
On n'est jamais mieux servi -en électrons- que par soi-même. Les mouvements erratiques du marché de l'électricité accélèrent la conversion des industriels à l'autoconsommation solaire. Après Faurecia (pour 150 sites dans le monde) et Renault (pour 6 usines en France), c'est au tour de Safran de prendre le virage du photovoltaïque en circuit court. Le fabricant de moteurs pour l'aéronautique annonce son intention d'équiper 17 de ses usines françaises de centrales solaires d'ici à 2025. « Environ 39 MWh par an seront dédiés à l'autoconsommation pour couvrir en moyenne 15% de la consommation des sites », précise t-il dans un communiqué.
Safran n'investira pas en propre mais par l'intermédiaire d'un tiers investisseur. En l'occurrence, la société marseillaise Reservoir Sun, filiale de GreenYellow et d'Engie, qui avait été retenue à l'issue d'un appel d'offres lancé en 2022. L'entreprise, qui se présente comme « l'acteur de référence de l'autoconsommation », financera, construira et exploitera les installations avant de revendre l'électricité aux sites concernés.
Safran Nacelles en premier de cordée du groupe
C'est l'usine Safran Nacelles (1.400 salariés) de Gonfreville-L'Orcher, proche du Havre, qui ouvrira le bal de cette campagne de solarisation hexagonale. Les travaux viennent d'y être lancés et ils vont aller vite. En juin prochain, ses parkings devraient être équipés de près de 12.000 panneaux photovoltaïques, représentant pas moins de 24.000 m2 d'ombrières.
« Cette centrale est la plus importante en autoconsommation en cours de construction sur un site industriel français », souligne le futur exploitant.
L'installation permettra de couvrir 20% de la consommation annuelle de l'usine. S'agissant du prix, aucune information n'est communiquée sur le tarif de revente du mégawatt. Tout juste sait-on que le contrat en question est conclu pour 25 ans et que Reservoir Sun promet aux entreprises « jusqu'à 50% d'économie » sur leurs factures d'électricité.
S'émanciper du réseau de gaz
Le solaire n'est pas la seule solution imaginée par Safran Nacelles pour diminuer son empreinte carbone et, au passage, se préserver de la fluctuation des prix de l'énergie. L'usine a en effet prévu de s'affranchir du réseau de gaz naturel en se raccordant au futur réseau de chaleur de la communauté urbaine du Havre. Lequel sera alimenté par une chaudière biomasse en cours de construction par Suez sous le nom de Biosynergy. « Il couvrira 80% de nos besoins en gaz, le résiduel sera couvert par des économies grâce notamment à l'isolation des bâtiments et une politique d'incitation aux éco-gestes », nous explique-t-on au siège de l'établissement.
De son côté, le groupe Safran rappelle qu'il s'est engagé à « réduire les émission directes et indirectes liées à la consommation d'énergie de ses opérations de 50,4% d'ici 2030 par rapport à l'année de référence de 2018 ».
Les deux projets de décarbonation de l'usine de Gonfreville-L'Orcher s'inscrivent donc dans cette stratégie. Il permettront, nous assure-t-on, d'économiser « plus de 1.760 tonnes de CO2 par an ».
Sujets les + commentés