Etats-Unis : la lutte contre l'inflation va « faire souffrir » et « prendra du temps », prévient le patron de la Fed

Les Bourses européennes ont fini en nette baisse vendredi après les propos fermes du président de la Réserve fédérale (Fed) qui ont jeté un froid sur la perspective d'un ralentissement du resserrement monétaire aux Etats-Unis. Jerome Powell a averti que la Banque centrale américaine userait « vigoureusement de ses outils » en relevant les taux d'intérêt, même si les ménages et les entreprises en pâtissent.
La décision de remonter les taux « dépendra de la totalité des données reçues et de l'évolution des perspectives », a prévenu Jerome Powell.
La décision de remonter les taux « dépendra de la totalité des données reçues et de l'évolution des perspectives », a prévenu Jerome Powell. (Crédits : ELIZABETH FRANTZ)

L'économie américaine aura besoin d'une politique monétaire restrictive « pendant un certain temps » avant que l'inflation ne soit maîtrisée, ce qui signifie une croissance plus lente, un marché de l'emploi plus faible et « une certaine douleur » pour les ménages et les entreprises, a déclaré vendredi le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.

Dans une déclaration résolue et d'une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le patron de la Banque centrale américaine a averti que la Fed userait « vigoureusement de ses outils » en relevant les taux. Le ralentissement de l'inflation en juillet, mesuré notamment par l'indicateur PCE publié vendredi, n'est pas suffisant pour baisser la garde, a-t-il également commenté.

Léger repli de l'inflation aux Etats-Unis

Selon l'indice PCE publié vendredi par le Département du Commerce, l'inflation aux Etats-Unis s'est légèrement repliée en juillet de 0,1%, contre une hausse de 1% en juin. Sur un an, les prix ont aussi ralenti leur hausse à 6,3% contre 6,8% en juin, selon cet indicateur privilégié par la Banque centrale américaine, la Fed. Sans compter les coûts volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation sur le mois a progressé de 0,1% contre 0,6% en juin; sur un an, elle s'établit à 4,6% contre 4,8% le mois d'avant.

Ces chiffres sont un peu meilleurs que les prévisions des analystes qui misaient sur un indice PCE en légère hausse de 0,1% sur le mois et de 0,3% pour l'inflation sous-jacente. Un autre indicateur d'inflation, l'indice des prix à la consommation CPI, publié le 10 août et généralement supérieur au PCE, s'était inscrit à 8,5% en juillet, contre 9,1% en juin, montrant également un tassement de la hausse des prix.

Pas de précisions sur la remontée des taux

Jerome Powell n'a toutefois donné aucune indication sur ce qui pourrait être décidé lors de la réunion de septembre. Mais les contrats à terme sur les taux d'intérêt suggèrent une probabilité de 56,5% d'une nouvelle hausse de taux de 75 points de base, contre 46,5% avant la prise de parole du président de la Fed. Bien que les difficultés s'accentuent, il ne faut pas s'attendre à ce que la Fed réduise rapidement ses taux tant que le problème de l'inflation ne sera pas réglé, a souligné le patron de la Fed. La décision de remonter les taux « dépendra de la totalité des données reçues et de l'évolution des perspectives », a-t-il indiqué.

Des investisseurs estiment que la Fed pourrait infléchir son discours si le chômage augmente trop rapidement, certains prévoyant même des baisses de taux d'intérêt l'année prochaine, une perspective à laquelle les responsables de la banque centrale américaine se sont pourtant fortement opposés ces dernières semaines. Certains membres de la Fed ont indiqué que même une récession ne les dissuaderait pas d'agir tant que l'indice des prix à la consommation ne se rapproche pas de manière convaincante de l'objectif de 2% fixé par l'institution.

Les marchés accusent le coup

Après ce discours, en Bourse, tous les secteurs européens ont fini dans le rouge vendredi. Les marchés boursiers européens ont accusé le coup : Francfort (-2,26%), Milan (-2,49%), Paris (-1,68%) et Londres (-0,70%) ont décroché après la très attendue prise de parole de Jerome Powell. La pression des forts prix du gaz et de l'électricité a aussi pesé sur les indices.

Wall Street était également dans le rouge : le dollar reculait après un repli de l'inflation américaine et un discours du président de la Réserve fédérale (Fed) à la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole.

La BCE  préoccupée de voir l'inflation s'installer

En Europe aussi, l'inquiétude est de mise. Les gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se sont montrés de plus en plus préoccupés de voir l'inflation s'installer à un niveau élevé. Dans le compte-rendu de la réunion de juillet, publié jeudi, ils ont jugé que la courbe de la hausse des prix représente un risque suffisamment important pour justifier une remontée de taux plus importante qu'annoncé initialement.

La Banque centrale européenne avait déjà relevé en juillet dernier ses taux directeurs de 50 points de base pour tenter de lutter contre l'inflation. Mais cette dernière, continuant de grimper et atteignant en juillet 8,9% sur un an, pousse les gouverneurs de l'institution à plaider en faveur d'un nouveau resserrement du même ordre en septembre.

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 6
à écrit le 29/08/2022 à 9:44
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Tient une certaine Christine Lagarde vient de dire que le phénomène inflationniste allait revenir a la normale ds 2 an après un pic maximal en 2023, le contraire de FED ?

à écrit le 27/08/2022 à 14:00
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Je ne parviens pas à faire mon inscription. Quelles sont les boutiques HOGAN à Bordeaux (33000)

à écrit le 26/08/2022 à 23:51
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Tous les pays de l'Otan qui ont lancé des sanctions contre la Russie et offert de nombreuses armes très coûteuses à l'Ukraine vont y perdre leur chemise, leur pantalon et le reste, alors que la Russie aidée par la Chine et le reste du monde se porte ...

le 27/08/2022 à 7:39
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quelque mois pour profiter de la speculation et se remplir des comptes offshore voir dans les etats unis quelque paradis fiscaux bien soutenu par la finance comme le delaware qui lui n'est pas sur liste rouge

à écrit le 26/08/2022 à 23:07
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Autrement dit, une bonne vieille crise à l'ancienne. Qui aurait pu être évitée, ou en tout cas amortie, si elle avait été prise en compte avant, mais non, on refait toujours les mêmes erreurs

le 28/08/2022 à 13:01
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exact mais combien de proche des pouvoir souhaite se remplir les poches.. et profiter de la speculation ou sont les mesures de rétorsion pour cuba pour les russe la ils savent inventer mais quand ce sont les occidentaux qui profite la rien...

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