les doivent notamment aux investisseurs américains. Ces derniers, entrés au capital de DBV Technologies, Innate Pharma ou encore Cellectis, portent une attention croissante au secteur français des biotechs, celui-ci demeurant deux à trois fois mon cher qu'aux États-Unis. Autre acteur dont la présence au capital d'une biotech constitue un gage de sérieux pour les autres investisseurs : Bpifrance. "Nous avons un effet de levier de 5 environ", indique Laurent Arthaud, directeur du pôle investissements en sciences de la vie et écotechnologies de Bpifrance. Concrètement, les 95 millions d'euros investis par le fonds Innobio dans 16 start-up de la santé ont permis à celles-ci de lever 448 millions d'euros, au total, "la présence de Bpifrance comme actionnaire ayant un effet d'entraînement sur les autres investisseurs", précise Laurent Arthaud.

Enfin, la tendance croissante des grands laboratoires pharmaceutiques à racheter de jeunes sociétés de biotechnologies pour disposer de relais de croissance, face à la déferlante des médicaments génériques, ajoute à l'attrait spéculatif du secteur, en Bourse. Une bulle n'est-elle d'ailleurs pas en train de se constituer ? Aux États-Unis, où l'indice Nasdaq Biotech grimpe de 22% depuis janvier, après s'être envolé de 83% en 2013, Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale américaine, avait tiré la sonnette d'alarme sur la valorisation du secteur, en juillet. Mais, pour Evan Bauman, gérant du fonds Clearbridge chez Legg Mason, "le secteur de la biotechnologie n'en est qu'aux toutes premières étapes de sa croissance et continue d'offrir des opportunités d'investissement intéressantes."

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 02/10/2014 à 12:01
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C'est parce qu'ils sont tous des Verts.

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