Société Générale dégage des bénéfices meilleurs que prévu malgré les turbulences bancaires

La banque a ainsi enregistré un bénéfice net en légère hausse de 5,7% sur un an et son résultat net dépasse les attentes des analystes. Son directeur général s'est ainsi félicité que de « ces performances commerciales et résultats solides » malgré « un environnement économique et financier qui demeure incertain et complexe » marqué par la faillite de plusieurs banques donc celle américaine, SVB.
Société Générale est la dernière grande banque française à publier ses résultats du premier trimestre.
Société Générale est la dernière grande banque française à publier ses résultats du premier trimestre. (Crédits : Reuters)

Pas d'alerte pour Société Générale qui est parvenue, au cours du premier trimestre, à compenser la petite forme du réseau de détail en France. Celle qui est la dernière grande banque française à publier ses résultats du premier trimestre, a ainsi enregistré un bénéfice net en légère hausse de 5,7% sur un an, à 868 millions d'euros entre janvier et mars, pour un produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires, de 6,67 milliards d'euros, en baisse de 5,3% sur un an, après retraitement des résultats 2022 selon la nouvelle norme comptable IFRS 17. En termes de bénéfice net, elle se positionne donc devant le groupe BPCE (533 millions d'euros) mais derrière Crédit Agricole (1,67 milliard d'euros) et surtout BNP Paribas (4,4 milliards d'euros). « Société Générale affiche à nouveau ce trimestre des performances commerciales et des résultats solides » malgré « un environnement économique et financier qui demeure incertain et complexe », s'est réjoui dans un communiqué son directeur général Frédéric Oudéa.

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En outre, le résultat net dépasse les attentes des analystes interrogés par le fournisseur de données Factset et l'agence financière Bloomberg, qui l'avaient estimé tous deux légèrement inférieurs à 500 millions d'euros.

Bonnes performances pour le financement, l'investissement et le réseau de détail à l'international

Dans le détail, les métiers de banque de financement et d'investissement, portés entre autres par les activités de marchés, ont été une véritable locomotive au premier trimestre : malgré un chiffre d'affaires stable (2,76 milliards d'euros), le bénéfice net a presque doublé sur un an, à 565 millions d'euros.

Les réseaux de banque de détail à l'international, groupés avec l'assurance et des services spécialisés comme le crédit-bail automobile via la filiale ALD, ont également enregistré de bonnes performances, tant en chiffre d'affaires (+6,5% à 2,21 milliards d'euros) qu'en bénéfice net (+56,2% à 564 millions d'euros).

Toutefois, la banque de détail en France souffre de la baisse de la marge nette d'intérêt entre janvier et mars et voit son résultat divisé par près de 2,5, à 138 millions d'euros. Société Générale suit toujours la feuille de route de son plan de transformation massif des réseaux d'agences en France, réunissant depuis le 1er janvier Société Générale et Crédit du Nord sous une même bannière rouge et noire, SG. Ce projet entraîne une charge de 140 millions d'euros au seul premier trimestre, comptabilisée dans les -399 millions d'euros du « hors pôles », qui viennent amputer d'autant le résultat net du groupe. La seconde partie du transfert informatique des clients Crédit du Nord vers la plateforme SG est programmée pour ce week-end.

Enfin, Société Générale a indiqué que sa banque en ligne, Boursorama, avait atteint son seuil de rentabilité lors du premier trimestre, dans « un contexte de croissance toujours dynamique du nombre de nouveaux clients ».

Turbulences du secteur

Malgré ces bons résultats dans l'ensemble, l'établissement français a, comme de nombreux acteurs du secteur, traversé des zones de turbulences au cours de ce premier trimestre, notamment en Bourse lorsque la faillite de la banque américaine SVB a provoqué un vent de panique sur toute l'industrie bancaire en Europe. Elle avait été précipitée dans la tourmente après le retrait massif de ses clients et des tentatives infructueuses de levées de fonds. La banque, connue pour le financement de start-up notamment dans le domaine de la tech et qui était parvenue à se hisser au rang de 16ème plus grosse banque américaine par la taille de ses actifs, a finalement été rachetée par First Citizens.

Le cours de clôture jeudi de Société Générale était de 7% inférieur à celui du 1er janvier, alors que ses concurrentes cotées BNP Paribas et Crédit Agricole SA sont nettement en territoire positif depuis le début de l'année.

La valorisation de la société est l'un des chantiers du prochain directeur général Slawomir Krupa, actuel patron des activités de financement et d'investissement, promis pour succéder à Frédéric Oudéa le 23 mai à l'issue de l'Assemblée générale du groupe. Il présentera ses principaux axes stratégiques pour la banque au troisième trimestre, quelques mois donc après sa prise de fonction.

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Affaire judiciaire des « cumcum »

Autre caillou dans la chaussure de Société Générale, le siège de la banque a été, comme BNP Paribas, Exane, Natixis et HSBC, perquisitionné fin mars dans le cadre d'une enquête du Parquet national financier (PNF) sur le dossier « cumcum », une combine fiscale sur les dividendes qui pourrait avoir coûté plus d'un milliard d'euros au fisc. Seul Crédit Agricole est parvenu à éviter cette perquisition en négociant un accord avec les autorités fiscales françaises prévoyant le paiement de 35 millions d'euros d'arriérés d'impôts et d'amende, a rapporté l'agence Bloomberg mi-avril.

Tous ces établissements sont accusés d'être impliqués dans l'affaire des « CumCum » révélée dans le cadre de l'enquête des « CumEx Files » en 2018, menée par un groupement de seize médias. Les journalistes avaient, en effet, décrit la pratique dite des « CumCum » dans le jargon financier qui consiste à échapper à l'imposition sur les dividendes dont doivent en principe s'acquitter les détenteurs étrangers d'actions d'entreprises françaises cotées. Pour profiter de la combine, ces propriétaires d'actions, petits épargnants ou grands fonds d'investissements, pouvaient prêter leurs titres à une banque pendant une courte période, au moment du versement du dividende. Une fois la somme versée, la banque donnait alors les titres et les dividendes à son propriétaire. Ainsi, le bénéficiaire officiel des dividendes n'était autre que la banque qui est, pour sa part, quasiment exonérée d'impôt. Grâce à ce montage financier, le propriétaire d'actions échappe donc à l'imposition sur les dividendes. Selon les CumEx Files, les banques auraient joué un rôle d'intermédiaire, tout en prélevant une commission aux détenteurs d'actions.

(Avec AFP)

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