Anytime, l’autre néobanque pour les pro et PME

Créée en 2012, la startup belge, qui n'est présente que sur le marché français, a plusieurs fois changé de modèle avant de cibler le segment des professionnels et PME. Elle compte aujourd'hui environ 50.000 utilisateurs et espère enregistrer 1.000 à 1.500 nouvelles ouvertures de comptes chaque mois. Elle prévoit de se développer en Europe de l'est, notamment en marque blanche.
Juliette Raynal
Anytime table sur une croissance de 1.000 à 1.500 ouvertures de comptes par mois.
Anytime table sur une croissance de 1.000 à 1.500 ouvertures de comptes par mois. (Crédits : Anytime)

Sur le marché tricolore, de plus en plus encombré, des néobanques pour les professionnels indépendants et PME il y a : Qonto, Shine, Manager.one, bientôt Mango Bank, mais aussi Anytime, une startup belge créée en 2012 par Damien Dupouy et Thierry Peyre après la revente au groupe HiMedia de leur première société Mobiletrend, spécialisée dans le micropaiement par sms.

Moins médiatisée que ses concurrents, Anytime a changé plusieurs fois de modèle avant de s'attaquer au segment des professionnels. « Au départ, nous nous étions focalisés sur une solution dématérialisée d'argent de poche pour les adolescents. Mais dans un souci de rentabilité, nous avons abandonné cette voie. Nous avons ensuite lancé une offre dédiée au grand public, mais il nous semblait également difficile d'atteindre l'équilibre sans faire du crédit. Au même moment, nous étions alors en 2015, de plus en plus de professionnels indépendants commençaient à nous solliciter », raconte Damien Dupouy.

Lire aussi : Les néobanques font la cour aux PME

Le marché des professionnels et PME est intéressant à plusieurs titres : la France compte 3,8 millions de PME, microentreprises incluses, et il s'agit d'un secteur en croissance (67.115 entreprises ont été immatriculées en janvier 2019, un record depuis le début des années 2000 selon les données de l'Insee). Par ailleurs le marché des pro apparaît plus lucratif que celui des particuliers, les premiers étant plus enclins à payer pour bénéficier de certaines fonctionnalités leur permettant de gagner en productivité. Le produit net bancaire (PNB, soit la valeur ajoutée créée par l'activité d'une banque) d'un client professionnel actif avoisinerait 2.500 euros, soit cinq fois le PNB moyen d'un particulier, selon une étude d'Exton Consulting.

Environ 50.000 utilisateurs

Consciente de ces opportunités de marché, Anytime propose depuis 2016 d'ouvrir un compte professionnel et un compte particulier en ligne en quelques minutes. Ces derniers sont couplés à trois cartes de paiement Mastercard ainsi qu'à une application mobile. Comme les autres offres, un série de fonctionnalités visent à faciliter la vie des indépendants et dirigeants d'entreprise autour de la gestion des notes de frais et de la comptabilité. Les clients peuvent également encaisser les chèques (dans une certaine limite), s'équiper de terminaux de paiement (moyennant des frais supplémentaires) ou encore de bénéficier d'un système d'encaissement en ligne. Le tout pour 9,50 euros par mois, ou 19,50 euros pour la formule premium qui permet d'accéder à un service client par téléphone et à des fonctionnalités étendues.

La Fintech revendique avoir passé le cap des 100.000 clients, dont 70% sont des professionnels indépendants et 30% des entreprises et associations, comme le cabinet de conseil Mazars et les fédérations françaises de judo et de natation. En réalité, 100.000 personnes ont au moins une fois utilisé, et donc payé, ses services mais toutes ne sont pas encore clientes. « Entre 40% et 50% de cette base sont aujourd'hui des clients actifs », reconnaît l'entrepreneur. Des chiffres qui positionneraient alors Anytime à peu près au même niveau que Qonto et Shine, qui revendiquent respectivement 40.000 et 30.000 utilisateurs.

Un partenariat avec Photomaton et bientôt avec les bureaux de tabac

La startup, qui emploie une quarantaine de salariés à Bruxelles dont près de la moitié est dédiée au service clients, a fait parler d'elle il y a quelques mois à l'occasion d'un partenariat avec Photomaton, en quête de diversification. Cette alliance donne la possibilité d'ouvrir un compte depuis une cabine photo. Un moyen pour la startup d'origine belge, mais uniquement présente sur le marché français, de gagner en notoriété et de capitaliser sur un réseau physique, comme l'a fait Nickel (1,2 million de clients) avec les bureaux de tabac.

Dans les faits, une très faible part des nouvelles ouvertures de compte s'effectue depuis ses cabines. « En moyenne, une dizaine d'ouvertures par mois s'effectuent depuis une cabine », indique Damien Dupouy. Malgré ces petits volumes, Anytime entend poursuivre ce partenariat, et même le renforcer en donnant, à la rentrée, la possibilité à ses clients d'obtenir une responsabilité civile depuis ces lieux physiques. Toujours dans une approche hybride, la Fintech belge compte permettre à ses utilisateurs de déposer des espèces dans les bureaux de tabac.

Anytime table sur une croissance de 1.000 à 1.500 ouvertures de comptes par mois. Elle entend s'attaquer au marché britannique en ciblant les entreprises françaises installées outre-Manche puis se lancer en Allemagne, en Italie et en Espagne. Anytime prévoit également de se positionner en Hongrie, en Bulgarie et en Pologne via le développement de néobanques en marque blanche pour le compte de grands groupes. « Nous en profiterons alors pour attaquer ces marchés avec notre propre marque. Cela nous permettra de partager les coûts », indique Damien Dupouy.

Pour financer cette internationalisation, elle prévoit de lever des fonds. Fin 2016, elle avait déjà bouclé un premier tour de table de 5 millions d'euros auprès de Seventure Partners (Natixis). Anytime ne communique pas sur le montant de son chiffre d'affaires mais précise être rentable depuis août dernier, un cas relativement rare dans l'univers des néobanques.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 03/04/2020 à 18:01
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ANYTIME Une catastrophe, ce n’est pas une banque, cette societe qui pretant ne pas appliquer de commissions de mouvements, mais c’est 0.2 % au dessus de 200000 euros de mouvements , LAMENTABLE … A EVITER

à écrit le 09/06/2019 à 11:17
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Pour une boite qui n'a plus de cash et qui essayait de se vendre, on se rassure comme on peut !

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