Les levées de fonds des néobanques atteignent des sommets en ce début 2019

Les néobanques ont levé près de 2,5 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l'année. C'est déjà plus que les 2,25 milliards de dollars levés sur la totalité de l'année 2018, selon CB Insights. D'après le cabinet spécialisé, regroupées, ces banques mobiles ont ouvert plus de 30 millions de comptes bancaires.
Juliette Raynal
Au Brésil, la banque mobile Nubank a déjà séduit 12 millions de clients. Elle a récemment levé 400 millions de dollars pour une valorisation supérieure à 10 milliards de dollars et s'apprête à se lancer au Mexique et en Argentine.
Au Brésil, la banque mobile Nubank a déjà séduit 12 millions de clients. Elle a récemment levé 400 millions de dollars pour une valorisation supérieure à 10 milliards de dollars et s'apprête à se lancer au Mexique et en Argentine. (Crédits : Nubank)

Record battu. Depuis le début de l'année 2019, les néobanques dans le monde ont levé un total de 2,48 milliards de dollars à travers 55 opérations, selon le dernier rapport de CB Insights, le cabinet de référence sur les levées de fonds de startups. C'est plus que ce qu'elles avaient levé sur la totalité de l'année 2018 (2,25 milliards de dollars). Selon le cabinet spécialisé, le "digital banking" est le secteur de l'industrie de la Fintech qui a connu la plus forte croissance.

Dans les détails, ces challengers des banques traditionnelles ont levé 842 millions de dollars au premier trimestre de l'année, puis 649 millions de dollars au deuxième trimestre. Le troisième trimestre s'annonce, lui, comme un cru exceptionnel avec déjà 997 millions de dollars collectés via 11 tours de table, au cours du seul mois de juillet.

Plus de 30 millions de comptes bancaires ouverts

CB Insights a une définition large du "digital banking". Aux côtés d'acteurs comme les banques mobiles N26, Revolut ou encore Chime et Monzo, le cabinet inclut dans son décompte les levées de fonds des startups comme eToro, Robinhood ou encore SoFi et Credit Karma. Ces dernières ne proposent pas des comptes bancaires, mais d'autres services qui viennent directement challenger ceux des établissements financiers. eToro a ainsi développé une plateforme de trading en cryptomonnaies, Robinhood entend réinventer le boursicotage, quand SoFi s'est spécialisée dans les prêts personnels et Credit Karma dans la gestion des finances personnelles.

En se limitant aux seules Fintech proposant bel et bien des offres de banque mobile, CB Insights estime qu'ensemble elles représentent plus de 30 millions de comptes bancaires. Cette compilation exclut, en revanche, les données des entreprises indiennes et chinoises, comme Alipay et Tencent, dont les volumes beaucoup plus conséquents fausseraient la lecture des tendances, explique le rapport.

Nubank et ses 12 millions de clients brésiliens

Ce secteur en plein boom du "digital banking" est notamment tiré par la région d'Amérique latine où la néobanque brésilienne Nubank a récemment réalisé une méga-levée de 400 millions de dollars portant sa valorisation à plus de 10 milliards de dollars, soit la plus grande licorne d'Amérique Latine. Avec 12 millions de clients au Brésil, elle se revendique la plus grande banque digitale au monde (hors Asie) et s'apprête à se lancer au Mexique et en Argentine.

Au total, l'ensemble des startups de la Fintech ont levé 8,3 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre de l'année. Ce montant est largement inférieur à celui du deuxième trimestre 2018, marqué par la levée de fonds XXL d'Ant Financial, le bras financier du géant chinois Alibaba, qui avait finalisé un tour de table de 14 milliards de dollars. En revanche, ces 8,3 milliards de dollars représentent une hausse de 24% par rapport au premier trimestre de l'année 2019. Cette nette progression s'explique par la finalisation de 25 levées de fonds supérieures à 100 millions de dollars sur cette période, qui cumulées représentent environ 5 milliards de dollars.

Le défi de la rentabilité

Comment expliquer ces financements XXL ? Pour faire connaître leur marque au plus grand nombre et séduire de nouveaux utilisateurs, les Fintech, surtout les néobanques, sont contraintes d'investir des sommes colossales dans le marketing. Des dépenses forcées, qui expliquent les méga-levées de fonds du secteur.

"Ces néobanques n'ont pas pour objectif principal d'être rentables à court terme. Leur objectif est d'atteindre une taille critique pour ensuite proposer des services complémentaires générateurs de valeur. Aujourd'hui, les offres se concentrent autour du paiement et très peu font du financement ou proposent des produits d'assurance. Ces acteurs ne pourront être rentables et donc confirmer la pérennité de leur business models que lorsqu'ils auront la notoriété et la confiance requise auprès des consommateurs pour développer de nouvelles offres spécifiques ou de cross-selling [vente croisée, ndlr]" , analysait pour La Tribune, Stéphane Dehaies, associé KPMG France, en charge de l'activité business transformation banque.

Dans une récente étude, le cabinet KPMG a dénombré 18 banques mobiles dans l'Hexagone, qui ont séduit 2,6 millions d'utilisateurs actifs.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 15/08/2019 à 19:40
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Cela ne prouve pas la viabilité du projet mais qu'il y a beaucoup de monnaie qui circule inutilement!

à écrit le 15/08/2019 à 13:49
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Quand l'argent en surplus ne sait pas où se placer, elle court sur les moindres opportunités! Mais faire de la pub c'est pour les pigeons! Ponzy?

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