Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé vendredi 14 janvier une augmentation du taux de Livret qui passera, à partir du 1er février, de 0,5% à 1%. Cette hausse est la première augmentation du taux du Livret A depuis 2011 (de 2% à 2,25%). Elle intervient à l'heure où le chiffre de l'inflation est confirmé à 2,8% en décembre 2021 (1,6% sur l'année). Ce taux de 1% peut être également rapproché au taux moyen servi sur les fonds euros de l'assurance-vie, dont le capital est également garanti, qui devrait osciller autour de 1% au titre de 2021.
Cette augmentation du taux était attendue. Elle résulte d'une formule de calcul, mise en place en 2003, et modifiée à maintes reprises depuis, basée sur la moyenne de l'inflation des six derniers mois et du taux interbancaire à court terme. Reste que c'est le gouvernement qui décide ou non, de façon discrétionnaire, d'appliquer ou non la formule.
Promotion du LEP
Alors que la question du pouvoir d'achat sera sans doute l'un des thèmes de la campagne présidentielle, le gouvernement a décidé de retenir le taux symbolique de 1%, soit un taux plus élevé que celui dicté par la stricte application de la formule (0,8%).
Cette décision s'applique également au Livret Jeune et le Livret de Développement durable et solidaire (LDDS). « C'est un coup de pouce à la veille de l'élection présidentielle, un petit geste symbolique », commente Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne.
Le coup de pouce est plus manifeste pour le Livret d'épargne populaire (LEP) dont la rémunération est plus que doublée, de 1% à 2,2%. Au passage, Bruno Le Maire demandé aux banques de faire la promotion du LEP auprès des ménages modestes, un message qui a cependant peu de chance de passer, compte tenu du coût de cette ressource bilantielle.
Le geste reste cependant symbolique : le rendement net d'inflation reste toujours négatif et l'inflation devrait demeurée élevée en 2022, aux alentours de 2%. En cas de dérapage de l'inflation, une nouvelle hausse ne peut d'ailleurs pas être exclue en août prochain.
Normalisation
Toutefois, l'appétence pour le Livret A est relativement indépendant de son niveau de rémunération. Il est surtout fonction de l'aversion au risque des Français et de leur désir d'accumuler une épargne de précaution face aux aléas de la vie. C'est pourquoi le Livret A a atteint une collecte record en 2020 (comme les comptes courants) alors que le taux était déjà inférieur à celui de l'inflation.
Mais cette période de surépargne en période de crise sanitaire est en train de normaliser tout comme le comportement d'épargne des Français. En novembre dernier, le Livret A a subi une décollecte nette, pour le troisième mois consécutif. Parallèlement, l'assurance-vie retrouve son rythme de croisière en termes de collecte après une année noire en 2020. Selon la Banque de France, le surplus d'épargne des Français (largement concentré sur les ménages les plus aisés) devrait atteindre 169 milliards d'euros fin 2021, mais sur un rythme bien moindre qu'en 2020.
En revanche, cette hausse à 1% du taux du Livret A (sans parler du LEP) est une mauvaise nouvelle pour les banques qui voient leur coût de la ressource augmenter alors même que leurs dépôts auprès de la Banque centrale européenne sont toujours rémunérés à taux négatif (-0,5%), même si des systèmes de compensation sont mis en place par l'institut monétaire.
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