Pourquoi ATR doit lancer son nouvel avion de 90 places en 2013

Le constructeur d'avions régionaux a présenté en décembre "le business plan" de son nouveau programme (NGTP) à ses deux actionnaires, EADS et l'italien Alenia (Finmeccanica). Voici les six raisons pour ATR de lancer ce programme de 90 sièges cette année.
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C'est un programme prioritaire pour le constructeur d'avions régionaux, ATR, le leader mondial du segment de marché des 50-90 sièges. L'avionneur, détenu à 50-50 par EADS et l'italien Alenia (groupe Finmeccanica), a besoin du programme NGTP (New generation TurboPropulseurs), un avion de 90 places, pour assurer son avenir face à de possibles nouveaux entrants sur le marché des turbopropulseurs dans la catégorie des 90 places, notamment les Chinois qui développent un avion de 90 places à l'horizon 2017-2018. Voire les Coréens associés à Bombardier. Le président exécutif d'ATR, Filippo Bagnato, qui se bat pour ce programme depuis plus de deux ans, a présenté en décembre son projet, dont le développement devrait s'élever entre 1,5 et 2 milliards de dollars, à ses deux actionnaires, EADS et Alenia, avec un business plan robuste. ATR attend maintenant une décision. Mais "nous n'avons pas de calendrier pour une réponse", explique-t-on en interne.

Ce projet d'un nouvel appareil de plus grande capacité de 90 places viendrait compléter la gamme actuelle d'ATR. L'analyse technique a été faite par un groupe de travail en interne chez ATR, ainsi que le potentiel du marché pour cet appareil, qui volera à une vitesse de croisière de 320 kts légèrement supérieure aux modèles actuels à 270 kts. Des clients sont déjà prêts à acheter ce nouvel appareil économique et robuste, avait rappelé ATR en mai dernier. "C'est un peu le Ford Transit de l'aérien", avait expliqué Filippo Bagnato lors de la cérémonie de livraison du 1.000e ATR. L'objectif affirmé de réduction de consommation s'élève au minimum à 15 % par rapport aux moteurs actuels.

Six bonnes raisons de lancer le 90 sièges en 2013

Jusqu'ici ni EADS, ni Finmeccanica n'ont souhaité donner leur feu vert. EADS estimait que Airbus n'avait pas les moyens humains (ingénieurs et techniciens de son bureau d'études de Toulouse) à consacrer à ce projet, qui n'était pas prioritaire au début de 2012 au regard des enjeux colossaux que représentaient les programmes A350, A380, A400M et A320 NEO. "Le temps a travaillé pour nous", explique à "La Tribune" Filippo Bagnato. L'A400M est enfin près du décollage industriel, l'A380 en a fini avec ses problèmes de jeunesse (microfissures sur les ailes), l'A350 est au milieu du gué et l'A320 NEO est sur la bonne voie. Ce qui devrait faire baisser la charge de travail du bureau d'études d'Airbus. De son côté, Alenia visait il y a un an le développement d'un SuperJet plus gros. Mais les déboires du jet russe pourrait l'inciter à revoir ses priorités. Et la ténacité et l'énergie de Filippo Bagnato pour son projet a semble-t-il fini par faire basculer les Italiens vers ATR... qui revendiqueraient bien la future chaîne d'assemblage en Italie.

Il semble également que les équipementiers aéronautiques sont également prêts à accompagner ce nouveau développement afin de pérenniser leurs bureaux d'études, qui voient leur charge de travail s'amoindrir avec l'avancée des programmes actuels. Par ailleurs, Airbus a semble-t-il pris récemment conscience de l'intérêt de coupler des offres avec des ATR en vue d'être efficaces dans certaines compagnies. Cela a été le cas récemment pour Citilink, la filiale low cost de la compagnie nationale indonésienne Garuda, qui s'est récemment offert 25 ATR 72-600 et 25 A320 NEO. Une stratégie qui a permis à Airbus de contrer l'offre du canadien Bombardier et plomber un peu plus le programme C-Series, des avions de 110 à 130 places. Enfin, le marché réclame cet appareil. A l'horizon de 20 ans, quelques 1.000 appareils de cette capacité pourraient se vendre, soit environ un tiers du marché des turbopropulseurs. ATR doit être en mesure de lancer cet appareil de 90 sièges avant ses concurrents.

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Commentaires 9
à écrit le 11/06/2013 à 15:27
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Nous en Afrique nous avons une bonne expérience de cette catégorie d'aéronef, ATR 42/72, DHC8, etc..., et en effet se positionner sur un nouvel avion de 90 places, est une décision très judicieuse, surtout quand on voit les coûts d'exploitation, qui...

à écrit le 27/01/2013 à 13:16
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C'est évident qu ATR a raison de se positionner sur ce marché. Gains de temps et surtout l ATR a l'avantage d'être très économique en terme de consommation de carburant.. pour u.e cabine qui concurrence largement un jet. Ça ne peut qu intéresser les ...

à écrit le 24/01/2013 à 15:07
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Décideurs: gagner 10min ? pour en faire quoi ? Webcam, vous connaissez ? Téléconférence, visioconférence, tout cela est au point et coûte 1000 fois moins qu'un simple voyage. Simple question d'organisation... Demandez aux chinois, eux, ils savent déj...

le 24/01/2013 à 17:35
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On en déduit que vous n'avez pas de voiture (et ne montez jamais dans le véhicule de personne !), vous vous chauffez au bois, n'avez pas de téléphone mobile, pas plus d'ordinateur (comme le montre votre intervention, pas plus connecté à la "toile")....

à écrit le 24/01/2013 à 13:46
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EADS a pour habitude de se dire non intéressé, que ce n'est pas une priorité etc. Ils ont agit comme cela avec l' A380 et l'A320 NEO. Comme pour les politiques quand EADS dément c'est que c'est en projet.

le 24/01/2013 à 23:08
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C'est sur chez EADS il ne faut surtout rien demander au Directeur Financier qui ne pense qu'a une chose: ameliorer la tresorerie donc Le cash...Alors financer un nouveau projet ouh la la...

le 24/01/2013 à 23:11
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C'est sur chez EADS il ne faut surtout rien demander au Directeur Financier car il ne pense qu'a une chose: comment ameliorer la tresorerie donc Le cash...Alors financer un nouveau projet ouh la la...

à écrit le 24/01/2013 à 10:51
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marché trés important. Nottament avec tles low cost allongé lé durée de vol de quelques mn pour gagner 15% sur les trajet de moins de 2 heures il ne faut pas hésiter. Et pas que pour les low cost, les nouvelle cabines sont dignes de jet "classique"

à écrit le 24/01/2013 à 8:24
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Effectivement si les Européens n'y vont pas leurs concurrents prendront la place. Le meilleur moyen d'être en avance sur ses compétiteur c'est de prendre des risques et d'innover.

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