Fusion à 27 milliards entre géants du paiement

Le britannique Worldpay accepte d'être racheté par son concurrent américain Vantiv pour 8,7 milliards d'euros. JP Morgan a renoncé à déposer une offre. D'autres opérations pourraient suivre dans ce secteur en plein bouleversement.
Delphine Cuny
Au lendemain de l'annonce de marques d'intérêts d'acquéreurs potentiels, Worldpay a annoncé son projet de fusion avec l'américain Vantiv Inc.

La publication des bans fut pour le moins rapide. Au lendemain de l'annonce par le britannique Worldpay de marques d'intérêts d'acquéreurs potentiels, l'américain Vantiv, l'un des deux prétendants, a réussi à sceller cette union, moyennant 7,7 milliards de livres (8,78 milliards d'euros), en numéraire et en actions. JP Morgan Chase, le géant bancaire, cité dans le communiqué de mardi, a renoncé à déposer une offre. Déception à la City : le titre Worldpay chute de près de 9% ce mercredi.

La « fusion potentielle », comme disent avec prudence les fiancés dans leur communiqué conjoint, répond à « une logique stratégique, commerciale et financière » expliquent-ils. Elle doit donner naissance à un spécialiste des paiements « de rang mondial, aux activités complémentaires », d'une valeur boursière combinée de 27 milliards de dollars.

Les Fintech, les GAFA et les banques en embuscade

Si la perspective d'une contre-offre semble s'éloigner, l'opération n'est pas encore dans la poche et ses modalités concrètes doivent encore être discutées. Un audit mutuel est prévu et l'opération sera soumise au vote des actionnaires des deux entreprises et aux autorités de concurrence. Il est déjà acté que Worldpay sera retiré de la Bourse de Londres à l'issue de la fusion et que ses actionnaires actuels détiendront environ 41% du capital du nouveau groupe. Son directeur général co-dirigera le groupe fusionné avec celui de Vantiv. Mais le conseil d'administration sera composé de quatre membres de Worldpay et sept membres de Vantiv.

L'américain est un peu plus gros que son concurrent britannique, qui est leader au Royaume-Uni, bien positionné dans l'e-commerce et présent également sur le marché américain : Vantiv a traité plus de 21 milliards de transactions l'an passé, contre près de 15 milliards pour Worldpay, un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dollars pour le premier et 1,4 milliard pour le second. Les actionnaires du système de paiement britannique, les fonds Advent International et Bain Capital, qui l'avaient introduit en Bourse fin 2015, font une très belle affaire : l'opération valorise Worldpay à 3,85 livres, soit 37% de plus que le prix d'introduction il y a dix-huit mois. Son précédent propriétaire, Royal Bank of Scotland (RBS), avait été contraint de le céder à ces fonds dans le cadre de son sauvetage sur fonds publics en 2010.

D'autres opérations pourraient suivre dans cet univers des paiements en pleine ébullition, qui profite de la baisse du cash au profit des règlements en carte et subit les assauts de nombreux acteurs nouveaux, issus de la Fintech, tels que Stripe et Adyen ou des GAFA tels qu'Amazon. Le danois Nets A/S a révélé ce week-end qu'il avait été approché. Et comme on l'a vu avec JP Morgan, les banques aussi s'intéressent de près à ces acteurs stratégiques du paiement

L'action du français Worldline, contrôlé par Atos Origin, qui voulait racheter Worldpay en 2010, a gagné 2,87% ce mercredi, la troisième plus forte hausse du jour de l'indice SBF120.

Delphine Cuny

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