Thermostat connecté : Ween rentre de Las Vegas avec un CES Innovation Award

« Encore un thermostat connecté ? ». Oui, mais celui-ci semble mériter enfin le qualificatif « intelligent ». Entretien avec Jean-Laurent Schaub et Nathanaël Munier, co-fondateurs de Ween.

Cleantech Republic : Difficile de se faire une place au milieu des « thermo-stars » ?

Jean-Laurent Schaub : C'est vrai, nos concurrents ont évangélisé le marché. Mais ne vous y trompez pas, notre fonctionnalité phare, qui consiste à adapter le confort en temps réel aux allées et venues des habitants, est tout sauf marketing ! Nous pensons qu'il s'agit d'une innovation d'usage fondamentale et vraiment en rupture. En effet, les autres thermostats « apprenants » cherchent à construire et ou reconnaître un emploi du temps. Ils vont donc forcément se tromper de temps en temps... Et conduire les utilisateurs à des forçages, ou au contraire à accepter des périodes de chauffe en leur absence. En intégrant les déplacements des habitants, nous obtenons plus d'économies d'énergie que nos confrères, et surtout un bien meilleur confort puisque la maison commence à se réchauffer avant même que vous n'arriviez chez vous.

En quoi est-ce compliqué d'ajouter la présence des occupants dans les algorithmes ?

Nathanaël Munier : Notre algorithme breveté intègre deux types d'apprentissage. D'abord celui des usages de chacun des habitants, ce qui est très différent de leur simple présence . Grâce à la géolocalisation permanente des smartphones, on repère des « patterns » très précis. Un exemple : l'algorithme sait que, lorsque vous arrivez au club de squash, il peut baisser (un peu) la température, car vous serez revenu dans une heure. Et ce même si vous jouez de manière irrégulière. Cela se complique évidemment avec le nombre de personnes dans le foyer. Second apprentissage : celui du bâtiment. Pour optimiser le confort, il nous faut savoir à quel moment recommencer à chauffer, et avec quelle intensité. Notre algorithme est donc capable de construire un modèle de comportement du bâtiment en fonction de la météo (température, vent, hygrométrie, ensoleillement). Et pour apprendre rapidement, sans attendre une saison de chauffe complète, il peut même procéder à des tests. Par exemple, chauffer 15 minutes dans telle ou telle condition météo pour construire la courbe d'inertie du bâtiment.

Il est quand même toujours possible de forcer le système ?

N.M : Bien sûr, notre application smartphone permet de réaliser des plannings par défaut, par exemple pour les résidences secondaires. Ces planning sont utilisés en cas d'absence de données de géolocalisation par exemple. Un détecteur de présence classique assure aussi le confort des habitants sans smartphone, typiquement les enfants du foyer.

Cette fonctionnalité « temps réel » est-elle suffisamment différenciante ?

JL.S : Tout le monde travaille effectivement sur le sujet, y compris des géants. Mais nous pensons avoir 18 mois d'avance pour percer... tout en conservant notre avance technologique et fonctionnelle. Nous travaillons ainsi déjà à l'ajout d'une fonctionnalité très demandée lors de notre campagne de crowfunding : le multizone. C'est-à-dire la possibilité de gérer différemment différentes parties de la maison, en fonction de leur orientation, et surtout de leur usage par les différents occupants.

En attendant, il va déjà falloir vendre la V1. Quelle est votre stratégie ?

N.M : Le lancement commercial est en route. Les préventes en financement participatif et nos prototypes ont convaincu les investisseurs au-delà de nos espérances. Nous venons ainsi de lever 1,8 million d'euros, un montant digne d'un amorçage américain ! Cela va nous permettre d'accélérer la distribution via les grandes surfaces de bricolage et les magasins de high-tech, avec une forte présence marketing sur les points de vente. Nous voulons aussi créer un réseau de revendeurs-installateurs professionnels. Même si Ween est facile à mettre en œuvre, il faut rassurer les clients particuliers. Enfin, nous n'excluons pas d'aller à l'international rapidement...<

Le CES de Las Vegas vous a donc donné des ailes ?

JL.S : Nous en revenons effectivement très optimistes ! D'abord car le « CES Innovation Award » que nous avons gagné nous place de facto parmi les 30 start-ups les plus innovantes au monde en 2016. Et surtout parce que nos nombreuses rencontres sur le salon, nous ont plus que rassurées sur notre produit et son adéquation avec les marchés. Le timing est parfait pour notre vision d'une maison accueillante, bienveillante, et confortable, grâce à un thermostat autonome et simple. Nous retournerons donc au CES l'an prochain, motivés pour devenir les nouveaux thermo-stars !

Ween en bref...

  • Création : 2014
  • Effectifs : 7 (en croissance)
  • Tarif public du thermostat : 349 € TTC
  • Financement : 1ère levée 2016 1,8 M€ avec Crédit Agricole Alpes-Provence, PACA Investissement, Bpifrance, Business Angels (Smart Angels)
  • Financement participatif : Ween a réalisé la meilleure campagne française de KissKissBankBank dans le domaine des objets connectés.
  • Accompagnement :

Cleantech Republic

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