L'avionneur ATR demande à EADS un feu vert rapide pour lancer son avion de 90 places

Le patron d'ATR, Filippo Bagnato, fait le forcing pour convaincre ses deux actionnaires, notamment EADS, de lancer son nouvel avion de 90 places. EADS rechigne à donner son feu vert.
Michel Cabirol
Le PDG d'ATR, le constructeur d'avions régionaux turbopropulseurs, Filippo Bagnato

Le constructeur d'avions turbopropulseurs de transport régional (50-50 EADS et l'italien Finmeccanica), ATR, ne désarme pas face à l'attentisme de l'un de ses actionnaires (EADS) sur son projet de nouvelle génération de jets régionaux de 90 places, un avion vital pour son avenir. Son PDG Filippo Bagnato mise toujours autant sur ce programme pour garder son avantage économique face aux futurs jets régionaux. Avec ses appareils ATR 42 et ATR 72, le constructeur basé à Toulouse détient 61 % du carnet de commandes des avions régionaux de moins de 100 places, loin devant ses concurrents Bombardier (Canada) et Embraer (Brésil).

Un moteur disponible dans deux à trois ans

"Pour qu'un jet de 50 places atteigne l'équilibre financier, il lui faudrait 90 passagers, a ironisé le patron d'ATR, en soulignant que "sur les étapes de 500 km un turbopropulseur perd moins d'un quart d'heure sur un jet qui a un coût de revient par siège supérieur de 62 %", ce qui lui interdit les tarifs attractifs. Le groupe veut garder son leadership et souhaite préparer l'avenir face à la nouvelle génération de jets, qui devrait avoir une consommation en carburant plus économique de 15 %.

"Les études sur un nouveau turbopropulseur de 90 places avancent. Notre motoriste Pratt et Whitney teste un moteur de nouvelle génération qui pourrait être disponible dans deux à trois ans, et nous pensons que l'appareil aura aussi une économie de 10 à 15 % par siège par rapport au dernier ATR-72", a assuré Filippo Bagnato. 

ATR veut un feu vert rapide

Le patron d'ATR ne se prononce toutefois pas sur la décision de lancement du programme: "Demandez à mes actionnaires EADS et Finmeccanica !", a-t-il indiqué. Il s'est dit cependant convaincu que "c'est seulement une question de temps !"  Car les bureaux d'études d'EADS sont encore surchargés de travail par le développement de l'Airbus A350 et de l'avion de transport militaire A400M , et "il leur faut le temps de digérer", a fait observer Filippo Bagnato. En juin dernier au salon aéronautique du Bourget, le président d'Airbus, Fabrice Brégier, interrogé par La Tribune avait expliqué que c'était "un non absolu"... pour le moment. Et le patron d''Airbus s'était interrogé à haute voix pour savoir s'il y avait un intérêt du marché pour cet appareil de 90 places.  

En dépit de ce scepticisme, le président espère cependant un "feu vert" rapide, car chez ATR on estime qu'il faudra encore au moins cinq à six ans entre le lancement du programme et la mise en service de l'avion. "Le marché, assure-t-on dans l'entourage de Filippo Bagnato, est là: environ 1.100 turbopropulseurs de 90 places sur 20 ans". D'autant queLionel Guérin, patron de la nouvelle compagnie régionale d'Air France Hop!, qui exploite une vingtaine d'ATR 42 et 72, a affirmé jeudi son intérêt pour un tel avion. "J'aimerais bien (qu'il existe) : il faut passer le message à EADS, qu'ils investissent dans un turbopropulseur de 90 sièges, c'est l'avenir sur des distances courtes sur les plans environnemental et économique".

Environ 90 commandes en 2013

Fort de 83 commandes fermes à ce jour en 2013 (170 avec les options), il devrait garder sa position de leader sur l'ensemble de l'année, avec "environ 90 commandes contre 74 en 2012", a estimé Filippo Bagnato, en marge d'une rencontre à Rodez avec son client Hop! (groupe Air France) et des élus sur le développement de la ligne Orly-Rodez. Le pétrole cher a provoqué un revirement du rapport de force avec les jets depuis 10 ans. Alors qu'ATR, proche de la fermeture en 2003, a connu un redressement extraordinaire grâce à la sobriété de ses appareils, "la bulle des jets de 50 à 70 places " a éclaté, selon Filippo Bagnato.

ATR devrait battre un nouveau record de livraisons cette année avec 80 unités environ contre 64 l'an dernier. Il vise 90 livraisons en 2014. Le chiffre d'affaires suit et "devrait atteindre environ 1,7 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) en 2013" selon Filippo Bagnato, contre 1,44 milliard en 2012.

Michel Cabirol

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Commentaires 10
à écrit le 09/12/2013 à 13:57
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Royal ce moment passez en votre compagnie, un enorme compliment et felicitation. Merci enormement pour cette excellente. Travail a Domicile http://lc.cx/5yi

à écrit le 14/09/2013 à 11:59
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ATR est la variable d'ajustement et Finmeccanica une cible. Bagnato devrait bien prendre le vent s'il ne veut pas se transformer en fille de l'air. Personne ne souhaite actuellement bouger plus vite que les transactions en cours pour le rapprochement...

à écrit le 13/09/2013 à 17:45
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Mais que les employés d'ATR rachètent les parts d'EADS ... Ils ont une société qui est leader ( chose dont EADS ne peut pas se vanter...) dans le domaine des turbopropulseurs et ils ont des idées et de la volonté! Donc du gagnant / gagnant!

à écrit le 13/09/2013 à 16:51
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Pourquoi un nouveau moteur turbopropulseur? tandis que Airbus dispose une qui a équipé A400M. Donc c'est M. Filippo Bagnato de faire une approche plus réaliste avec son patron Airbus Group. Et son bébé seras sorti plus vite sur le marché en trois an...

à écrit le 13/09/2013 à 16:07
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J'entends cette réticence d'Airbus à se lancer dans ce projet depuis longtemps, mais je me demande ce que font les ingénieurs de Finmeccanica, pourquoi laisser aux seuls ingénieurs d'Aibus le travail ???

à écrit le 13/09/2013 à 16:06
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Voilà un dossier pour Don Quichot'Montebourg. Au lieu de faire du vent, il devrait vraiment pousser ce dossier de toutes ses forces pour que cette réussite européenne continue.

à écrit le 13/09/2013 à 15:11
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Pour les moteur la Snecma est prete à se lancer aussi. A ce jour ATR est N° 1 mais les embraer et autre bombardier commence à bouger...

à écrit le 13/09/2013 à 13:11
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...se fera une joie de capter le marche au détriment d'ATR qui est leader actuellement, avec des marges très élevées. Triste.

à écrit le 13/09/2013 à 13:08
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EADS persiste à ne pas vouloir collaborer. Que fait Montebourg ? ATR, c'est du Made in France en grande partie. Si l'état avait encore son mot à dire chez EADS, la décision serait peut être déjà prise.

à écrit le 13/09/2013 à 11:29
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Go ATR, GO!

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