En Hauts-de-France, des panneaux photovoltaïques sur les toits des lycées

La région Hauts-de-France vient de choisir l'entreprise qui équipera les 66 premiers toits de lycées de panneaux solaires. Si l'expérience s'avère concluante, le projet pourrait être étendu à la plupart des établissements de la région. Retour sur les enjeux d'une première nationale.
(Crédits : CD2E)

Il y a d'abord les ambitions. Le conseil régional souhaite, d'ici à 2030, multiplier par deux la production d'énergie renouvelable dans les Hauts-de-France, conformément au schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), adopté le 30 juin dernier.

Il y a ensuite le contexte. Le président de région, Xavier Bertrand, n'a jamais caché son hostilité à la construction de nouvelles éoliennes dans la région la plus équipée de l'Hexagone. Grâce à son excellente « ressource en vent », la Région les Hauts-de-France est aujourd'hui la première productrice d'énergie éolienne en France, avec 11.658 GWh produits (pour une puissance de près de 5.000 MW installés fin 2020). Problème : par endroit, le paysage en vient même à être « saturé », estiment certains. Au point que plusieurs projets ont été retoqués par les préfectures, particulièrement au cœur de l'ex-Picardie.

Région avant-dernière sur le solaire

Pour respecter les engagements de transition énergétique, Xavier Bertrand, candidat à sa propre succession à la tête de la région (tout en étant par ailleurs candidat également à l'élection présidentielle) veut donc pousser la solution du solaire. D'autant plus que la région ne produit aujourd'hui que 172 GWh (elle est même avant-dernière avec un peu plus de 20.000 installations, contre plus de 60.000 en Nouvelle Aquitaine), selon l'Observatoire des énergies renouvelables et que le SRADDET table sur une production de 1.778 GWh en 2031.

C'est dans ce contexte qu'a été lancé l'été dernier un appel à initiative privée pour équiper les toitures de ses lycées de panneaux photovoltaïques. Avec une surface bâtie de 4.2 millions m², les 262 établissements publics (essentiellement des lycées) gérés par le conseil régional présentent une aubaine. Le projet est ambitieux car il ne suivra pas les constructions, reconstructions ou rénovations d'établissements.

Lancé l'été dernier, le premier marché concerne pour l'instant 66 lycées, soit potentiellement près de 300.000 m2 à exploiter. La dernière commission permanente a choisi l'entreprise marseillaise Reservoir Sun (issue de Engie et Green Yellow, filiale énergie du groupe Casino), spécialiste de l'autoconsommation solaire chez les professionnels et collectivités.

Neuf candidats

Reservoir Sun avait réussi à se placer dans la "short-list" avec Tenergie dans le dernier tour de table (la première analyse ayant pris en compte les candidatures de EDF ENR et d'un groupement public et citoyen EnergEthic). D'autres entreprises avaient répondu à l'appel d'offres : NW Energy, Terre Watts, Eiffage Energie Système, Helexia et Soledra/Terre Solaire.

Avec ce marché d'envergure désormais attribué, le conseil régional compte ainsi dynamiser la filière régionale, tout en bénéficiant des contreparties, à commencer par les redevances perçues. Et ce, même si le territoire est moins favorisé d'un point de vue ensoleillement. La délibération ne manque pas de mettre en avant le potentiel de création d'emplois dans la région, cheval de bataille de Xavier Bertrand depuis son élection.

La question de l'emploi

En 2019, l'éolien ne recensait en 2019 que 2.149 emplois dans la région (415 pour les études, 428 pour la fabrication, 680 pour l'ingénierie et la construction et 625 pour l'exploitation et la maintenance), toujours selon l'Observatoire des énergies renouvelables. De son côté, le conseil régional avance 4.000 emplois non délocalisables générés par le solaire à l'horizon 2030, notamment avec l'appui Collectif régional de l'énergie solaire (CORESOL) créé spécialement en 2018.

Pour accélérer, des moyens financiers ont également été mobilisés. Grâce au fond Fratri (Fonds Régional d'Amplification de la troisième Révolution Industrielle), cofinancé par le conseil régional et l'ADEME, l'ex-Région Nord-Pas-de-Calais accompagne déjà depuis 2016 le développement du photovoltaïque en autoconsommation individuelle et collective (pour les études de faisabilité comme les investissements). Toutes ces actions s'inscrivent évidemment dans l'ambitieux projet de 3e révolution industrielle (initiée par la précédente majorité socialiste et Philippe Vasseur, ex-ministre de l'agriculture et homme de tous les réseaux dans la région).

La Région Hauts-de-France a notamment lancé l'année dernière un ​appel à projet visant à soutenir les études et investissements d'installations photovoltaïques en autoconsommation pour des centrales de 250 à 500 kWc, concernant cette fois directement les secteurs industriels et tertiaires. Les Hauts-de-France ont peut-être là une carte à jouer, avec neuf projets en autoconsommation collective déjà lancés sur 30 projets aujourd'hui finalisés en France.

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Commentaires 8
à écrit le 03/05/2021 à 12:28
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Et en hiver quand le ciel est plombe pour des mois, comment qu'y vont faire ?

à écrit le 03/05/2021 à 9:48
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Au niveau visuel et rendement, une centrale nucléaire sur quelques dizaines d'hectares, c'est beaucoup plus raisonnable.Non?

le 03/05/2021 à 13:19
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.....à condition que la centrale soit dans votre jardin. Moi les panneaux solaires sur une toiture de préau ou de bâtiment scolaire (ils ont souvent des toits plats), ne me gène pas. Je connais bien le Nord, j'y ai vécu 26 ans. Il ne faut pas c...

le 03/05/2021 à 19:03
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Les coûts du solaire ont littéralement fondu ces dernières années et la parité réseau entre l'énergie solaire et les conventionnelles sont très proches. Je suis producteur solaire depuis plus de 10 ans dans le Nord de la France (Thermique et photovo...

à écrit le 03/05/2021 à 9:15
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Surtout que est-ce que le fait d'absorber cette énergie ne les isole pas mieux de la chaleur l'été et du froid l'hiver ?

à écrit le 03/05/2021 à 9:11
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J'espère qu'ils n'auront pas oublié d'isoler les bâtiments d'abord, tout en prenant en compte les températures caniculaires de printemps et d'été

à écrit le 03/05/2021 à 8:56
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Pour avoir du sens, ces panneaux doivent être fabriqués avec une électricité décarbonée.

le 03/05/2021 à 9:52
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Ce serait l'idéal mais probablement utopique pour le moment. En attendant ce serait déjà bien que la construction n'absorbe pas plus d'énergie que le panneau n'en produira pendant toute sa durée de vie.

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