Pourquoi le constructeur d'avions régionaux ATR cartonne en Asie du Sud-Est

la compagnie aérienne nationale indonésienne Garuda achète 35 ATR 72-600. Cette commande illustre le succès d'ATR dans les pays de l'ASEAN.
Michel Cabirol
ATR 72-600 de Garuda

ATR fait un carton commercial dans les pays de l'ASEAN (Malaisie, Indonésie, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Laos, Cambodge, Philippines, Myanmar, Bruneï). Le constructeur franco-italien de turbopropulseurs (50-50 EADS et l'italien Finmeccanica) règne pratiquement sans partage sur un marché très bien adapté aux avions régionaux à hélices.

C'est particulièrement le cas en Indonésie où, ATR profite aussi de l'incroyable croissance fulgurante de la compagnie low cost Lion Air qui a complètement bousculé le paysage du transport aérien local. Ce qui oblige aujourd'hui la compagnie aérienne nationale indonésienne Garuda à lui emboiter le pas en commandant de nouveaux avions. Le président exécutif de Garuda Indonesia, Emirsyah Satar, a confirmé que la signature de cet accord fait partie de 'Quantum Leap 20011-2015', le plan de transformation et d'expansion de la compagnie, visant à développer et à renforcer le réseau intérieur de Garuda, aujourd'hui à la traine derrière Lion Air, qui détient plus de 50 % de parts de marché en Indonésie.

Garuda s'offre 25 ATR 72-600

C'est dans ce cadre que ATR, via la société de leasing danoise Nordic Aviation Capital (NAC), a conclu un contrat avec Garuda Indonesia portant sur l'introduction dans la flotte de Garuda de 35 nouveaux ATR 72-600, qui étaient déjà dans le carnet de commandes au salon du Bourget en juin. Cet accord inclut des commandes fermes pour 25 avions et des options pour 10 appareils supplémentaires. Le montant s'élève, options comprises, à plus de 840 millions de dollars. Début janvier, la filiale de Garuda, la compagnie à bas coûts Citilink, avait annoncé (prématurément ?) cette commande de 25 ATR 72-600 pour un prix catalogue minimum de 500 millions de dollars, assortie cette fois d'une option pour 25 appareils.

NAC livrera 20 appareils à Garuda et ATR cinq. Grâce à NAC, qui dispose de six appareils ATR 72-600 en stock, la compagnie nationale indonésienne pourra recevoir très rapidement ses nouveaux appareils, qui seront livrés à partir de novembre 2013. Les ATR 72-600 seront configurés avec 70 sièges et équipés de la cabine Armonia, "qui confère aux ATR-600 les standards de confort les plus avancés des avions régionaux", estime ATR dans son communiqué. NAC pourrait rapidement passer une nouvelle commande à ATR pour compléter la flotte de Garuda, explique-t-on chez ATR. Le loueur danois avait déjà commandé en juin dernier lors du salon du Bourget 36 appareils fermes au constructeur basé à Toulouse.

ATR : 70 % de parts de marché dans l'ASEAN

Le succès d'ATR dans l'Asie du Sud-Est est "particulièrement remarquable en Indonésie, un marché où il a enregistré plus de 85 commandes fermes depuis 2008 et où près d'une centaine d'ATR sera en opération d'ici à deux ans", explique le constructeur toulousain. L'Indonésie est le pays de l'ASEAN qui dispose d'ailleurs actuellement de la plus grande flotte d'appareils ATR en service, soit 50 en service (+ 60 en commande), devant la Malaisie (30 appareils en service + 20 en commande) et ex-æquo Myanmar (ex-Birmanie) et Thaïlande (25 en service chacun).

Au-delà de l'Indonésie, ce contrat confirme le succès d'ATR dans les pays de l'Asie du Sud-Est, où depuis 2005 il a enregistré des commandes pour près de 170 appareils, "soit la grande majorité des commandes d'avions régionaux de moins de 90 sièges dans la région", affirme-t-il. Ce qui ne laisse que des miettes à la concurrence, notamment à Bombardier avec le Q400. A ce jour, ATR dispose d'une flotte de 150 appareils dans les pays de l'ASEAN (257 au total sur la région Asie-Pacifique) et a dans son carnet de commande 90 appareils à livrer, précise-t-on chez ATR. Ce qui lui donne une part de marché hégémonique de 70 % sur un marché estimé à 220 avions régionaux, turbopropulseurs et jets compris.

Les six raisons du succès d'ATR dans les pays de l'ASEAN

La première raison du succès d'ATR est la croissance du trafic aérien en Asie du Sud-Est. "La croissance de la classe moyenne est très rapide et s'accompagne de plus grands besoins en déplacements", estimait en janvier le responsable du marketing de Citilink, Aristo Kristandyo. "Cette évolution illustre bien le fort développement que connaît actuellement le trafic intérieur indonésien et l'adéquation parfaite des solutions proposées par ATR pour accompagner cette croissance", estime le constructeur. Les nouveaux appareils de Garuda serviront aussi bien à "développer le tourisme et les activités économiques à travers l'archipel indonésien que pour desservir les principaux hubs de Garuda Indonesia", explique ATR dans son communiqué publié ce mardi.

D'une façon générale, ce marché attire. Et les loueurs s'y intéressent désormais. Ce qui n'était pas le cas auparavant. Avec un certain succès car leurs solutions de financement intéressent des jeunes compagnies en mal de trésorerie. NAC a été "décisif dans la conclusion" de l'accord avec Garuda, souligne le président exécutif d'ATR, Filippo Bagnato. Le président de NAC, Martin Møller estime pour sa part que "l'Asie du Sud-Est nous offre de réelles opportunités dans le secteur du leasing et les ATR 72-600 répondent en tous points aux exigences des vols court-courrier". Le loueur d'avions singapourien Avation PLC avait quant à lui commandé sept ATR 72-600 en décembre 2012. Cet achat portait à 20 le nombre de commandes fermes d'ATR passées par Avation PLC depuis 2011.

Les ATR sont bien adaptés aux pays de l'ASEAN

Troisième raison du succès d'ATR : ces appareils sont bien adaptés aux pays de l'ASEAN, notamment en Indonésie, Malaisie et Philippines. Les turbopropulseurs d'ATR permettent notamment aux compagnies indonésienne "d'avoir accès aux régions et aux villes de province isolées" de l'immense archipel indonésien composé de plus de 17.000 îles, avait rappelé en janvier dernier le PDG de Citilink, Arif Wibowo.

Ce que confirme ce mardi le président exécutif de Garuda Indonesia : "nous sommes très heureux de développer notre activité régionale avec des ATR 72-600, le meilleur choix pour les vols de courte distance et les opérations entre les îles d'Indonésie". Ces appareils sont parfaitement adaptés au marché des vols court-courrier indonésiens, expliquait en février 2012 le président du conseil d'administration de Wings Air et président de Lion Air, Pak Rusdi Kirana. Wings Air, filiale de Lion Air,  avait commandé 27 ATR 72-600. Wings Air deviendra le plus gros opérateur d'ATR du monde, avec une flotte totale de 60 appareils (20 ATR 72-500 et 40 ATR 72-600).

Les ATR, un très bon rapport qualité/coût

Avec cette nouvelle commande pour Garuda, Emirsyah Satar estime qu'aujourd'hui "les ATR 72-600 offrent cette combinaison idéale entre technologie de pointe et coûts d'exploitation les plus faibles sur les réseaux régionaux". Et de rappeler que Garuda avait "besoin d'appareils proposant les toutes dernières technologies et le meilleur confort pour nos passagers". C'est la quatrième et cinquième raison du succès d'ATR : faible coût d'exploitation et meilleur confort. Pour Martin Møller. Les ATR 72-600 "présentent de très faibles coûts d'exploitation, sont très confortables, et permettent d'opérer sur tous types d'aéroports et vers des zones reculées".

Enfin, dernière raison du succès des appareils du constructeur toulousain, l'installation d'une base de support à Singapour. Pour Filippo Bagnato, « le développement de notre offre de support client en Asie du Sud-Est est un élément majeur de notre succès et nous allons continuer à investir pour soutenir et développer davantage cette région en plein essor ».

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 13/10/2013 à 3:21
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Bravo pour president Bagnato du succes fructueuse de la France et l'italie.les pays en voie de developpement ont besoin de ce type aviation civile qui repondent bien a la demande de leur marche ciblee et economique.Mais Bagnato peut doubler son rende...

à écrit le 12/10/2013 à 10:42
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Le succès des ATR ? Pas de mystère : ce sont d'excellents appareils , sans technologie superflue et donc à un prix convenable .

à écrit le 02/10/2013 à 12:49
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et pendant ce temps EADS a privilegié l'A400M plutot que le developpement d'un ATR plus grand ; peut etre tout simplement que les clients du A400M sont beaucoup moins feroces dans leurs negociations que les compagnies aeriennes ...

à écrit le 02/10/2013 à 12:49
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et pendant ce temps EADS a privilegié l'A400M plutot que le developpement d'un ATR plus grand ; peut etre tout simplement que les clients du A400M sont beaucoup moins feroces dans leurs negociations que les compagnies aeriennes ...

à écrit le 02/10/2013 à 12:49
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et pendant ce temps EADS a privilegié l'A400M plutot que le developpement d'un ATR plus grand ; peut etre tout simplement que les clients du A400M sont beaucoup moins feroces dans leurs negociations que les compagnies aeriennes ...

à écrit le 01/10/2013 à 22:16
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Pour conserver cette part de marché, il va falloir qu'EADS en tant qu'actionnaire majoritaire s'implique dans l'effort de R&D que souhaite lancer ATR pour préparer la génération suivante d'appareils à turbines. Bombardier a bien compris l'enjeu et a ...

à écrit le 01/10/2013 à 21:40
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Tient un autre appareil bien conçu, très fiable parce que simple, pas cher, économique d'utilisation, fabriqué en coopération entre la France et autre pays latin et qui se vend très bien. Des début compliqué mais un Cahier des Charges bien conçu (la ...

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