EADS : le procès pour délits d'initiés présumés s'ouvre à Paris

La justice reproche à sept anciens et actuels responsables de la société, rebaptisée Airbus depuis, et à ses deux anciens actionnaires Daimler et Lagardère, de s'être enrichis indûment en vendant leurs actions, alors qu'ils avaient connaissance d'informations privilégiées de nature à faire baisser le cours de l'action EADS.
Tous les prévenus nient les soupçons qui pèsent sur eux et soulignent avoir été blanchis par l'Autorité des marchés financiers (AMF) fin 2009 pour des faits similaires.

Les faits remontent à 2005-2006. Plus de huit ans plus tard, à partir de ce vendredi 3 octobre, sept anciens et actuels responsables d'EADS, depuis rebaptisé Airbus, et ses deux anciens actionnaires Daimler et Lagardère comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour délit d'initiés présumés.

La justice reproche aux prévenus de s'être enrichis indûment en vendant leurs actions, principalement en novembre 2005 et mars 2006, alors qu'ils avaient connaissance d'informations privilégiées, précises et confidentielles sur les difficultés de la société (notamment sur ses programmes A350 et A380), de nature à faire baisser le cours de l'action EADS.

De nombreuses levées de stock-options en mars 2006

En mars 2006, alors que le cours de l'action EADS augmentait de manière spectaculaire depuis un an, de nombreux dirigeants du groupe lèvent leurs stock-options et cèdent leurs actions. Le 4 avril, Lagardère et Daimler, propriétaires respectivement de 15% et 30% du capital d'EADS annoncent par ailleurs leur décision d'en céder chacun 7,5%.

Peu de temps après ces ventes, le 13 juin 2006, Airbus annonce un décalage de six à sept mois sur le planning de livraison du très gros porteur A380 en raison d'un dysfonctionnement sur l'installation électrique d'un tronçon de l'avion, et EADS publie un avertissement sur résultat. Le lendemain, l'action du groupe chute de plus de 26%.

Le 1er décembre 2006, EADS décide par ailleurs en conseil d'administration du lancement industriel d'un nouvel avion composite, l'A350 XWB, plus complexe et coûteux que la version initiale du long-courrier A350. Ce revirement de stratégie, qui fait suite à des difficultés de commercialisation de l'A350, engendrera d'importants retards et des surcoûts.

Les prévenus soulignent avoir déjà été blanchis par l'AMF

Tous les prévenus nient toutefois les soupçons qui pèsent sur eux et soulignent avoir été blanchis par l'Autorité des marchés financiers (AMF) fin 2009 pour des faits similaires. Jugeant 20 prévenus à l'époque, l'AMF a en effet estimé qu'ils ne possédaient pas d'informations privilégiées, c'est-à-dire précises, non publiques et ayant une influence sur le cours de l'action, au moment des faits.

Airbus, qui n'est pas poursuivi, dit soutenir ses cadres et être confiant dans leur capacité à "démontrer, une fois encore, que ces accusations sont sans fondement et doivent être entièrement rejetées". Les actuels responsables du groupe attendus vendredi au tribunal correctionnel sont Alain Flourens, à la tête du programme A380, John Leahy, directeur commercial d'Airbus et Andreas Sperl, aujourd'hui PDG d'EADS EFW, une filiale du groupe.

Les anciens et actuels responsables d'Airbus encourent deux ans de prison et une amende pouvant être portée jusqu'à dix fois le profit réalisé lors des actions incriminées. Les sociétés Lagardère et Daimler encourent quant à elles une amende pouvant aller jusqu'à 50 fois le montant du profit engendré.

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Commentaires 2
à écrit le 05/10/2014 à 8:26
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Aucun parquet n a fait appel de ce jugement , il faudrait questionner à postériori la ministre sur le pourquoi !

à écrit le 03/10/2014 à 15:24
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Encore une affaire financière qui n'aboutira pas(?) si ce n'est qu'elle enrichira une cohorte d'avocats.

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