Le gouvernement suisse donne un sérieux coup de frein aux bonus des dirigeants de Credit Suisse

Le département fédéral des finances a ordonné la suppression ou la réduction des rémunérations variables des 1.000 principaux cadres de Credit Suisse, sauvé en mars dernier d’un plan de sauvetage. Il a également demandé à UBS de revoir le mode de rémunération variable des cadres en charge de la vente des actifs de Credit Suisse afin de limiter au maximum les pertes.
Des cadres de la banque contestent également la décision du superviseur d'annuler une partie de la dette subordonnée.
Des cadres de la banque contestent également la décision du superviseur d'annuler une partie de la dette subordonnée. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

Les hauts dirigeants de la banque Credit Suisse, sauvée de la faillite le 19 mars dernier, sont dans le collimateur des autorités publiques. Il faut dire que le sauvetage de la banque, grâce à sa reprise dans de bonnes conditions par UBS, est mal passé auprès de l'opinion publique helvétique.

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Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le département fédéral des finances annule ou réduit les bonus des 1.000 premiers cadres de la banque. La règle est simple : les membres du directoire sont privés purement et simplement de rémunération variable au titre de 2022, alors que les cadres de l'échelon inférieur (N-1) voient leurs bonus réduit de 50% et ceux des cadres N-2 (deux échelons inférieurs au directoire) de 25 %.

50 à 60 millions d'euros en jeu

Une façon de rendre compte de « de façon différenciée (de) la responsabilité des cadres dans la situation du Credit Suisse », précise le communiqué. De 50 à 60 millions de francs suisses (50 à 60 millions d'euros) seraient en jeu, soit une goutte d'eau par rapport à l'océan des pertes : 1,3 milliard de francs suisses au premier trimestre 2023 après une perte de 7,3 milliards en 2022 (respectivement 1,3 milliard d'euros et 7,3 milliards d'euros).

En outre, « le Credit Suisse doit examiner la possibilité de récupérer les rémunérations déjà versées aux membres de la direction du groupe depuis 2019 » et rendre compte à ce sujet à la fois au superviseur des marchés financiers la FINMA, et au gouvernement. Le ministère des finances a également ordonné à UBS de réfléchir à un système de rémunération variable des cadres chargés de la vente des actifs de Credit Suisse afin de minimiser les pertes. Pour mémoire, UBS bénéficie d'une garantie publique sur pertes d'actifs d'un montant de 9 milliards de francs suisses (9 milliards d'euros).

230 recours devant les tribunaux

Ce communiqué intervient quelques heures à peine après que Credit Suisse ait renoncé à son recours à l'encontre de la décision de la FINMA de réduire à zéro la valeur des obligations AT1 de la banque. Une décision à 16 milliards de francs suisses au profit d'UBS, fortement contestée par les investisseurs car elle remet en cause la hiérarchie des créances, les pertes devant être d'abord absorbées par les actionnaires avant les porteurs d'obligations.

En revanche, quelque 230 recours ont été déposés par des investisseurs auprès du tribunal administratif fédéral. En tout, ce sont environ 2.500 investisseurs qui se sont regroupés pour attaquer la décision de la FINMA. Selon le Financial Times, plusieurs cadres du Credit Suisse ont également lancé une procédure contre le superviseur, au motif que la décision aurait fait perdre quelque 400 millions de dollars de bonus à des milliers de cadres de la banque. Une double punition en quelque sorte.

Annulation de dette controversée

Cette annulation de dette subordonnée a provoqué la stupéfaction des investisseurs et sans doute plongé le marché de la dette subordonnée AT1 (la plus risquée) dans une longue léthargie. Plus aucune banque ne se risque aujourd'hui à émettre de la dette AT1 en zone euro.

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Cela souligne, une fois de plus, la différence de perception des instruments financiers hybrides entre les régulateurs et les investisseurs : pour les premiers, une dette subordonnée AT1 est conçue pour amortir les pertes et éviter la faillite alors que pour les investisseurs, cela reste un placement à rendement sûr car émis par une banque (et donc sous le contrôle du régulateur). Pourtant, sur les marchés plus qu'ailleurs, un monde sans risque n'existe pas.

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Commentaires 3
à écrit le 25/05/2023 à 8:54
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Dossier sulfureux, spoliation des actionnaires et des porteurs d’obligation, avec un contournement de ce qui aurait du avoir lieu: une OPA en bonne et due forme..Tout cela au prétexte d’urgence alors que tout était dans les cartons depuis au moins s...

à écrit le 24/05/2023 à 20:57
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Vous voyez le scandale que cela ferait en FRANCE ? On dirait que cela va faire fuir les meilleurs cadres, etc etc... De véritables communistes ces Suisses....

le 25/05/2023 à 8:03
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C'est un cas exceptionnel, c'est pas tous les 4 matins qu'une banque est totalement à la ramasse cela peut même se traduire plus par une sanction pour incompétences. Ils ne pensent pas, ils comptent.

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