Avions de patrouille maritime : comment l'Allemagne a roulé la France dans la farine

Lors de la session du 23 juin, le Bundestag a approuvé l'acquisition pour 1,43 milliard d'euros de cinq avions P-8A Poseidon en tant que "solution provisoire" de remplacement de ses vieux P-3C Orion. Ce qui pose un vrai problème sur la poursuite du programme franco-allemand MAWS.
Michel Cabirol
Comment la France va-t-elle remplacer en 2035 ses Atlantique 2 ?
Comment la France va-t-elle remplacer en 2035 ses Atlantique 2 ? (Crédits : Marine Nationale / Jacques Tonard)

Après le missile tactique franco-allemand MAST-F destiné à armer les hélicoptères Tigre allemands et français, Berlin a semble-t-il définitivement torpillé un deuxième programme en coopération entre la la France et l'Allemagne pourtant validé en juillet 2017 par la Chancelière Angela Merkel et Emmanuel Macron. "Paroles, paroles, paroles, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots" (Dalida)... Retour à la triste réalité : lors de la session du 23 juin, le Bundestag a approuvé l'acquisition pour 1,43 milliard d'euros de cinq avions P-8A Poseidon en tant que "solution provisoire" de remplacement de ses vieux P-3C Orion.

Bien sûr, personne ne croit à Paris à la mention "solution provisoire" même si Berlin estime qu'un système d'armes aéroportées maritimes (MAWS) doit être développé avec la France sur le long terme. Le département d'État américain avait pris soin d'expliquer que "la vente proposée permettra à l'Allemagne de moderniser et de maintenir sa capacité d'aéronefs de surveillance maritime (MSA) au cours des 30 prochaines années".

"En 2017, le président Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel se sont engagés sur plusieurs programmes de coopération, dont le MAWS, qui vise à remplacer nos Atlantique 2, système stratégique qui nous permet d'assurer la crédibilité de notre dissuasion et la protection de nos espaces maritimes, à l'horizon 2035", avait expliqué la ministre des Armées, Florence Parly dans une interview accordée le 14 mai à La Tribune.

Berlin a caché la copie

Le gouvernement américain avait approuvé l'achat de ces cinq avions entièrement équipés en mars à la très grande surprise de la France, qui n'avait pas été avertie par son partenaire allemand. Ce qui avait beaucoup énervé à Paris. Lors de cette interview, Florence Parly expliquait d'ailleurs que Paris avait "récemment découvert que le Congrès américain s'apprêtait à donner une autorisation de FMS pour des avions de patrouille maritime P8, qui ne peuvent pas être, de notre point de vue, un gapfiller dans l'attente du MAWS". Elle avait alors précisé que "nous allons rapidement clarifier ce sujet avec l'Allemagne". "Dès lors que c'est un projet de coopération, cela doit le rester parce que c'est un engagement fort qui a été pris il y a quatre ans", avait affirmé mi-mai Florence Parly.

La réponse de Berlin est désormais claire, très claire avec le vote du Bundestag. Contacté par La Tribune, le ministère des Armées a répondu ce mardi qu'il était "en train de voir quelle sont les suites à donner à ce projet de coopération. Il est cependant évident que ce n'est pas un bon signal. Une décision viendra dans les prochaines semaines".

Le solo de l'Allemagne

Pourtant la France avait proposé une solution de transition pour les forces armées allemandes, pour ne pas compromettre ce programme franco-allemand. Paris proposait à Berlin d'utiliser les Atlantique 2 rénovés, "qui sont ce qu'on peut faire de mieux en termes de capteurs, de senseurs et de moyens électroniques permettant d'assurer une surveillance efficace", avait souligné la ministre des Armées. La France n'a pas eu de réponse non plus. "Nous avons légitimement pensé que cette proposition était intéressante et, qui plus est, s'inscrivait dans une démarche cohérente dans laquelle nous sommes déjà engagés avec les Allemands avec le C-130, dans le cadre de l'escadron franco-allemand de C-130 à Evreux", avait-elle précisé.

Il est donc loin le temps où l'Allemagne et la France, en juillet 2017 à l'Élysée, avaient convenu de chercher "une solution européenne" en matière de système de patrouille maritime "afin de remplacer leurs capacités actuelles respectives". Une feuille de route commune devait être mise au point en 2018. Le programme MAWS était destiné à remplacer les Atlantique 2 à l'horizon 2035 et les P-3C Orion allemands. Il est tombé à l'eau par la faute de l'Allemagne.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 14
à écrit le 30/06/2021 à 15:23
Signaler
encore un exemple ou on se fait rouler dans la farine, ca va etre pareil sur le SCAF , les competences sont en france mais il va falloir mettre les allemands a niveau et tout leur

à écrit le 30/06/2021 à 10:34
Signaler
Que la caste dirigeante et classe supérieure arrête d’acheter des berlines allemandes .. ah oui ils ont rien à foutre du reste de la population laborieuse …. Bref cessons ces chimères franco allemandes … la France n’ est pas crédible dans sa parole é...

à écrit le 30/06/2021 à 9:24
Signaler
En termes de défense, L'Allemagne n'est pas un partenaire fiable. C'est toujours leur intérêt avant l'Europe. Combien de trahisons faut-il encore encaisser avant de réagir fortement. Nos hommes politiques sont indécrotables.

le 17/08/2022 à 10:18
Signaler
Quand l'Allemagne ''accepte '' de participer à un programme militaire avec la France c'est dans le but évident de voler et développer le savoir faire français...mais ça les guignols qui '' nous gouvernent'' ne le comprendrons jamais.Depuis longtemps...

à écrit le 30/06/2021 à 9:23
Signaler
L’Atlantic est un bon avion mais il fallait lui remplacer les hélices façon « Hawkeye » histoire de lui donner un aspect un peu plus moderne.

à écrit le 30/06/2021 à 8:45
Signaler
Si l'Allemagne veut vendre des belles limousines aux USA, en Chine et ailleurs elle doit faire des concessions, L'UE c'est un mythe et je le déplore..

à écrit le 30/06/2021 à 8:03
Signaler
La France et l’Allemagne ont deux approches différentes sur la politique étrangère de Défense. La France persiste à penser qu’il faut faire des OPEX tout azimut pour vendre nos armes , ce qui nous impose sur le terrain à avoir des besoins inexportabl...

à écrit le 29/06/2021 à 16:07
Signaler
Les allemands n'ont pas d'amis ( surtout pas français ... trop chers ) mais des intérêts. Et nous sommes un peu trop à la ramasse pour exiger quoi que ce soit de leur part.

le 29/06/2021 à 16:42
Signaler
Bien dit Quand allons nous nous réveiller et s'apercevoir qu'avec l'Allemagne on ne peut rien faire en termes de coopération.... affligeant nos poiltiques !! desesperant de bons toutous qui n'ont rien dans le cerveau et n'ose pas taper du poing sur ...

à écrit le 29/06/2021 à 12:22
Signaler
Eh, quelle surprise !!! De nouveau mis devant le fait accompli par l'Allemagne qui comme d'habitude dit oui pour une coopération franco-allemand et torpille les accords signés. Maintenant, on peut se poser la question légitime " que vaut la parole ...

le 29/06/2021 à 12:54
Signaler
comme toujours nos dirigeants sont a la botte de l'allemagne pour une soit disant europe meme si il faut pour cela detruire l'industrie francaise et quand nosdirigeants cherche des investisseur ils se troune un vers les usa ce qui permet a la jus...

le 29/06/2021 à 17:16
Signaler
Réponse à Ludwig : merci pour votre commentaire, je me sens moins seul.

à écrit le 29/06/2021 à 11:06
Signaler
L’Allemagne ne nous a pas roulé que sur ce coup là. On pense évidemment à l’euro, qui ne nous sert à rien. Et ça, c’était une catastrophe évitable. L’euro n’a été fait que dans une vision socialiste côté français, qui permet de s’endetter indéfinimen...

le 29/06/2021 à 15:06
Signaler
Encore faut-il avoir une élite de qualité pour assurer ce changement. En outre la valeur de l'Euro favoriserait, parait-il, l'Allemagne à hauteur de 20%.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.