Les banques d'affaires en mal...d'affaires

Le marché européen des fusions et acquisitions a chuté de 43%, au premier semestre. Du jamais vu depuis 1997, selon Thomson Reuters. Un contexte qui impose aux banques d'affaires de se diversifier.
En septembre 2012, Matthieu Pigasse a lancé Lazard à la conquête de l'Afrique subsaharienne. Copyright Reuters

« C'est une année super pauvre... » Ce banquier d'affaires parisien résume parfaitement l'évolution du marché des fusions et acquisitions. Au premier semestre, dans le sillage d'une année 2012 déjà exécrable, les M&A (mergers and acquisitions) ont chuté de 43% en Europe, à 220,9 milliards de dollars, selon les statistiques publiées vendredi par Thomson Reuters. C'est la première fois depuis...1997 que le marché connaît un aussi piètre démarrage. La France est à l'avenant, avec un plongeon de 31%, à 33,4 milliards de dollars. « Dans notre métier, nous avons l'habitude d'alterner les bons et les mauvais cycles, mais celui-ci, qui dure en réalité depuis la crise financière de 2008, est particulièrement long », soupire ce même banquier.

Certes, les banquiers d'affaires ne se tournent pas les pouces pour autant. Les clients ne venant plus à eux, ils développent des trésors d'imagination pour tenter de les convaincre de procéder à telle fusion ou acquisition. « Le hic, c'est que nous ne sommes payés que lorsqu'une opération aboutit », rappelle un banquier. Dès lors, pour éviter des licenciements, les banques d'affaires doivent trouver d'autres sources de revenus que le traditionnel conseil en M&A.

550 milliards de dollars de dettes LBO arriveront à échéance d'ici 2016

Le conseil en restructuration de dette constitue une première piste. En ces temps de crise économique, nul doute qu'un nombre croissant de sociétés ne parviendront pas à honorer leurs dettes, et devront donc tenter de les renégocier avec leurs banques. C'est particulièrement vrai pour les sociétés acquises dans le cadre de LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement), en 2006 et 2007, quand le crédit coulait à flots et que les perspectives de croissance étaient au plus haut. Aujourd'hui, la dette contractée à l'époque par les fonds de LBO pour racheter ces entreprises arrive à échéance. Le problème, c'est que la crise économique est passée par là, rendant caduques les hypothèses de bénéfices sur lesquelles les plans de remboursement avaient été bâtis.

Conséquence, faute de pouvoir rembourser leurs créanciers, certaines entreprises risquent de passer sous leur contrôle, comme cela vient d'arriver à la société d'eau potable Saur, grevée par une dette de près de 2 milliards d'euros, et qui s'apprête à tomber dans l'escarcelle de ses banques créancières.

Le triste exemple de la Saur pourrait être suivi de bien d'autres. Le cabinet Dealogic estime en effet que 550 milliards de dollars de dettes LBO arriveront à maturité d'ici à 2016, dont la plus grosse partie sera redevable en 2014. De quoi convaincre les banques d'affaires de se diversifier sur cette activité de restructuration, comme l'ont déjà fait Lazard et Rothschild, qui, avec leur concurrent Houlihan Lokey, dominent ce marché.

Diversification géographique et nouveaux métiers

Rothschild a également investi le secteur du conseil en opérations sur les marchés de capitaux depuis quelques années. Bien lui en a pris : l'activité sur les marchés actions a bondi de 150%, en France, au premier semestre, à 14,7 milliards de dollars, du jamais vu depuis 2008. La remontée de la Bourse a en effet permis la réalisation de plusieurs placements privés auprès d'investisseurs institutionnels, qu'il s'agisse de la participation de Lagardère dans EADS, de celle d'Albert Frère dans GDF Suez, ou encore des 14,7% de Ray Investment dans Rexel.

D'autres banques d'affaires choisissent la diversification géographique. Comme Lazard, qui a lancé Lazard Afrique en septembre 2012, afin de tirer parti des fortes perspectives de croissance de l'Afrique subsaharienne, où se bousculent déjà des acquéreurs chinois et américains, à la recherche des pépites de demain, notamment dans les secteurs des télécommunications et des transports. A noter que si Lazard a pu s'ouvrir aussi aisément la porte du conseil en M&A en Afrique, c'est grâce à un autre de ses relais de croissance, celui du conseil aux gouvernements. Un marché lui aussi très porteur depuis quelques années, en raison des crises des dettes souveraines.

 

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Commentaires 7
à écrit le 29/06/2013 à 17:38
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Il y a une erreur de base me semble-t-il dans cet article. Le "private equity" ou OBO, LBO, etc. ne concernent pas les résultats boursiers ni les prises de participation CAC 40. Si le sujet mérite d'être traité, il doit l'être plus précisément.

à écrit le 28/06/2013 à 21:53
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PAUVRES CHOUX de BANKSTERS !!

le 29/06/2013 à 10:57
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Qu'ils se considèrent chanceux tant qu'on ne brule pas leur banques, et qu'on ne les pend pas haut et cour.

le 29/06/2013 à 11:59
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ouais! dommage que nous ne soyons plus sous la "terreur", Robespierre et Cie! ces messieurs ne faisaient pas dans la dentelle et les sentiments, et ma foi, il semble qu'à ce passage de l'Histoire, ça filait droit !

le 29/06/2013 à 17:32
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Je sens qu'un auteur tente de remettre son terme favori à la mode, n'est-ce pas @Méli-Mélo? Quand à la révolution de 1789, @Alex elle a rabaissé la France pour 200 ans (que je nomme les 200 dramatiques), pas de quoi s'en réjouir!

le 29/06/2013 à 23:51
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Alors, vous préconisez quoi, en définitive? quelles sont les solutions? plus de UMPS, pas de FN, qu'avons nous d'autres d'interessant, vraiment interessant? reste la solution peut -être, de ne plus se donner la peine de se déplacer pour aller voter ...

à écrit le 28/06/2013 à 17:54
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j'avais rdv chez le bankster ce matin .... un domaine où ils endures un crise grave ... "le manque de projets " ... et le frein aux financements !!!!! 2014 ... ne sera pas pire !

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