Atos : le tout nouveau DG lance un gros "warning", le titre s'effondre en Bourse

Le géant informatique français (107.000 salariés) a publié ce matin des chiffres annuels inférieurs aux prévisions... En langage boursier, un avertissement sur résultats (ou "warning") qui n'a pas du tout plu aux investisseurs. Expliquant qu'il a pris connaissance de ces chiffres en prenant la tête de l'entreprise, Rodolphe Belmer annonce que le redressement des comptes est engagé tout comme un plan de transformation de l'entreprise.
Rodolphe Belmer, ancien patron d'Eutelsat et nouveau DG d'Atos.
Rodolphe Belmer, ancien patron d'Eutelsat et nouveau DG d'Atos. (Crédits : Joshua Roberts)

Ce matin, à l'ouverture de la Bourse de Paris, Atos a chuté d'entrée de jeu. Un plongeon inédit à près de -18%. Le géant informatique français Atos (107.000 salariés) venait d'annoncer plusieurs mauvaises nouvelles, des résultats annuels inférieurs aux objectifs, un chiffre d'affaires en baisse... En langage boursier, c'est ce qu'on appelle un avertissement sur résultats, ou plus familièrement un gros "warning". Le communiqué de l'entreprise ce matin débute par ces mots:

En application du règlement (UE) n°596/2014, qui prévoit que les émetteurs doivent rendre publiques dès que possible les informations privilégiées qui les concernent directement, Atos annonce aujourd'hui que les objectifs communiqués au marché le 12 juillet 2021 ne seront pas atteints en raison de plusieurs effets significatifs décrits ci-dessous."

À la Bourse à Paris, à 09h10, le titre coté sur Euronext dévissait de 17,96% à 31,66 euros dans un marché stable (-0,02%). À 11h45, le titre remontait imperceptiblement à 31,77 euros, la baisse se réduisant à -17,70 % (dans un CAC 40 toujours proche de l'équilibre à -0,12%)

Chiffre d'affaires, flux de trésorerie... même Atos dit être surpris

Dans le détail, Atos explique que son chiffre d'affaires, de l'ordre de 10,8 milliards d'euros, a reculé d'environ 2,4%, alors que l'entreprise s'attendait à une stabilisation. Le flux de trésorerie est de l'ordre de -420 millions d'euros, alors que l'objectif était "positif", a indiqué le groupe dans un communiqué.

"La plupart des éléments constituant ces écarts importants sont non récurrents", a commenté Rodolphe Belmer, le nouveau directeur général qui vient de prendre ses fonctions à la tête du groupe français, cité dans le communiqué.

Il ajoutait:

"Dans ce contexte, je présenterai fin février au conseil d'administration une nouvelle organisation, et au deuxième trimestre un plan qui détaillera les moteurs (du) redressement [du groupe, Ndlr].".

Une mauvaise passe financière et boursière qui ne date pas tout à fait d'hier

Atos, dirigé pendant plus de dix ans par Thierry Breton avant que celui-ci ne devienne commissaire européen en octobre 2019, est dans une mauvaise passe financière et boursière depuis plusieurs mois.

Élie Girard, l'ancien directeur financier qui avait pris les rênes du groupe après le départ de M. Breton, a été poussé vers la sortie en octobre 2021, après deux ans de mandat.

|Lire: Atos limite la casse grâce aux commandes publiques en 2020

Le nouveau patron marque sa distance par rapport à la gestion passée

Selon Atos, la baisse du chiffre d'affaires par rapport aux prévisions s'explique notamment par des décalages de projets et des reports d'accords finaux avec de grands clients, ainsi qu'une révision du taux d'avancement sur un contrat d'externalisation de processus avec une grande institution financière britannique.

En ce qui concerne le flux de trésorerie disponible, "l'écart majeur (...) résulte essentiellement du besoin en fonds de roulement", a précisé Rodolphe Belmer.

Le nouveau patron vite entré en fonctions (nommé fin octobre, il était prévu qu'il prenne ses fonctions le 20 janvier, au plus tard) explique en ces termes la situation dans laquelle s'inscrit sa nomination:

« J'ai rejoint le Groupe la semaine dernière au moment où les chiffres financiers étaient collectés et consolidés. Ces chiffres nous conduisent à l'obligation d'émettre aujourd'hui un avertissement sur résultats dû aux écarts significatifs par rapport aux objectifs. Cependant, la plupart des éléments constituant ces écarts importants sont non-récurrents. En particulier, l'écart majeur portant sur le flux de trésorerie disponible résulte essentiellement du besoin en fonds de roulement.

Et il précise les premières pistes pour transformer et redresser l'entreprise :

« Dans ce contexte, je présenterai fin février au conseil d'administration une nouvelle organisation, et, au deuxième trimestre un plan qui détaillera les moteurs de ce redressement, ainsi que nos priorités que sont la croissance profitable et la création de valeur. »

Parmi les informations publiées aujourd'hui, Atos indique également que sa "dette nette à fin décembre 2021 est estimée de l'ordre de -1,2 milliards d'euros". Il conclut en donnant rendez-vous au 28 février prochain, jour de la publication annuelle des résultats de l'exercice 2021, au cours duquel seront communiqués les objectifs pour 2022.

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Commentaires 9
à écrit le 11/01/2022 à 9:51
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Edouard philippe administrateur : cela résume malheureusement tout pour cette entreprise qui en est à son 4 eme dévissage violent des cours ( et sans retour) à depuis 1 an.

à écrit le 11/01/2022 à 6:29
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Pour mieux apparaître comme le redresseur, le sauveur. La ficelle est tellement classique , et éculée 😁

à écrit le 10/01/2022 à 21:39
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Rodolphe Belmer a déjà eu l’occasion de montrer toute l’étendue de son « talent » chez Eutelsat, société dont l’action a perdu 44% durant son mandat et qui a perdu toute boussole stratégique, investissant notamment dans la constellation OneWeb sans v...

le 11/01/2022 à 10:00
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Ce n'est pas le génial Thierry Breton l'ancien patron d' Atos ? Il a fait le même travail de destruction a l'époque ou il était à la tête de F.Télécom, et personne ne l'a regretté quand il est parti.

à écrit le 10/01/2022 à 20:26
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Édouard Philippe n'est il pas administrateur ??? On comprend mieux l'état de notre pays.

à écrit le 10/01/2022 à 15:06
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Dommage pour edouard phillipe, il pourra pas se faire un max d'oseille ! Va t'il revenir vers le conseil constitutionnel? non avec la mairie du havre il a les moyens ....

à écrit le 10/01/2022 à 14:54
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C'est un grand classique, le nouvel arrivant charge la barque au maximum et s'empresse de communiquer.

à écrit le 10/01/2022 à 12:25
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Effet paille de fer peut être, mais surtout démonstration d'une gestion financière du conglomérat loin d’être au niveau (consolidation tardive,prévisions sur-optimistes) . Et, attendons de voir l'impact très possible d'une réé-estimation du litige Sy...

à écrit le 10/01/2022 à 11:49
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Notons tout de même cet autre retournement sémantique économique faisant que ce sont les pays producteurs qui font le pognon et la loi financière actuellement et non les simples intermédiaires, c'est au final le dogme financier qui s'effondre d'un po...

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