
La guerre des nerfs se joue également sur les marchés. Rassurées en début de séance ce lundi par les perspectives d'un sommet Etats-Unis-Russie sur la question ukrainienne, les Bourses ont vite plongé au son du canon entendu à la frontière entre l'Ukraine et les zones séparatistes appuyées par la Russie. La tension était à son comble en fin de journée alors que Vladimir Poutine envisage de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes d'Ukraine. Les stratégistes de marchés avaient prévenu : il va falloir s'habituer aux grands écarts sur les marchés.
A Paris, l'indice CAC 40 est repassé sous le seuil des 6.800 points (à 6.788,34 points à la clôture), en reculant de 2 %, touchant même en séance le point bas de l'année. Même scénario sur les principales places européennes. A Londres, en revanche, l'indice Footsie fait de la résistance. Les marchés aux Etats-Unis sont en revanche fermés pour le President's Day.
Lundi noir à Moscou
La Bourse de Moscou s'effondre de son côté de plus de 13%, ce qui porte à près de 25% la baisse de l'indice RTS depuis le début de l'année. Il faut remonter à la crise financière de 2008 pour retrouver une telle panique sur les marchés russes. Parallèlement, le coût des emprunts russes monte en flèche, au-delà de 10%, et le rouble continue de dévisser, autour de 90 roubles pour un euro.
Les menaces occidentales, notamment celles du Premier ministre Boris Johnson à Londres, de couper tous les tuyaux financiers qui irriguent la Russie, et de se pencher au plus près sur les avoirs détenus à Londres par des proches du pouvoir russe, ont visiblement fait leur effet. D'ailleurs, les géants russes du pétrole ou du gaz, comme Gazprom, sont particulièrement chahutés en Bourse.
Les Etats-Unis et la place de Londres ont en effet le pouvoir d'asphyxier l'économie russe en supprimant tout accès aux dollars, la devise des matières premières, ou aux livres sterling. Les Etats-Unis avaient même évoqué, il y quelques semaines, d'interdire l'accès aux entreprises russes au réseau international de paiement Swift, ce qui aurait des conséquences économiques et financières catastrophiques.
Risque de flambée des prix de l'énergie
Les tensions persistantes en Ukraine font surtout craindre sur les marchés une nouvelle flambée du prix des matières premières, pétrole et gaz, de quoi conforter le niveau déjà élevé de l'inflation. Le prix du Brent a pris d'ailleurs 2%, revenant sur les 95 dollars le baril. Une aggravation du conflit pourrait remettre en cause les approvisionnements en gaz de l'Europe alors que le parc nucléaire ou d'énergies renouvelables tournent déjà à pleine capacité. Et bien sûr, tous les investisseurs sont quelque peu tétanisés à l'idée d'un conflit de grande ampleur aux portes de l'Europe.
Une éventuelle nouvelle envolée des prix des matières premières pourrait au passage remettre au premier plan les inquiétudes sur le rythme de la normalisation des politiques monétaires, aux Etats-Unis et en Europe. Désormais, les investisseurs tablent sur une hausse de 50 points de base du taux directeur américain, contre 25 points de base prévu initialement. En attendant, ce sont les titres industriels ou les valeurs exposées à la Russie qui ont le plus souffert.
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