Scor poursuit en justice Covéa, Barclays et Rothschild

Le réassureur Scor a annoncé, ce mardi, poursuivre pénalement l'assureur mutualiste Covéa et son PDG Thierry Derez, ainsi qu'au civil les banques Barclays et Rothschild. Le titre de Scor a perdu près de 12% à la Bourse de Paris, ce mardi. En cause, l'annonce du désintérêt de l'assureur Covéa qui a indiqué qu'un "rapprochement" avec le groupe n'était plus une priorité.
Le groupe mutualiste Covéa a renonce à racheter Scor après des mois de tensions entre les deux entités.
Le groupe mutualiste Covéa a renonce à racheter Scor après des mois de tensions entre les deux entités. (Crédits : Charles Platiau)

Le torchon brûle entre Scor et Covéa. Le premier a annoncé, ce mardi qu'il poursuivait pénalement le second et son PDG Thierry Derez, ainsi qu'au civil les banques Barclays et Rothschild, qui ont respectivement financé et conseillé Covéa dans sa tentative infructueuse de rachat de Scor. Le réassureur explique dans un communiqué cette décision par "la gravité des faits et par la gravité des faits et preuves portés à la connaissance de Scor et de ses instances de gouvernance" concernant des "fautes commises au préjudice de Scor" dans le cadre de l'offre de rachat "non sollicité(e)" à l'initiative de Covéa en août 2018.

Dans le détail, le réassureur intente une action pénale devant le tribunal correctionnel de Paris contre M. Derez "pour abus de confiance" et contre Covéa "pour recel d'abus de confiance". Scor engage également des actions judiciaires en responsabilité civile contre Covéa et son PDG auprès du tribunal de commerce de Paris. Le réassureur poursuit ainsi M. Derez "pour violation grave de ses obligations légales et fiduciaires en tant qu'administrateur" de Scor et pour violation "du secret des affaires de Scor".

Abandon du projet de rachat

Scor engage également une action en responsabilité civile contre Rothschild en France et contre Barclays devant la Haute cour de justice de Londres "pour violation grave de la confidentialité et du secret des affaires de Scor", est-il précisé dans un communiqué. "Ces procédures ont pour objet de voir sanctionnées et réparées les fautes pénales et civiles alléguées ayant résulté, entre autres, du détournement, de la transmission et de l'usage illicites de documents et d'informations sensibles et strictement confidentiels de Scor dont bénéficiait M. Thierry Derez en sa qualité d'administrateur", défend Scor.

Enfin, le réassureur indique également saisir l'Autorité des marchés financiers (AMF) concernant l'annonce ce mardi de Covéa, via "un communiqué de presse pendant les heures de cotation", qu'il renonçait à son projet de rapprochement sans l'avoir préalablement informé de son "changement de position". Peu avant cette annonce, le groupe Covéa avait annoncé, ce mardi, qu'il abandonnait son projet de prise de contrôle du réassureur Scor. En effet, Covéa, qui regroupe les assureurs GMF, MAAF et MMA, a indiqué qu'un "rapprochement" avec le groupe français n'était plus une priorité alors qu'il souhaitait le racheter depuis la mi-2018.

Le titre Scor dévisse à la Bourse de Paris

Résultat : le titre Scor a plongé à la Bourse de Paris perdant de près de 12% (-11,41% à la clôture à 36,48 euros). La décision de Covéa intervient au terme d'une bataille de plusieurs mois émaillée d'échanges acrimonieux entre les deux entités. Plus précisément, Covéa a mis en avant, dans un communiqué laconique, "les attaques et manoeuvres hostiles et répétées dont la société a fait l'objet" et qui "se sont intensifiées ces derniers jours".  

De plus, "Covéa a constaté le refus de Scor d'engager tout dialogue en relation avec son projet de rapprochement amical proposé le 24 août 2018", poursuit l'assureur mutualiste. Pour sa part, Scor a "démenti l'affirmation de Covéa selon laquelle il aurait mené des attaques continues et des tactiques hostiles contre Covéa. Scor n'a fait aucune déclaration publique concernant Covéa et ses intentions depuis son communiqué du 13 novembre 2018", a expliqué l'entreprise.

De fait, avec cette baisse de quelque 12% sur le titre, "on revient au cours" qui était en vigueur avant l'annonce de l'intérêt de Covéa pour Scor en août 2018, selon Frédéric Rozier, gérant de portefeuille chez Mirabaud France. Ainsi le marché "gomme la prime de spéculation" apparue après l'annonce de ce possible rapprochement, a-t-il ajouté. Pour autant, il ne s'agit que d'un effet "à court terme" et qui "n'enlève rien à la qualité du titre", cette baisse du cours constituant au contraire une véritable "opportunité" d'achat, selon lui selon lui.

"Scor ne voyait aucune synergie entre un mutualiste et un réassureur"

"Le rendement de Scor, notamment de son portefeuille obligataire, est supérieur à ce qu'il était il y a un an" car ses fondamentaux "se sont considérablement améliorés", a souligné M. Rozier. "Nous sommes plutôt confiants sur la qualité du management et capacité du groupe à améliorer encore sa profitabilité", a-t-il complété. Covéa, poids lourd de l'assurance mutualiste en France, est actionnaire de Scor depuis 2003, et depuis 2016, il en est même le premier actionnaire avec un peu plus de 8%.

Lire aussi : Le réassureur Scor a refusé une offre d'achat de l'assureur Covéa

Début septembre, le réassureur Scor avait sèchement décliné sa proposition d'acquérir la totalité de son capital via une offre amicale de rachat brandissant une incompatibilité avec sa "stratégie d'indépendance". "Scor ne voyait aucune synergie entre un mutualiste et un réassureur", et avait mis en avant l'impact négatif d'un tel rapprochement sur sa notation financière, a rappelé M. Rozier. "On repart maintenant sur une autre histoire" avec "une meilleure visibilité", a-t-il conclu.

(Avec agences)

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