Société Générale : Slawomir Krupa ou le pari du retour à la profitabilité à tout prix

Cet ex-patron des activités de banque d'investissement succède officiellement à Frédéric Oudéa à l’issue de l’assemblée générale des actionnaires de la banque qui se tient ce mardi. Le nouveau directeur général doit relever de nombreux défis dans un univers instable, avec en priorité, celui de redresser la profitabilité de la banque et son cours de Bourse, à la traîne depuis des années. Une fragilité qui s’avère dangereuse pour la banque en cas de fortes turbulences sur les marchés.
Le nouveau directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, a opté pour un comité exécutif renouvelé et resserré.
Le nouveau directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, a opté pour un comité exécutif renouvelé et resserré. (Crédits : DR)

Une page se tourne à la Société Générale. L'assemblée générale des actionnaires de la banque a approuvé, ce mardi, à 98,74% des suffrages, la nomination de Slawomir Krupa, 49 ans, comme administrateur de la banque. Le conseil d'administration l'a ensuite nommé directeur général, confirmant ainsi son choix huit mois plus tôt. Le nouveau comité exécutif de 13 membres (dont 7 femmes) doit se réunir dès ce mercredi.

L'ex-patron des activités de banque d'investissement, qui a longtemps résidé aux Etats-Unis, succédera donc à Frédéric Oudéa qui met un terme, à son corps défendant, à quinze années de règne au sein de la banque, et autant d'années de tempêtes et de crises (affaire Kerviel, subprimes, éclatement de la zone euro, qui a bien failli emporter la banque, enquêtes multiples aux Etats-Unis, notamment pour violation des embargos, pertes sur les activités de dérivés, cession contrainte de la filiale russe...). Diriger la Société Générale n'a jamais été un long fleuve tranquille.

Un homme tranchant

A la surprise de bon nombre d'observateurs, le conseil d'administration de la banque avait préféré, en septembre dernier, la candidature, jugée atypique en France de Slawomir Krupa à celle de Sébastien Proto en charge de la fusion des réseaux d'agences en France, souvent présenté comme l'héritier présomptif. Ce dernier a d'ailleurs décidé de quitter la banque au mois de juin.

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Le nouveau directeur général a su démontrer au conseil (et aux actionnaires) que sa parfaite connaissance de tous les rouages de la banque -où il a fait la quasi-totalité de sa carrière- et sa capacité à prendre des décisions, parfois brutales comme la réorganisation à la hache de la banque d'investissement, seront des atouts décisifs pour affronter un avenir incertain et pour redresser durablement la profitabilité du groupe.

A court terme, cependant, sa mission sera d'assurer la bonne exécution des chantiers stratégiques en cours, à savoir le volet social des fermetures d'agences en France, et l'intégration de LeasePlan, leader européen du leasing automobile, la plus grosse acquisition jamais réalisée par le groupe (4,8 milliards d'euros), tout juste finalisée, et qui doit être absorbée par la filiale du groupe ALD.

Convaincre les investisseurs

A moyen et long terme, le défi de Slawomir Krupa sera autrement plus compliqué à relever : il s'agit en effet de réécrire une histoire pour la banque, une histoire qui arrive enfin à convaincre les investisseurs de son potentiel. Une histoire qui était d'ailleurs sans doute à réécrire depuis 1999, date à laquelle la banque a perdu son combat face à BNP pour le contrôle de Paribas. Et aujourd'hui, la comparaison entre les deux rivaux fait mal au siège de La Défense : la capitalisation de BNP Paribas (environ 70 milliards d'euros) est plus de trois fois et demie celle de Société Générale (19 milliards). Le constat est donc sans appel : les deux banques ne jouent plus sur le même ring.

Plus grave, la banque au logo rouge et noir figure parmi les banques européennes les moins bien valorisées, à peine 30% de son actif net, contre une moyenne européenne de 70%. Capable du meilleur, comme du pire, Société Générale n'a jamais su prouver qu'elle pouvait être capable de délivrer du profit de manière régulière et pérenne, comme BNP Paribas ou Crédit Agricole SA arrivent à le faire (quitte à faire oublier leurs propres déboires).

L'image de l'élève brillant mais incontrôlable colle toujours à la banque quand BNP Paribas parvient à imposer sa stature de premier de la classe sans le dire à personne. Cela se retrouve logiquement dans les cours de Bourse. Sur dix ans, BNP Paribas gagne près de 30% alors que le cours de Société générale perd 15%. Dividendes réinvestis, l'écart est encore plus béant.

Plan stratégique à l'automne

Certes, d'autres banques européennes ont également souffert sur la période, comme l'italienne UniCredit ou Deutsche Bank. Mais dans les périodes agitées, comme celle récente de la crise bancaire aux Etats-Unis ou la chute de Credit Suisse, ce sont toujours les maillons jugés faibles du secteur qui sont attaqués les premiers sur les marchés. Et Société Générale fait partie de ces maillons faibles, comme en témoigne la chute du titre en mars dernier. Une situation (qui a failli coûter cher à Deutsche Bank et qui a coûté très cher aux actionnaires de Credit Suisse) à laquelle le nouveau patron doit mettre un terme.

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Comment ? Slawomir Krupa doit présenter son plan stratégique en septembre prochain. Il va lui falloir trouver un équilibre entre la nécessité de booster la profitabilité de la banque sans prendre de risques excessifs, en particulier dans les activités de marchés.

Le dirigeant devrait profiter du rebond de la marge d'intérêt de la banque de détail en France à partir de 2024 mais il sera attendu sur ses ambitions en matière de banque d'investissement et de marché (BFI). Là où précisément la précédente équipe lui avait demandé de réduire la voilure et le profil de risque. Quitte à demander à une Ferrari de rouler comme une 2CV. Pourtant, aujourd'hui, la banque d'investissement est redevenue le moteur de la performance du groupe.

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Commentaire 1
à écrit le 14/09/2023 à 13:29
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