Camaïeu : l'enseigne de prêt-à-porter placée en liquidation judiciaire

Le tribunal de commerce de Lille a finalement placé Camaïeu en liquidation judiciaire ce mercredi à l'issue d'une audience sur le plan de continuation présenté par son actionnaire, HPB. Ce dernier, ainsi que la région Hauts-de-France s'étaient pourtant dits prêts à injecter plus d'argent pour éviter la liquidation, si l’État apportait lui aussi son soutien financier.
En reprenant 511 des 634 magasins de la marque en France et quelque 2.600 salariés sur plus de 3.100, HPB s'était donné en 2020 deux ans pour remettre à l'équilibre l'enseigne, fondée en 1984.
En reprenant 511 des 634 magasins de la marque en France et quelque 2.600 salariés sur plus de 3.100, HPB s'était donné en 2020 deux ans pour remettre à l'équilibre l'enseigne, fondée en 1984. (Crédits : Eric Gaillard)

L'avenir de Camaïeu est désormais connu. Le tribunal de commerce de Lille a annoncé ce mercredi avoir placé le géant nordiste du prêt-à-porter qui emploie 2.600 personnes, en liquidation judiciaire. « Le tribunal convertit le redressement en liquidation judiciaire », a affirmé son président, suscitant les larmes des salariés venus écouter le délibéré.

Le tribunal de commerce de Lille examinait le plan de continuation de l'enseigne de prêt-à-porter nordiste placée en redressement judiciaire le 1er août. Ce plan, présenté par son actionnaire, Hermione People and Brands (HPB), prévoyait la fermeture de 208 magasins et la suppression de quelque 500 emplois sur environ 2.600, mais permettait d'éviter la catastrophe sociale d'une liquidation.

L'actionnaire et la Région étaient prêts à injecter plus d'argent pour éviter la liquidation

Une issue que HPB, rejoint par la Région, avaient tenté jusqu'au dernier moment d'éviter, en vain. Juste avant cette audience décisive, la région Hauts-de-France et l'actionnaire s'étaient, en effet, dits prêts à injecter plus d'argent pour éviter la liquidation. A condition que l'État apporte lui aussi son soutien financier.

La Région et la Métropole européenne de Lille sont « prêtes à mettre de l'argent sur la table » pour sauver Camaïeu « si l'État fait un geste », avait affirmé à l'AFP le cabinet du patron LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. « Aucun engagement formel n'a été pris » de la part de la Première ministre Elisabeth Borne, avec qui Xavier Bertrand s'était entretenu dans la matinée, mais « le dossier continue d'être étudié » par le gouvernement, avait-on ajouté.

Idem pour l'actionnaire qui avait affirmé plus tôt dans ma matinée être prêt à injecter plus de fonds pour sauver l'enseigne, si l'État acceptait de son côté d'apporter un soutien financier. HPB avait indiqué lundi avoir demandé une avance de 48 millions d'euros à l'État, mais Bercy avait jugé que cette demande n'était pas « réaliste », l'État ne pouvant « en aucun cas se substituer aux actionnaires ». Cette liquidation est une « grande déception », a déploré le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure, tout en affirmant que la priorité de l'Etat restait d'accompagner les salariés. « Le plan de reprise était très peu instruit avec un plan d'affaires qui tient sur une page, je ne suis pas capable d'engager plus de 70 millions d'efforts de l'Etat, je le regrette qu'on en soit arrivé là », a-t-il déclaré.

Gagner du temps

L'actionnaire espérait gagner un peu de temps pour relancer son enseigne, chahutée par la crise sanitaire et une coûteuse cyberattaque, mais avait, pour cela, besoin de fonds. Selon HPB, un total de 79,2 millions d'euros était nécessaire, sur les huit prochains mois pour assurer entre autres les achats de la saison automne-hiver et préparer la collection de printemps.

Le plan prévoyait jusque-là une mise de fonds de 14 millions d'euros de la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l'homme d'affaires Michel Ohayon - dont HPB est une filiale - pour racheter le siège et l'entrepôt de Camaieu à Roubaix. Ceux-ci devaient ensuite être « valorisés » et revendus pour un montant estimé entre 55 et 60 millions.

Les syndicats se préparaient au pire

Les syndicats, eux, se préparaient au pire. « Je ne vois pas comment une autre décision que la liquidation judiciaire peut être rendue », estimait l'avocate du CSE Justine Candat. A l'issue d'un CSE mardi, le syndicat interne UPAE et la CGT s'étaient dits « extrêmement réservés » sur la capacité de la direction à garantir le financement. « La liquidation judiciaire serait un scandale et un signe de résignation inquiétant », avait, pour sa part, tweeté ce mercredi le maire divers-droite de Roubaix Guillaume Delbar. « Le destin de 2.600 familles est en jeu », avait-il souligné.

Selon HPB, l'enseigne a basculé après un arrêt de la Cour de cassation imposant fin juin aux commerçants de régler les loyers impayés lors de la période Covid. Leur montant s'élève à 70 millions d'euros sur un total de 240 millions de dettes, selon l'actionnaire. En reprenant 511 des 634 magasins de la marque en France et quelque 2.600 salariés sur plus de 3.100, HPB s'était donné en 2020 deux ans pour remettre à l'équilibre l'enseigne, fondée en 1984.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2022 à 23:47
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La crise Covid-19 a bon dos. Certaines enseignes étaient déjà à bout de souffle avant.

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