Capital-investissement : le marché de " l'occasion" au plus haut

Le marché secondaire du private equity, sur lequel s'échangent des parts dans des fonds, a atteint le niveau record de 25 milliards de dollars en 2011, et devrait s'élever à 35 milliards cette année.
Le marché secondaire du private equity a atteint 25 milliards de dollars en 2011, contre 5 milliards seulement il y a une dizaine d'années.Copyright Reuters

En capital-investissement comme en automobile, il existe un marché de "seconde main. " Et celui-ci connaît un succès fou : le marché secondaire du private equity, sur lequel des investisseurs vendent et achètent des parts dans des fonds de capital-investissement, a atteint 25 milliards de dollars en 2011, dans le monde, selon l'intermédiaire Nyppex. Un montant qui représente non seulement un bond de 24% par rapport à 2010, mais également un record depuis la naissance du marché secondaire du private equity, au milieu des années 1980. L'année 2012 s'annonce encore meilleure, avec un volume de transactions attendu à 35 milliards de dollars par Nyppex.

Besoin de « cash »

De quoi parle-t-on exactement ? D'un marché qui constitue une porte de sortie pour des investisseurs détenant des participations dans des fonds de private equity, mais souhaitant les céder avant la fin de vie de ces fonds. Soit parce que ces investisseurs ont besoin de "cash", soit parce qu'ils souhaitent diversifier leurs portefeuilles en cédant, par exemple, des parts dans un fonds investi sur l'Europe pour se replacer sur un fonds dédié aux pays émergents. Ou bien encore parce qu'ils jugent les performances d'un gérant de fonds insuffisantes et entendent se diriger vers un autre.

L'avantage, pour les investisseurs qui se portent acquéreurs de ces parts ? D'abord, ils bénéficient généralement d'une décote par rapport à la valeur liquidative des participations, décote qui peut aller aujourd'hui jusqu'à 20%, selon la société Unigestion. Ensuite, en reprenant des participations de seconde main, les investisseurs disposent de portefeuilles déjà matures, moins risqués, qui dégageront un retour sur investissement dans cinq ans en moyenne, contre dix ans sur le marché primaire du private equity.

Des décotes allant jusqu'à 50%

Il y a une dizaine d'années seulement, ces investisseurs étaient uniquement des fonds spécialisés dans le marché secondaire du private equity, lequel pesait alors 5 milliards de dollars seulement. Aujourd'hui, ce marché compte plusieurs centaines d'acteurs avec, au-delà des spécialistes comme Coller Capital, Lexington Partners, Axa Private Equity ou HarbourVest, des fonds souverains et des fonds de pension. Il faut dire que l'éclatement de la bulle Internet, en 2001, a donné un sacré coup d'accélérateur au marché secondaire : nombre d'investisseurs dans des fonds de capital-risque se sont à l'époque retrouvés avec des participations qui ne valaient plus grand-chose, et se sont rués sur le marché secondaire pour tenter de les vendre.

Rebelote à l'automne 2008, lorsque la crise financière déclenchée par la faillite de Lehman Brothers a provoqué un plongeon des marchés boursiers, rendant pour les fonds de private equity toute sortie impossible, qu'il s'agisse d'une introduction en Bourse ou d'une cession à un industriel ou à un autre fonds. Ignorant quand ils pourraient récupérer leur mise, nombre d'investisseurs dans ces fonds de private equity ont alors cédé leurs participations sur le marché secondaire, au prix de décotes allant jusqu'à 40%.

Les banques et les assureurs alimentent le marché du secondaire

Aujourd'hui, si le marché secondaire du capital-investissement se porte aussi bien, c'est essentiellement grâce aux banques et aux assureurs. Contraints par les réglementations dites de Bâle III et de Solvabilité II de réduire leur exposition au private equity, ces investisseurs institutionnels multiplient les cessions de portefeuilles. En décembre dernier, le Crédit agricole a ainsi cédé Crédit Agricole Private Equity à Coller Capital. Quelques mois plus tôt, Axa Private Equity avait racheté à la banque américaine Citigroup 1,7 milliard de dollars de parts dans des fonds de LBO (Leverage Buy-out : acquisition par endettement) américains, et 740 millions de dollars de participations dans des fonds européens et américains auprès de la britannique Barclays. Autre moteur du marché secondaire du capital-investissement, dans les prochaines années : les fonds de retraite, contraints de trouver des liquidités en raison des pensions à décaisser.
 

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