Rebond des Bourses : le CAC 40 atteint un nouveau record

Un mois après la crise bancaire, l’indice CAC 40 a touché un nouveau record historique en séance, poussé notamment par des valeurs cycliques. La faillite de Silicon Valley Bank aux Etats-Unis et le rachat en urgence de Credit Suisse par UBS le 19 mars dernier, a pourtant complètement changé les anticipations de marché. Le scénario d’une récession aux Etats-Unis revient en force et la baisse de l’offre de crédits par les banques devraient inciter les banques centrales à plus de modération sur leur politique monétaire. Ce qui devrait profiter aux valeurs de croissance ou aux valeurs défensives.
Le CAC 40 a brièvement touché en séance un nouveau record historique à 7.403,67 points.
Le CAC 40 a brièvement touché en séance un nouveau record historique à 7.403,67 points. (Crédits : Benoit Tessier)

Une crise, quelle crise ? Un mois après la tempête qui a soufflé sur le secteur bancaire et les marchés actions, surtout européens où les valeurs cycliques prédominent, le CAC 40, indice phare de la place parisienne, a touché ce mardi 11 avril un nouveau plus haut historique en séance, à 7.403, 67 points, battant ainsi son précédent record du 6 mars dernier. Le gain est ainsi de plus de 14 % depuis janvier, contre 9% pour l'indice Stoxx 600 (600 premières capitalisations européennes).

A la clôture, le CAC 40 a clôturé en hausse de 0,89% à 7.390,28 points, son plus haut depuis début janvier 2022.

Les autres places européennes sont également dans le vert (à l'exception de l'indice espagnol) pour ce retour de week-end pascal alors que Wall Street se montre plus hésitant à l'ouverture. Les grandes banques américaines restent notamment sous pression alors qu'elles s'apprêtent à publier leurs résultats trimestriels. Tous les investisseurs auront alors les yeux rivés sur les dépôts, ou plutôt sur l'ampleur de la fuite des dépôts vers des placements alternatifs.

Récession, le retour

Alors, beaucoup de bruit pour rien. Non, bien au contraire. La faillite de Silicon Valley Bank le 10 mars et le rachat de Credit Suisse par son concurrent UBS le 19 mars - deux crises bancaires finalement rapidement circonscrites  - auront complètement changé la donne sur les marchés et modifié en profondeur les anticipations. Alors que le risque de récession semblait écarté aux Etats-Unis, une enquête de la fédération d'économistes NABE (National Association for Business Economics), publiée le 27 mars, montre que 53% des 200 économistes américains interrogés,« s'attendent à une récession en 2023 ».

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« Ce stress bancaire devrait durcir les conditions de crédit aux Etats-Unis, de l'aveu même du président de la Fed. C'est également le même son de cloche en Europe où Christine Lagarde (présidente de la Banque centrale européenne, NDLR) a laissé entendre que cette crise allait faire une partie du travail de resserrement des conditions financières », explique Alexandre Baradez, stratège chez IG France.

Déjà, en zone euro, les prêts bancaires sont passés en négatif en moyenne mobile sur trois mois. Aux Etats-Unis, le ralentissement de la production de crédits est très marqué, aussi bien chez les banques régionales que pour les grandes banques nationales. « Il est assez logique de penser que la baisse des crédits peut être compensée par une attitude moins agressive des banques centrales », confirme Frédéric Rollin, conseiller en investissement chez Pictet Asset Management.

Le pire est passé sur les taux

Résultat, les banques centrales devraient modérer leurs ardeurs sur la hausse des taux. Les marchés ne s'attendent plus qu'à une seule hausse de taux de la Fed, de 25 points de base, soit un taux terminal à 5 % (contre une anticipation à 6 % fin février). « Cela est possible si la baisse de l'inflation se confirme, ce qui est d'ailleurs notre conviction », avance Frédéric Rollin.

La situation est moins claire en Europe avec une inflation alimentaire encore élevée mais les investisseurs tablent désormais que sur deux dernières hausses de 25 points de base avant l'été, soit un taux terminal de 3,5% (taux de dépôt). Même si ces anticipations peuvent encore s'ajuster, les marchés ont désormais la conviction que 2023 sera l'année pivot des politiques monétaires.

« La Fed ne baissera pas pour autant ses taux en 2023 pour éviter de faire repartir l'inflation », prévient Alexandre Hezez, stratégiste chez Banque Richelieu. A moins bien sûr que les banques américaines stoppent net la production de crédit (credit crunch), ce qui est encore loin d'être le cas.

Le retour de la tech américaine

Ce retournement de la politique monétaire marque ainsi le retour des valeurs de croissance, qui ont tant souffert l'an dernier de la hausse des taux. D'ailleurs, l'indice américain des valeurs technologiques Nasdaq a pris 5 % sur un mois et 15 % depuis janvier. « Le ralentissement du cycle économique et la stabilisation des taux longs nous amènent à préférer les valeurs défensives et les valeurs de croissance dans nos portefeuilles », indique Frédéric Rollin.

Les investisseurs estiment en effet que les valeurs de croissance sont plus résilientes en cas de ralentissement car elles dégagent des marges plus élevées. Certains secteurs seront à privilégier cependant, comme la robotique ou l'intelligence artificielle, souvent réservés aux plus gros acteurs, comme le souligne Pictet AM.

En revanche, «la surpondération en Europe ne se justifie plus », estime Alexandre Hezez qui vise également les valeurs de croissance américaines. Ce qui n'empêche pas le CAC 40 d'être hissé vers le haut par des valeurs industrielles, aussi cycliques que ArcelorMittal, Stellantis ou bien Saint-Gobain !

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Commentaire 1
à écrit le 12/04/2023 à 12:50
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Pendant ce temps : Alors que les textes lui en laissaient la possibilité, la Banque de France n’a pas proposé à Bercy d’augmentation anticipée du taux du livret A. Il aurait pu passer de 3 % à 3,5 %, mais il faudra attendre le 1er août.

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