L'ex-Rentabiliweb veut se réinventer en Fintech

Rebaptisée Dalenys, la société continue de réaliser l’essentiel de son chiffre d’affaires dans les SMS et numéros surtaxés pour les médias. Son repositionnement sur le paiement en ligne pour l’e-commerce commence à porter ses fruits.
Delphine Cuny
Dalenys, anciennement connue sous le nom de Rentabiliweb, veut mettre l'accélérateur sur le paiement en ligne pour les grands commerçants, avec sa solution be2bill.

De l'audiotel à la Fintech. C'est en résumé la trajectoire en quinze ans de Rentabiliweb, devenue Dalenys fin 2015. Cotée sur Euronext, cette entreprise belge, fondée en 2002 par le fantasque et mystérieux Jean-Baptiste Descroix-Vernier, a vu de grands noms du capitalisme français se succéder à son capital ou son conseil d'administration, de Bernard Arnault à Henri Pinault, en passant par Jean-Marie Messier et Stéphane Courbit. Elle est en train d'opérer un virage stratégique assez audacieux, qui commence à porter ses fruits. Il y a cinq ans, plus de la moitié de son chiffre d'affaires provenait de son pôle grand public « BtoC », un ensemble de sites d'astrologie, de rencontres et de jeux, vendu en 2015 à ses managers. Depuis, cap a été mis sur le BtoB, les solutions pour les entreprises, et en particulier le paiement en ligne pour les grands commerçants, secteur d'avenir.

En 2016, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 64,5 millions d'euros, en hausse de 20% pro forma, dont près des deux tiers venant encore de l'activité « télécoms » plus traditionnelle, consistant en la mise en place de numéros surtaxés pour monétiser les audiences (jeux concours des TV et radios notamment).

L'activité de paiement reste modeste, 17 millions d'euros sur l'année, mais elle enregistre une forte croissance, de 44% (+11% au dernier trimestre), selon le communiqué publié ce mercredi après clôture de la Bourse. Suffisante toutefois pour que le site Frenchweb la désigne comme « la 1e fintech française » devant un autre acteur français historique du paiement pour l'e-commerce, HiPay, devant les plus jeunes pousses de la Fintech, telles que Kantox, Lydia, Ulule, etc.

Dalenys CA 2016

[Chiffre d'affaires 2016 de Dalenys]

Dans les pas de la licorne Adyen

Jean-Baptiste Descroix-Vernier, l'homme aux fines tresses qui appelle ses développeurs des « ninjas » du Web, a pris du champ, il est devenu président, en charge de la stratégie. Thibaut Faurès Fustel de Coulanges, nommé directeur général de Dalenys en mars dernier, nous confie :

« L'actif principal de Dalenys est le paiement. Nous avons effectué notre pivot il y a cinq ans, avec le lancement de Be2bill, pour profiter des nouvelles réglementations européennes et nous lancer dans le paiement en ligne, au-delà du seul micro-paiement du type SMS surtaxé. »

L'entreprise affirme avoir « la confiance de 15% du top 100 de l'e-commerce » et a séduit des clients tels qu'Interflora et Burger King ou le site britannique d'ameublement Made.com : le volume d'affaires encaissé a bondi de 77% l'an dernier à 1,7 milliard d'euros, dont 16% hors de France. Le rythme observé en janvier permet de projeter un volume en année pleine (run rate) de 2,6 milliards d'euros, « ce qui nous rapproche rapidement de notre objectif de 5 milliards d'euros à horizon 2018 », précise le DG.

Dalenys reste bien loin de la plateforme néerlandaise et déjà très internationale Adyen, l'une des Fintech européennes de tout premier plan, qui vient d'annoncer un volume de 90 milliards de dollars de transactions réalisés en 2016. Hausse du taux d'acceptation, baisse de celui d'impayés et de la fraude grâce au traitement des données et à une solution multicanale : Dalenys, qui emploie 200 personnes, a le même argumentaire commercial et son positionnement est proche, combinant le métier de processeur de paiement et d'acquéreur monétique, en rupture avec les acteurs traditionnels tels que Worldpay ou Ingenico.

« On est des geeks, on sait coder. Avec Adyen, on se ressemble beaucoup en termes d'ADN » relève Thibaut Faurès Fustel de Coulanges.

L'entreprise belge, valorisée 120 millions d'euros en Bourse, a pour ambition d'accompagner de grands commerçants et de couvrir l'Europe et non le monde comme Adyen. Il lui faut aussi piloter la transition de son modèle économique : au premier semestre, elle a encaissé une perte opérationnelle de 4,2 millions d'euros, liée à son activité télécoms. Les comptes annuels seront publiés le 28 mars prochain.

Delphine Cuny

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