C'est toujours non. La rencontre entre Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis, en marge du sommet européen sur le plan de relance, n'a pas permis de remettre à flot le dossier des frégates de défense et d'intervention (FDI) armées de missiles de croisière MdCN (Scalp Naval). Contrairement à son intention avant le Covid-19, la Grèce n'achètera pas prochainement des FDI, construites par Naval Group, à la France. Elle devait pourtant signer un contrat en bonne et due forme cet été pour une livraison de la première FDI prévue en 2024 (environ 40 semaines de construction), puis la seconde en 2026. Athènes a décidé d'ajourner cette acquisition. Le ministre des Finances grec Chrístos Staïkoúras évoque un report de dix ans...
Athènes mène-t-elle en bateau Paris ?
La Grèce, qui ne s'était jamais prononcée sur la facture présentée par la France, n'a pas ou n'a plus le budget pour l'achat de deux FDI à la suite de la crise économique liée au Covid-19. Ou alors les pro-américains du cabinet du francophile Kyriákos Mitsotákis ont fini par remporter cette bataille d'influence. Athènes ne pouvait mettre que 1,4 milliard d'euros sur la table. Loin, très loin de la facture présentée par la France (2,5 milliards d'euros). C'est donc la douche froide pour Naval Group, et plus précisément pour le site de Lorient, qui voit son plan de charge fortement diminué. Les FDI grecques devaient s'intercaler avec les FDI françaises, dont les deux premières doivent être livrées en 2023 (plutôt fin) et 2025.
Pourtant, la presse grecque évoque déjà un scénario alternatif : la modernisation de quatre frégates de type MEKO (ThyssenKrup Marine Systems) et la construction de quatre nouvelles frégates MMCS de Lockheed Martin et Fincantieri d'ici à 2025 par le chantier naval grec Elefsis, repris récemment par le groupe américano-russe ONEX. Le budget envisagé s'élève à 4 milliards d'euros, selon la presse grecque. Puis, une deuxième phase prévoit l'acquisition éventuelle de quatre corvettes SA'AR 72 de conception israélienne en coopération avec les chantiers navals de Syros. La Grèce serait également intéressée par le très dispendieux avion de combat américain F-35 (Lockheed Martin).
Une année difficile sur le plan commercial
Après une année 2019 exceptionnelle en termes de prises de commandes (5,3 milliards d'euros, dont 3 milliards à l'international, selon le communiqué de Naval Group portant sur les résultats 2019), Naval Group devrait réaliser une année plus modeste. Le groupe naval espère signer d'ici à la fin de l'année un contrat de 1,2 milliard pour la vente de quatre corvettes Gowind à la Roumanie. Tout comme, il souhaite parvenir à un accord en 2020 avec l'Arabie Saoudite sur la modernisation des frégates Sawari 2 (ROH).
Enfin, Naviris, la joint-venture détenue à parts égales par Fincantieri et Naval Group, a signé mercredi avec l'OCCAr (Organisation Conjointe de Coopération en matière d'Armement) un contrat portant sur une étude de faisabilité pour la refonte à mi-vie des frégates Horizon. Cette étude, qui doit être menée durant les douze prochains mois, sera la première étape du projet et se concentrera principalement sur les capacités de lutte anti-aérienne des quatre navires.
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