Le régulateur européen veut réduire la dépendance des banques à la morphine de la BCE

L'Autorité bancaire européenne veut inciter les banques à se restructurer pour réussir à se financer à nouveau sur le marché. Elle prône également un désendettement progressif.
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La politique consistant à inonder les banques européennes de liquidités aura été cruciale pour amortir les chocs liés à la crise financière. Le succès de la Banque centrale européenne (BCE) en la matière est cependant loin d'être complet. Reste maintenant pour elle à gérer la délicate phase de "sevrage" du système financier. Or nombreux sont ceux qui s'inquiètent des effets secondaires de l'accoutumance à sa politique ultra-accommodante.

Parmi eux, l'Autorité bancaire européenne (ABE) souhaiterait commencer à rendre les banques moins dépendantes de la liquidité fournie par la BCE. Le conseil des régulateurs, qui se réunit mardi et mercredi à Londres, devrait ainsi proposer des mesures incitant les banques à se restructurer pour réussir à se financer directement sur les marchés sans dépendre des liquidités à taux réduit de l'institut monétaire. Dans un dossier présenté aux ministres des Finances de l'Union européenne la semaine dernière, le président de l'ABE, Andrea Enria, a expliqué que l'Autorité bancaire discutait "de possibles mesures politiques qui pourraient accompagner ce processus de désendettement et de restructuration pour s'assurer qu'il se déroule de manière ordonnée et mesurée, permettant aux banques de maintenir une provision régulière de crédit pour l'économie réelle".

Les régulateurs européens veulent en particulier que les banques remplacent leurs financements à court terme par des financements de maturités plus longues, afin d'éviter d'avoir à faire appel trop fréquemment aux investisseurs. Une telle évolution aiderait aussi les banques à se préparer à l'examen minutieux de leurs modèles économiques lors d'une nouvelle série de tests de résistance ("stress tests") prévue l'an prochain.

CERTAINES BANQUES TROP OPTIMISTES SUR LES LEVEES DE CAPITAUX

L'ABE cherchera aussi cette semaine à s'assurer que les 31 banques affichant, selon ses critères, un besoin total de capitaux frais de 115 milliards d'euros, prennent les mesures nécessaires pour combler ce manque d'ici au 30 juin. Andrea Enria a estimé la semaine dernière que le plan de recapitalisation était "sur la bonne voie" mais que certaines banques se fondaient sur des "hypothèses excessivement optimistes" quant à la façon dont elles comptent lever des capitaux.

Les banques espagnoles et italiennes sont dans la ligne de mire du régulateur. De l'avis des analystes, la banque italienne Monte dei Paschi, devrait notamment peiner à atteindre d'ici au 30 juin l'objectif d'un ratio de fonds propres "durs" de 9%. L'administrateur délégué de la banque, Fabrizio Viola, a dit la semaine dernière que MontePaschi comblerait près d'un tiers de ses besoins de fonds propres - qui s'élèvent à 3,3 milliards d'euros - en convertissant des titres hybrides en actions. Les médias italiens rapportaient par ailleurs dimanche que la banque envisageait de tailler largement dans son portefeuille de dette souveraine et de fermer 150 agences.

Certaines banques italiennes souhaiteraient par ailleurs voir l'ABE faire marche arrière sur ses exigences en matière de fonds d'urgence face à la crise, invoquant l'apaisement des tensions sur les marchés des dettes souveraines depuis les deux opérations de refinancement à trois ans de la BCE. Le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, a ainsi déclaré samedi que l'ABE pourrait assouplir ses exigences en matière de fonds propres. Mais il a précisé qu'il s'agissait d'une perspective à moyen terme et que l'ABE ne devrait pas prendre de décision sur ce point lors de sa prochaine réunion.
Les banques espagnoles, elles, pâtissant souvent de l'éclatement de la bulle immobilière et de la détérioration de l'économie du pays.

LE MECANISME EUROPEEN DE STABILITE AU SECOURS DES BANQUES

Au cas où certains établissements ne pourraient atteindre leurs objectifs de fonds propres d'ici à la date butoir de juin, Andrea Enria a proposé que le nouveau fonds d'urgence de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES) puisse directement injecter des fonds aux banques en difficulté à compter de sa mise en place en juillet. A ce stade, le MES n'est conçu que pour venir en aide aux Etats. Le conseil de l'ABE examinera par ailleurs les progrès réalisés par les banques dans la limitation des bonus, décidée en janvier 2011. Le rapport de l'ABE est attendu après Pâques.

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Commentaires 3
à écrit le 03/04/2012 à 15:41
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vous n'avez pas lu l'article ou alors vous n'y comprennez vraiment rien ...mais là n'est pas l'essentiel pour vous ...ce qui compte c'est pouvoir deverser votre stress sur le bouc emissaire qu'on vous presente depuis de nombreux mois ...reveillez vou...

le 04/04/2012 à 20:17
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Votre "endormissement" est éloquent ! Les réponses à mon intervention sont venu rapidement, je vous laisse apprécier.... tout est à venir ! Politique monétaire - 04/04/2012 | 12:34 - 230 mots La BCE maintient son principal taux directeur à 1% latr...

à écrit le 02/04/2012 à 18:24
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Tout continue donc et s'amplifie même ! Les Banques n'auront qu'à spéculer davantage Sic ! Décidément ces gens-là, décideurs et assassins de nos vies, doivent posséder des dons mortifères dont ils feraient mieux et rapidement d'en abandonner le chemi...

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