Scor vs Covéa : la Banque de France prône le dialogue pour sortir de l'impasse

L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) appelle le réassureur Scor et son premier actionnaire, le groupe mutualiste Covéa, à régler au plus vite à l'amiable le conflit qui les oppose depuis septembre, lorsque Covéa avait proposé une OPA fraîchement accueillie.
Delphine Cuny
Denis Kessler, le patron du réassureur français Scor.
Denis Kessler, le patron du réassureur français Scor. (Crédits : Andreas Meier)

Le conflit entre le réassureur Scor et son premier actionnaire, le groupe mutualiste Covéa (marques Maaf, MMA et GMF), qui a cherché à en prendre le contrôle en septembre dernier, a semble-t-il assez duré aux yeux du superviseur. L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR, adossée à la Banque de France) a indiqué ce mardi 28 mai que ces deux "acteurs de premier plan", n°4 mondial de la réassurance pour l'un et leader français de l'assurance dommages pour l'autre, devaient essayer de régler leur différend à l'amiable.

"Il nous paraît évidemment, comme autorité de contrôle prudentiel, préférable que ce conflit se règle par le dialogue et par un accord amiable", a déclaré Bernard Delas, le vice-président de l'ACPR, lors d'une conférence de presse sur le bilan d'activité de l'institution. "Personne n'a intérêt à ce que cette querelle s'éternise."

L'affaire a commencé le 4 septembre dernier, lorsque Covéa a révélé avoir proposé une OPA à 8 milliards d'euros en cash à Scor qui l'a refusée. Un projet considéré comme hostile par Scor, refusée à l'unanimité par son comité exécutif et son conseil d'administration, car "incompatible avec sa stratégie d'indépendance". Covéa, qui détient 8,2% du capital, a annoncé renoncer à son offre le 29 janvier.

Bataille judiciaire

Loin de s'apaiser, le conflit s'est transformé en bataille judiciaire. Scor a décidé de poursuivre pénalement le Pdg de Covéa, Thierry Derez, pour "abus de confiance", "violation grave de ses obligations légales et fiduciaires en tant qu'administrateur" de Scor et violation "du secret des affaires de Scor", ainsi que l'entreprise Covéa elle-même "pour recel d'abus de confiance". Scor a aussi attaqué au civil les banques Barclays et Rothschild, qui ont financé et conseillé Covéa dans sa tentative de rachat infructueuse.

Une première audience est prévue le 24 juin devant le tribunal correctionnel de Paris dans le cadre de cette procédure. Selon Le Monde, pour parvenir à une sortie de crise, les deux groupes ont mandaté des intermédiaires pour mener une médiation sous l'égide de l'ACPR. Scor a mandaté Augustin de Romanet, le Pdg d'ADP et administrateur référent du réassureur, tandis que Covéa a choisi l'avocat Antoine Gosset-Grainville, cofondateur du cabinet BDGS.

Le Pdg de Scor, Denis Kessler, fer de lance de l'opposition à Covéa, a été bousculé lors de la dernière assemblée général des actionnaires le 26 avril. Le fonds activiste Ciam a tenté de faire voter sa révocation. La résolution a été té rejetée à plus de 74%. En revanche, la résolution sur sa rémunération a été adoptée a été approuvée avec une faible majorité à 54,46%. Le gouverneur de la Banque de France et président de l'ACPR, François Villeroy de Galhau, a évoqué ce mardi lors de la conférence de presse, "l'importance de l'intelligence collective", estimant "c'est un cas où il serait souhaitable qu'elle s'applique".

Delphine Cuny

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