Investir en Bourse tout en achetant sa baguette, le pari de la fintech Ismo

L'application mobile, qui cible les 18-35 ans, propose de réaliser des micro-investissements en Bourse grâce à un système d'arrondi automatique à chaque transaction par carte bancaire. Elle espère séduire un million de clients en France et en Europe à l'horizon 2025.
Juliette Raynal
Avec Ismo lorsqu'un client règle son café 1,10 euro avec sa carte bancaire, 90 centimes sont automatiquement mis de côté et investis en Bourse.

Réconcilier consommation et épargne pour encourager les jeunes actifs à investir en Bourse. C'est l'objectif de l'application mobile Ismo, développée par la fintech Wide Asset Management. Fondée par trois anciens banquiers et deux autres associés, cette société de gestion nouvelle génération propose d'investir au quotidien en s'appuyant sur le système de l'arrondi. Concrètement, avec Ismo lorsqu'un client règle son café 1,10 euro avec sa carte bancaire, 90 centimes sont automatiquement mis de côté et investis. 80 centimes sont investis pour l'achat d'une baguette à 1,20 euros, 91 centimes pour un panier de légumes à 5,09 euros, etc...

Une démarche quotidienne et "indolore"

"Ceux qui profitent de la Bourse aujourd'hui sont ceux qui ont de l'argent et une assise financière assez forte. C'est injuste. Pour inciter les 18-35 ans à investir en Bourse, nos dirigeants et experts ont traditionnellement eu recours à deux idées maîtresse : la création de nouveaux produits et l'optimisation du cadre fiscal. Mais ces leviers ne fonctionnent pas auprès des jeunes. Il faut que l'action d'investir en Bourse s'inscrive dans leur quotidien", affirme Eric Le Brusq, ancien patron des dérivés actions chez Natixis (filiale du groupe BPCE) et un des artisans de la création de la société de gestion Lyxor, filiale de Société Générale dont la banque de La Défense pourrait prochainement se séparer.

Selon l'entrepreneur, "associer l'acte d'investissement à un geste banal d'une dépense de consommation courante" pourrait changer la donner. "L'arrondi est indolore et permet de mettre le pied à l'étrier", estime Eric Le Brusq. Outre le mécanisme de l'arrondi (à l'euro supérieur ou jusqu'à 9 euros supérieurs), les utilisateurs peuvent aussi réaliser des virements ponctuels ou programmer des virements récurrents. Autre avantage mis en avant : l'association de ce geste à un acte de consommation récurrent favorise un investissement au fil de l'eau et permet ainsi de lisser les fluctuations du marché.

Eric Le Brusq

Eric Le Brusq, cofondateur de Wide Asset Management, fintech éditrice de l'appli Ismo

Investir en actions et en obligations

Avant de pouvoir réaliser ces micro-investissements de manière automatique, les utilisateurs doivent s'enregistrer en ligne en scannant une pièce d'identité et signer l'autorisation d'un prélèvement Sepa, qui permet de prélever les arrondis à investir. Ils doivent aussi répondre à un QCM permettant d'établir leur profil de risque : prudent, équilibré ou dynamique. Ismo propose ensuite trois fonds différents selon les profils. Plus le profil est dynamique et risqué, plus il est exposé à des actions. A l'inverse, plus le profil est prudent, plus le fonds est exposé à des obligations.

Chaque fonds est composé d'ETF actions ou obligations. Ces produits financiers répliquent la valeur de l'indice auquel ils se réfèrent. A titre d'exemple, l'ETF CAC 40 restitue la performance de l'indice CAC 40. C'est ce qu'on appelle la gestion passive.

"Nous proposons un service haut de gamme à un tarif très attirant car contrairement aux autres sociétés de gestion, la vente de nos produits est désintermédiée. Nous ne passons pas par une banque, un assureur ou un conseiller en gestion de patrimoine", fait valoir l'entrepreneur.

Aujourd'hui, Ismo est proposée à un euro par mois (les trois premiers mois sont gratuits). Un abonnement auquel s'ajoute un prélèvement de 0,50% de la valeur des actifs gérés une fois par an.

Ambition européenne

Lancée cet été, l'appli Ismo ne compte pour le moment qu'un millier d'utilisateurs environ. La fintech vise la barre du million de clients d'ici à cinq ans et espère compter un milliard d'euros d'actifs sous gestion à cet horizon. "Nous n'allons pas nous contenter du marché français et espérons nous attaquer à d'autres marchés européens dès le second semestre 2021", précise l'ancien banquier, alors que la fintech, détentrice d'un agrément auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), pourra s'appuyer sur le mécanisme du passeport européen. (Il permet d'exercer son activité partout dans l'Union européenne sans renouveler de démarche auprès des régulateurs locaux).

Pour atteindre ce cap, la fintech entend surfer sur deux tendances que la crise sanitaire et le confinement ont accélérées : le regain d'attrait des particuliers pour la Bourse. Entre novembre 2019 et fin août 2020, 700.000 nouveaux investisseurs particuliers ont ainsi acheté des titres du SBF 120. Et, le boom des paiements par carte bancaire, notamment en sans contact avec le relèvement du plafond à 50 euros à la sortie du confinement.

Lire aussi : Bourse : en pleine crise, le courtage en ligne bat des records historiques

Sur les traces de l'américain Acorns

Ismo espère ainsi répliquer le modèle de l'appli Acorns, dont elle s'inspire directement. Lancée en 2014 aux Etats-Unis, Acorns cible également les jeunes investisseurs et revendique aujourd'hui plus de 8 millions d'utilisateurs. Sur le même créneau, la fintech californienne Robinhood est parvenue à séduire rapidement plus de 6 millions d'utilisateurs grâce à son appli de courtage en ligne mais a aussi été vivement critiquée pour ses pratiques controversées.

"Notre dénominateur commun avec Robinhood c'est la jeunesse de la clientèle visée. En revanche, nous ne sommes pas dans la même logique spéculative. Nous encourageons, au contraire, les investissements sur le long terme pour aider les jeunes à préparer leur avenir", précise Eric Le Bruscq, qui aime rappeler que "le temps est le meilleur ennemi du risque".

Prochaine levée de fonds

En France, l'appli Ismo devra toutefois se démarquer de la fintech canadienne Moka (ex-Mylo) qui s'est lancée sur le marché tricolore l'été dernier. Cette application permet aussi aux jeunes actifs d'épargner grâce à un système d'arrondi automatique à chaque transaction par carte bancaire. Dans un second, elle envisage également de permettre d'investir cette épargne sur les marchés financiers.

Pour accélérer son développement, Wide Asset Management prévoit de lever rapidement de nouveaux fonds. Elle avait déjà bouclé une augmentation de capital de 1,65 million d'euros auprès de business angels en 2019.

Juliette Raynal

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Commentaires 3
à écrit le 29/09/2020 à 12:21
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Investir en bourse pour des multinationales c'est comme jouer a gratter des cartons a la petite semaines au lieu de s'investir localement sans devoir rien a personne!

à écrit le 29/09/2020 à 10:38
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Idée brillante. On pourra facilement investir 30-50 euros par mois , ce qui est déjà un bon debut.

à écrit le 29/09/2020 à 9:39
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Fintech qui va gagner certainement un prix financier quelconque puisque au final ce procédé aura du succès vu que les gens ne sauront absolument pas ou ira leur argent, ne feront pas attention aux sommes versées, bref "investissez sans le savoir" va ...

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