Où trouver du rendement à court terme ?

Gérer ses liquidités n'a jamais été aussi difficile. Entre des taux monétaires quasiment nuls et des titres de dette à court terme aux taux négatifs, la tâche des trésoriers d'entreprise est bien ardue. Les obligations "corporate" semblent aujourd'hui l'une des rares solutions pertinentes, tout comme l'arbitrage de titres de dette diversifiés.
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Gérer ses liquidités à court terme est devenu un véritable casse tête tant pour les particuliers que les sociétés et plus particulièrement les trésoriers d'entreprises. Quelle rémunération peuvent espérer aujourd'hui ces professionnels ? C'est bien là la question au moment où les taux au jour le jour n'ont jamais été aussi bas (l'EONIA se situe aux alentours de 0,1%), où les obligations court terme offrent des rendements nuls, voire négatifs pour certains pays comme l'Allemagne, la France ou les Etats-Unis. A tel point que ces mêmes trésoriers d'entreprise ont massivement décidé de sortir des traditionnels fonds monétaires qui ne rapportent plus rien. Résultat : 23% de la trésorerie globale des sociétés non financières du CAC 40 qui atteint un niveau quasiment record de 160 milliards d'euros actuellement est investie sur des supports non classifiés « trésorerie ». Poussant les responsables financiers de ces sociétés à trouver des solutions « sur mesure » avec leurs banquiers, lesquels acceptent bien souvent de mettre en place des comptes à terme rémunérés un peu plus généreusement que les fonds monétaires. L'occasion, pour eux, d'étoffer leurs dépôts à l'heure où les nouvelles normes prudentielles leur impose des ratios de liquidité toujours plus draconiens. Mais ces solutions sont loin d'être généralisées et concernent bien évidemment les plus grosses entreprises, les autres devant trouver d'autres alternatives.

Inversion de la hiérarchie des risques

Obtenir un rendement à court terme correct, on l'a compris donc, procède du parcours du combattant. D'où l'idée de certaines sociétés de gestion d'élaborer des produits « maison » alliant, rendement, liquidité et sécurité. Une triple équation assez difficile à paramétrer surtout dans l'optique d'une totale sécurité à court terme.
Clairement, un tel objectif ne peut passer qu'au travers l'arbitrage de différentes catégories d'obligations, sachant que la hiérarchie des risques s'est totalement inversée aujourd'hui, les obligations d'Etat n'étant plus jugées les plus sûres, mais au contraire les plus risquées et les obligations corporate ayant, au contraire, accédé aux premières marches des placements sécurisés. « Pour construire un produit sûr et performant, il ne faut pas hésiter à mutualiser les risques en multipliant les moteurs de performance et les classes d'actifs obligataires en choisissant aussi bien des obligations privées que des obligations convertibles, ou haut rendement voire souveraines des pays émergeants », souligne Laurent Fabiani Lagarde gérant du fonds G Fund Alpha Fixed Income chez Groupama Asset Management. Des fonds qui privilégient les « papiers » à faible volatilité et un maximum de visibilité. Prudence qui a certes un prix puisque ce type d'investissement n'est pas supposé rapporter plus que l'Eonia + 150 points de base. Assurance dont s'accommodent pourtant bien volontiers nombre de trésoriers d'entreprise qui ne peuvent pas se permettre d'investir leur cash sur des produits risqués.

De beaux jours pour les émissions corporate

Les émissions obligataires de sociétés privées, dites corporate semblent donc avoir de beaux jours devant elles. Une aubaine pour les entreprises qui n'arrivaient plus à lever de capitaux via des émissions d'actions. Et ce, d'autant plus que ces mêmes sociétés émettent à des conditions particulièrement avantageuses pour elles, comme en témoigne le coupon de 2,75% proposé par la foncière Klépierre dans le cadre de son opération de 500 millions d'euros dévoilée hier. Une aubaine, également, pour les investisseurs en mal de placements sécurisés mieux rémunérés que les taux à court terme ou les produits de dette à un ou deux ans.

La crise de la zone euro est loin d'être résolue

Ce contexte de taux bas risque-t-il de durer encore longtemps ? Si l'on en croit l'analyse des gérants de Groupama AM, il semble que la crise de la zone euro soit loin d'être résolue, les Etats ne parvenant pas à se réformer. Ils anticipent même une aggravation de la situation alors qu'en parallèle ils jugent particulièrement pertinente l'adaptation des entreprises au contexte macro économique, la plupart d'entre elles ayant déjà réduit leur outil de production. « Il est clair que la récente décision de la BCE est un facteur de soutien à court terme pour les marchés. Je suis plus circonspect à moyen long terme car la situation risque de devenir intenable pour les Etats qui devront toutefois mettre en ?uvre des réformes structurelles qui paraîtront d'autant plus insupportables», estime Laurent Fabiani Lagarde. Les rendements à court terme ne sont pas prêts de redécoller.
 

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Commentaires 3
à écrit le 11/09/2012 à 19:50
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Alors comment peut t-on expliquer qu'une obligation 5,20% Du Crédit Agricole cote à 76% ?

à écrit le 11/09/2012 à 16:14
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Placez les sur Apple ou Iliad ;)

le 11/09/2012 à 17:15
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@Laurent: et pourquoi pas sur Orange et Odyssée :-) cela dit, je place mon argent en Russie à 5.75% pour mes dollars, 5.20% pour mes euros et 10% pour mes roubles. Le risque certains vont dire. Les comptes sont garantis par l'État jusqu'à hauteur de ...

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