Credit Suisse : le nouveau patron présente son remède de cheval pour redresser la barre

Le numéro deux du secteur bancaire helvétique a présenté, ce jeudi, le plan de son nouveau directeur général, Ulrich Köner, visant à redresser l'établissement, secoué par des scandales à répétition. Une nouvelle stratégie qui passe, notamment, par la suppression de 9.000 postes et une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses.
Au total, Credit suisse essuie une perte de 4 milliards de francs suisses au troisième trimestre 2022.
Au total, Credit suisse essuie une perte de 4 milliards de francs suisses au troisième trimestre 2022. (Crédits : Reuters)

Le nouveau patron de Credit Suisse, Ulrich Körner, a dévoilé ce jeudi le remède de cheval qu'il réserve à la deuxième banque du pays pour la remettre sur pied, après une longue série de scandales et de faux pas. Dans le cadre d'une transformation radicale de ses activités dans la banque d'investissement, ce plan passe notamment par des coupes dans les effectifs pour réduire les coûts de 15% d'ici à 2025. Comptant aujourd'hui 52.000 employés à temps plein, la banque a en effet annoncé la suppression de 9.000 postes d'ici à 2025, à la fois à travers des licenciements et des départs naturels. Une réduction de 2.700 postes est déjà en cours pour le quatrième trimestre. Pour financer la restructuration, Credit Suisse lancera par ailleurs une augmentation de capital d'environ 4 milliards de francs suisses (4 milliards d'euros) pour financer sa transformation après des scandales à répétition. La Banque nationale saoudienne va investir 1,5 milliard de francs dans cette augmentation de capital qui s'adressera à des investisseurs professionnels, portant sa participation dans la banque jusqu'à 9.9%, précise la banque dans un communiqué.

Contexte de marché peu porteur

 Le contexte de marché est toutefois peu porteur. Mardi, la grande rivale suisse UBS a comme les grandes banques d'affaires américaines fait état d'une baisse de ses revenus dans sa banque d'investissement. Au troisième trimestre, la forte volatilité des marchés depuis la guerre en Ukraine et les craintes de récession ont freiné la demande pour les opérations telles que les émissions d'emprunts, introductions en Bourse ou fusions et acquisitions.

« L'environnement économique qui se détériore rapidement et les récentes turbulences de marché pourraient compliquer la mise en œuvre des plans de restructuration de la direction », avait averti début octobre l'agence de notation Standard & Poor's.

 Scandales à répétition

Le plan présenté par Credit Suisse vise à redresser les comptes, alors que la banque a essuyé une perte de 4 milliards de francs suisses au troisième trimestre (contre un bénéfice de 434 millions l'an dernier). Mais aussi à mettre fin aux déboires de la banque suisse, secoué par des scandales à répétition. En mars 2021, Credit Suisse a été mis en difficulté par la faillite de la société financière Greensill, après y avoir engagé 10 milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, nouveau coup dur avec l'implosion Archegos qui a coûté à la banque quelque 5 milliards de dollars. La banque suisse a dû alors inscrire une charge de 4,4 milliards de francs suisses dans ses comptes pour couvrir les dégâts. En octobre 2021, Credit Suisse a par ailleurs été sommée de payer près de 475 millions de dollars aux autorités américaines et britanniques pour solder des poursuites liées à des emprunts au Mozambique pour défaut de contrôle interne. Puis, en juin 2022, l'établissement a été condamné en Suisse pour blanchiment d'argent aggravé.

Quant aux dirigeants de la banque, ils ont, eux aussi, été au coeur de plusieurs scandales. À commencer par l'ancien patron, Tidjane Thiam, qui a démissionné en 2019 suite à une rocambolesque histoire d'espionnage. Cet été, le président du Crédit Suisse, Antonio Horta-Osorio, a, lui, été forcé à la démission après avoir enfreint les règles sanitaires. À charge donc, désormais, pour le discret banquier germano-suisse Ulrich Körner, venu du concurrent UBS, de redresser la barre.

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L'annonce du plan d'Ulrich Körner, l'action Credit Suisse chutait de 7,26% dans les premiers échanges, ce jeudi, à 4,417 francs suisses.  Sa chute pesait sur le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en baisse de 0,34%. Début octobre, le titre avait touché un point bas historique à 3,158 francs suisses, soit moins que « le prix d'un café » avait fustigé le magazine suisse, l'Illustré, alors que de nombreux petits porteurs en Suisse détiennent des actions de la banque dans leurs portefeuilles.

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