Crédit Agricole ne financera plus de nouveaux projets d'extraction de pétrole dès 2025

La banque a annoncé une série de mesures en faveur du climat. Et, notamment, l'arrêt des financements de nouveaux projets d'extraction de pétrole. Une première dans le secteur bancaire français, saluée par les organisations écologistes, qui le demandent de longue date. Ces dernières considèrent que les banques soutiennent encore trop les secteurs pétroliers et gaziers, même si elles reconnaissent les efforts concernant le charbon.
Le groupe bancaire mutualiste a également pour ambition de réduire de 25% son exposition à l'extraction de pétrole d'ici à 2025 par rapport à 2020.
Le groupe bancaire mutualiste a également pour ambition de réduire de 25% son exposition à l'extraction de pétrole d'ici à 2025 par rapport à 2020. (Crédits : Reuters)

C'est un engagement réclamé depuis des années par les organisations écologistes et qui était resté lettre morte. Jusqu'à ce mardi 6 décembre où le Crédit Agricole a annoncé l'arrêt des financements de nouveaux projets d'extraction de pétrole. Le groupe bancaire mutualiste a également pour ambition de réduire de 25% son exposition à l'extraction de pétrole d'ici à 2025 par rapport à 2020. Ces mesures font partie de ses « objectifs sectoriels 2025 », ces derniers étant englobés dans sa stratégie pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Cette annonce a en tout cas été saluée par l'ONG Reclaim Finance.

« Crédit Agricole devient la première grande banque française à stopper tout soutien direct à de nouveaux champs pétroliers et annonce vouloir être plus sélectif et restrictif dans ses soutiens aux centrales à gaz. »

Seul regret de l'organisation écologiste, toutefois : que la banque « épargne le gaz ».

Objectif : neutralité carbone en 2050

D'ici à 2030, Crédit Agricole souhaite également réduire de 30% par rapport à 2020 les émissions de CO2 de ses clients dont les activités sont liées au pétrole et au gaz.

Concernant ses clients producteurs d'électricité, la banque ambitionne une diminution de -58% des émissions de CO2 par kilowattheure produit. La banque a aussi précisé ses objectifs pour l'automobile (-50% d'émissions de CO2 par kilomètre parcouru de ses clients et par voiture produite), l'immobilier commercial (-40% de CO2 émis par mètre carré par an) et pour le ciment (-20% de CO2 émis par tonne de ciment produite).

« Crédit Agricole dévoilera en 2023 les objectifs pour 5 autres secteurs (transport maritime, aviation, acier, immobilier résidentiel et agriculture). Ces engagements ambitieux couvrent 10 secteurs qui représentent plus de 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et environ 60% de l'exposition du groupe. Crédit Agricole s'est également engagé à réduire sa propre empreinte carbone directe de 50% d'ici à 2030 », fait savoir la banque dans un communiqué.

Un secteur pointé du doigt pour son soutien au pétrole et au gaz...

Les banques françaises ont été applaudies ces dernières années pour leur désengagement du charbon. Crédit Agricole par exemple doit l'arrêter en 2030 pour les pays de l'OCDE et en 2040 pour les autres.

Mais ces banques restent pointées du doigt par les ONG à cause de leur soutien au pétrole et au gaz.

Jusqu'à présent, les seules banques françaises ayant annoncé des politiques visant à exclure largement l'expansion des secteurs pétro-gaziers sont des banques ayant historiquement peu de lien avec ces industries. C'est le cas notamment de CNP Assurances ou Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Un point que leurs concurrentes ont souvent signalé pour justifier leurs moindres ambitions.

... BNP Paribas en tête

L'établissement bancaire le plus pointé du doigt par les ONG est BNP Paribas. Il a d'ailleurs été mis en demeure de cesser son soutien à l'expansion des énergies fossiles en octobre dernier par Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous.

Les associations estiment que, en étant le « premier financeur européen et le 5e mondial » pour le « développement » des énergies fossiles, la banque ne respecte pas son « devoir de vigilance ». Elles avancent la somme de « 55 milliards de dollars de financements accordés entre 2016 et 2021 » par BNP Paribas uniquement à de nouveaux projets pétroliers et gaziers.

De l'avis d'experts interrogés par l'AFP, les ONG « ont raison » sur le fond, même si la finance n'est « ni en avance, ni en retard par rapport à l'économie », soulignait alors Virginie Wauquiez et Laurent Morel, du cabinet de conseil Carbone 4, à la suite de la manifestation des Amis de la Terre et d'Alternatiba Paris qui, le jeudi 27 octobre 2022 avait perturbé le Climate Finance Day, au Palais Brongniart où la finance française se retrouvait pour évoquer la crise climatique.

Mais les organisations écologistes ne sont pas les seules à dénoncer le manque de prise de position des banques. En juillet dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a aussi demandé aux banques de la zone euro de renforcer « urgemment » la prise en compte des risques climatiques dans leur stratégie.

« Actuellement, les banques sont loin de respecter les bonnes pratiques », avait tancé la BCE.

Lire aussiClimat : « Il faudrait 12 milliards d'euros supplémentaires par an pour adapter nos villes » (Johanna Rolland, France Urbaine)

(Avec AFP)

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