Confronté à des pertes accrues, Boeing est encore loin de sa vitesse de croisière

Encore affecté par les crises successives du 737 et du 787, et par une contre-performance de sa division militaire et spatiale, Boeing n'a pas été à la fête sur le plan financier en 2022. A cela s'ajoute les perturbations connues par l'ensemble de l'aéronautique sur les chaînes d'approvisionnement. Le géant a donc dû composer avec de lourdes pertes.
Léo Barnier
La remontée en cadence des 737 MAX n'a pas suffi au retour des bénéfices.
La remontée en cadence des 737 MAX n'a pas suffi au retour des bénéfices. (Crédits : PETER CZIBORRA)

Boeing va mieux qu'il y a un an, mais ça ne voit pas encore dans les résultats. Le géant américain reste empêtré dans les conséquences des crises successives du 737 MAX et du 787 et subit les tensions des chaînes d'approvisionnement mondiales. Il a annoncé des pertes accrues en 2022 par rapport à l'année précédente, notamment dans sa division Defense, Space & Security, malgré l'amélioration de son chiffre d'affaires et le rétablissement de ses flux de trésorerie.

L'augmentation sensible des livraisons d'avions commerciaux n'aura pas permis à Boeing de repasser dans le vert, bien au contraire. Malgré 480 appareils remis à leur propriétaire en 2022 contre 152 avions l'année précédente, le chiffre d'affaires de la division Commercial Airplanes n'a progressé que de 33 % pour se situer à 26 milliards de dollars. Cela a permis d'absorber la baisse d'activité dans la défense et le spatial (-13 %) et de faire progresser les revenus du groupe à 67 milliards de dollars (+7 %), mais le rebond reste limité.

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Des pertes importantes

La rentabilité n'a pas été au rendez-vous non plus. Boeing a été confronté à d'importants problèmes dans ses chaînes d'approvisionnement comme le signale son directeur général, Dave Calhoun. Cela a créé des interruptions dans l'activité civile comme militaire et spatiale. Les deux divisions sont ainsi en déficit, même si les courbes tendent à se croiser. Commercial Airplanes divise ses pertes par près de trois, mais reste déficitaire à hauteur de 2,4 milliards de dollars. Une performance due donc aux perturbations sur l'approvisionnement, mais aussi à l'interdiction de livraison qui a pesé sur le 787 pendant la moitié de l'année qui a engendré d'importants coûts anormaux tout comme le stockage des 737 et 787 en attente de livraison, ainsi qu'à l'augmentation des dépenses de R&D, selon le directeur financier Brian West.

Dans le même temps, Defense, Space & Security a vu ses résultats s'effondrer passant d'un gain de 1,5 milliard de dollars en 2021 à une perte de 3,5 milliards de dollars. Là aussi, outre les problèmes de supply chain, Brian West a mentionné des soucis de main d'œuvre et un décalage défavorable de certaines régularisations de coûts. Seule la division Global Services est ainsi rentable, à plus de 2,7 milliards de dollars.

Cela se traduit dans les résultats opérationnels du groupe, avec une perte accrue de plus de 22 % par rapport à 2021 à 3,5 milliards de dollars. Ce ratio est légèrement inférieur pour les pertes nettes, qui progressent de près de 18 % à 5 milliards de dollars. Malgré cela, son flux de trésorerie disponible redevient positif à hauteur de 2,3 milliards de dollars avec la montée en cadence des 737 MAX et la reprise des livraisons de 787, lui qui était largement négatif l'an dernier.

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Une remontée en cadence au petit trot

Pour l'année qui s'annonce, Dave Calhoun se montre confiant sur les perspectives du groupe avec une reprise importante du trafic, en particulier avec la reprise de l'activité en Chine. Il assure également que d'importantes décisions devraient arriver dans le domaine des long-courriers avec plusieurs compétitions en cours. Et Brian West assure que les marges de la division Defense, Space & Security retrouveront leur trajectoire normale.

Boeing prévoit ainsi de livrer 400 à 450 exemplaires de 737 MAX l'an prochain, soit un peu plus que les 375 de l'an dernier. Le 787 doit monter en puissance avec 70 à 80 livraisons. Néanmoins, cela comprendra encore, pour les deux avions, des avions déjà produits et stockés suite aux interdictions de livraison connues ces dernières années. Commercial Airplanes devrait ainsi permettre de dégager entre 2,5 et 3,5 milliards de dollars de résultat opérationnel, soit un peu plus que la division Global Services. Seul Boeing Defense, Space & Security devrait rester déficitaire, entre 500 millions et 1 milliard de dollars.

Léo Barnier

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Commentaire 1
à écrit le 26/01/2023 à 6:22
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Pour Boeing le pire est a venir. Les deux principaux clients Chine et Russie vont desormais soit fabriquer leurs propre zincs, soit sous traiter. L'egemonie us se lezarde et c'est tant mieux. Les otaniens vont etre decus dans pas longtemps.

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