Camaïeu  : plus de 2.600 salariés repris par la Financière immobilière bordelaise

L'offre du fonds d'investissement la Financière immobilière bordelaise a été choisie par le tribunal de commerce de Lille pour reprendre l'enseigne Camaïeu. 511 magasins et 2.659 salariés sont maintenus.
(Crédits : ErasmusOfParis, Wikipédia (CC BY-SA 2.0))

La décision était attendue depuis trois semaines. Le tribunal de commerce de Lille a dévoilé ce lundi 17 août le repreneur de Camaïeu, placé en redressement judiciaire le 26 mai dernier. Il s'agit de la Financière immobilière bordelaise (FIB), fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier commercial de l'homme d'affaires Michel Ohayon, qui a notamment acquis 22 franchises Galeries Lafayette en région en 2018.

La FIB prévoit de reprendre 511 des 634 magasins Camaïeu et 2.659 sur les 3.146 salariés actuels de l'entreprise. Elle compte également conserver la logistique actuelle avec le prestataire Dispéo et s'est engagée à garder le siège à Roubaix (Nord) et le bâtiment logistique pendant cinq ans.

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L'offre du PDG actuel écartée

Au total, sept offres de reprise ont été présentées au tribunal de commerce de Lille à la fin du mois de juillet. Celle de la FIB était soutenue par le comité social et économique (CSE) et l'intersyndicale CFDT-CGT-FO. L'UPAE, le premier syndicat de l'entreprise, préférait lui l'offre portée notamment par l'actuel PDG de l'entreprise, Joannes Soënen, et trois fonds déjà actionnaires (GoldenTree, CVC et Farallon). Celle-ci prévoyait de garder 2.520 emplois et de reprendre 446 magasins, dont 43 sous l'enseigne de prêt-à-porter féminin de la galaxie Mulliez, Grain de malice. Le tribunal l'a écarté, soulignant que « nulle reprise ne peut réussir sans le soutien des équipes et des salariés. Force est de constater que même si les fautes antérieures ne peuvent leur être reprochées, l'équipe dirigeante (actuelle) n'a pas su ou pas pu acquérir et conserver la confiance du personnel ».

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« Une victoire du droit »

Il est toutefois précisé dans le jugement consulté par l'AFP que « le tribunal regrette amèrement la faiblesse des prix de reprise, particulièrement celle de FIB, qui a été qualifiée d'indécente lors des débats. Néanmoins, l'intérêt de l'entreprise reste sa pérennité, qui apparaît meilleure dans le projet FIB ». Le représentant CGT au CSE a souligné qu'« il y a moins de casse » avec l'offre de la FIB. Et d'ajouter : « Comment soutenir une équipe dirigeante qui coule la boîte, la met en redressement, bénéficie des aides de l'État, voit l'ardoise effacée et en profite pour fermer des magasins et licencier ? ».

« C'est une victoire d'une entreprise, c'est aussi une victoire du droit », a réagi lundi auprès de l'AFP l'avocat de la FIB Olivier Pardo, qui souhaite que Camaïeu « redevienne l'immense entreprise qu'elle a été ». L'actuelle direction, sollicitée par l'AFP, ne comptait pas réagir à la décision du tribunal lundi matin. Interrogées par l'AFP, les différentes parties n'avaient fait aucun pronostic, assurant que chaque offre avait 50% de chance de l'emporter. Les différents membres du tribunal étaient eux-mêmes partagés lors de l'audience.

Plusieurs années dans la tourmente

Fondée en 1984, Camaïeu a été placée en redressement judiciaire le 26 mai, « lourdement impactée par la crise sanitaire et faute d'un prêt garanti par l'État qui lui aurait permis de surmonter » cette situation, selon une source proche de la direction.

Début mars, « l'entreprise avait commencé à mettre en œuvre son plan de transformation et un accord de financement était sur le point d'être conclu avec les actionnaires et les banques ». Mais « la crise sanitaire a obligé le groupe à fermer brutalement plus de 800 magasins dans le monde », entraînant un « manque à gagner de 162 millions d'euros », précisait cette source. CFDT-CGT-FO et des syndicats des filiales belge et luxembourgeoise disaient eux avoir la « profonde conviction » que « dès le mois de mars, tout était organisé » pour « passer par une faillite et non par un plan social négocié ». Ce que la direction réfute.

Fin 2018, la société avait été reprise par ses créanciers après une procédure de sauvegarde. En 2016, elle avait déjà négocié avec ses créanciers pour que la moitié de sa dette, qui s'élevait alors à un milliard d'euros, soit convertie en actions.

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Commentaire 1
à écrit le 17/08/2020 à 15:15
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On pourrait bien voir repasser Camaïeu au TC. On n'assure pas mieux la pérennité d'une boîte avec du "mieux-disant social", au contraire. Pas sûr que l'équipe dirigeante partante ait démérité.

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