Le capital-investissement dans le collimateur du gendarme américain

La SEC, le gendarme des marchés financiers américains, a ouvert une enquête sur certaines pratiques des fonds de capital-investissement.
La SEC veut s'assurer que les sociétés de private equity ne gonflent pas artificiellement la valeur de leurs participations afin d'afficher des rendements très élevés et, partant, de conquérir de nouveaux investisseurs, en vue de leurs prochaines levées de fonds. Copyright Reuters

Après les « hedge funds » (fonds spéculatifs) et les banques, c'est au tour du private equity de se trouver dans la ligne de mire de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme des marchés financiers américains. Selon le Wall Street Journal, la SEC a récemment ouvert une enquête sur certaines pratiques des fonds de capital-investissement américains. En particulier sur la façon dont ils valorisent les participations qu'ils détiennent dans les entreprises qu'ils ont rachetées. La SEC veut s'assurer que les sociétés de private equity ne gonflent pas artificiellement la valeur de leurs participations afin d'afficher des rendements très élevés et, partant, de conquérir de nouveaux investisseurs, en vue de leurs prochaines levées de fonds.

Des valorisations qui reposent en partie sur des éléments subjectifs

Il est vrai que le sujet de la valorisation des portefeuilles du private equity est délicat, dans la mesure où les participations ne sont, par définition, pas cotées en Bourse. Certes, il existe des méthodes standard de valorisation, comme la comparaison avec des sociétés similaires cotées, les multiples sur la base desquels s'effectuent les fusions et acquisitions dans un même secteur, etc. Mais « les valorisations de certains de nos actifs peuvent également reposer sur des éléments subjectifs », reconnaît Carlyle dans son prospectus d'introduction en Bourse, au chapitre... « Facteurs de risque. » De fait, insiste le géant américain du private equity, noir sur blanc, « la valeur des actifs ainsi établie peut s'avérer incorrecte et fausser la véritable performance des fonds. »

1.200 milliards de dollars d'actifs sous gestion

Reste que ce problème ne date pas d'hier. Pourquoi la SEC se penche-t-elle dessus maintenant seulement ? D'abord, elle a longtemps considéré que ce secteur n'avait pas réellement besoin d'être surveillé, les actionnaires des fonds de private equity n'étant pas des particuliers mais des institutionnels, comme les banques et les assureurs. Pour la SEC, il s'agit là d'investisseurs avisés, qui savent très bien ce qu'ils font et n'ont pas besoin de garde-fous. Mais, grâce aux années d'euphorie de 2005 à 2008, les fonds de capital-investissement ont pris une place très importante dans l'économie américaine, avec 1.200 milliards de dollars d'actifs sous gestion, et le rachat d'entreprises emblématiques des Etats-Unis, comme le constructeur automobile Chrysler. D'où l'intention du gouvernement fédéral d'aller aujourd'hui observer d'un peu plus près les rouages du private equity.

Des investisseurs moins présents

Une surveillance accrue qui résulte également du contexte actuel : gênés aux entournures par la crise financière et par le durcissement de leur réglementation en matière de fonds propres, les banques et autres investisseurs institutionnels répondent moins présent à l'appel des sociétés de private equity qui cherchent à lever de nouveaux fonds. Aussi ces dernières pourraient-elles tentées d'enjoliver leurs performances pour mieux séduire les « zinzins. »

Un secteur qualifié de "vautour"

« Les sociétés de private equity travaillent dur avec des cabinets d'audit et avec les dirigeants des entreprises dans lesquelles elles investissent pour déterminer de façon précise la valeur de leurs participations », se défend Steve Judge, directeur général du Private Equity Growth Capital Council, qui représente le secteur du capital-investissement aux Etats-Unis. Et qui a décidément fort à faire depuis le début de l'année, la candidature à l'investiture républicaine de Mitt Romney, co-fondateur du fonds Bain Capital, ayant déclenché de la part de ses rivaux, tant républicains que démocrates, une véritable campagne de dénigrement du private equity, qualifié à l'envi de « vautour » et de « prédateur. »

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Commentaires 2
à écrit le 20/02/2012 à 18:48
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Une petite pensée pour les employés de Samsonite, victime des agissements de Bain Capital, dirigé par le candidat Romney...

à écrit le 20/02/2012 à 16:02
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C'est fou comme il faut faire diversion par les temps qui courent... (cépamoi...)

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