Italie : pourquoi la constellation IRIDE est unique en son genre

L'Agence spatiale européenne (ESA) va commander pour le compte de Rome de nouveaux satellites radars et optiques à Thales Alenia Space pour compléter la constellation italienne IRIDE. L'ESA a déjà commandé 22 satellites aux industriels transalpins, Argotec (Turin) et OHB Italia (Milan).
Michel Cabirol
Une constellation unique en son genre qui va de l'imagerie micro-ondes (utilisant le radar à synthèse d'ouverture, SAR) à l'imagerie optique à différentes résolutions spatiales (de haute à moyenne résolution) et dans différentes gammes de fréquences...
Une constellation unique en son genre qui va de l'imagerie micro-ondes (utilisant le radar à synthèse d'ouverture, SAR) à l'imagerie optique à différentes résolutions spatiales (de haute à moyenne résolution) et dans différentes gammes de fréquences... (Crédits : Thales Alenia Space)

Avec sa future constellation d'observation de la Terre IRIDE, l'Italie va prendre une longueur d'avance en Europe, voire dans le monde. Car cette constellation, financée par le plan de relance italien (PNRR) et estimée à environ 1,1 milliard d'euros, va combiner une flotte de satellites radars et optiques, le tout en haute revisite. Soit une constellation composée de plus de 60 satellites (une commande ferme de 29 satellites plus 32 en option) qui sont commandés à toute l'industrie satellitaire italienne (Thales Alenia Space, OHB Italia et Argotec). Le déploiement complet de la constellation IRIDE est prévu d'ici à 2026 et sera effectué par le lanceur italien Vega C. Mi-mars, Arianespace a signé avec l'ESA, pour le compte du gouvernement italien, un contrat pour deux lancements Vega C, plus une option pour un troisième lancement dédié. Les lancements sont programmés à partir de la fin de 2025.

Pour réussir son pari, Rome a eu l'intelligence de confier la mise en œuvre de cet ambitieux programme d'observation de la Terre à l'Agence spatiale européenne (ESA), en coopération avec l'Agence spatiale italienne (ASI). Faute de moyens humains et maîtrise d'œuvre, l'ASI n'avait pas aujourd'hui l'envergure pour gérer un tel programme. Pour gagner du temps, Rome utilise donc « l'ESA comme agence contractante, explique-t-on à La Tribune. Vu la complexité du programme, les Italiens ont préféré s'appuyer sur l'expertise de l'ESA en tant qu'agence contractante. Cela veut dire que les Italiens sous-traitent les marchés et la gestion du programme ». Mais IRIDE reste un programme italien.

Thales Alenia Space, Argotec et OHB Italia

L'ESA a confié début décembre 2022 à l'industriel Argotec (Turin) et ses partenaires (Officina Stellare et Rhea System) une commande pour la livraison d'un premier lot de dix satellites (mission multispectrale haute résolution) et le développement du segment pour les opérations de vol (FOS) à livrer d'ici novembre 2024. Le groupe dispose aussi d'une option pour un deuxième lot de 15 satellites à livrer d'ici novembre 2025. L'ESA a par ailleurs signé un deuxième contrat avec OHB Italia (mission multispectrale haute résolution). Le contrat prévoit la livraison d'un premier lot de 12 satellites ainsi que du segment FOS (Flight Operation System) d'ici novembre 2024. La filiale de OHB, basée à Milan, dispose également d'une option pour un deuxième lot de 12 satellites à livrer d'ici novembre 2025. L'équipe industrielle dirigée par OHB Italia comprend les partenaires OPTEC, Telespazio et Aresys. Les deux commandes (sans les options) s'élèvent à 68 millions d'euros pour 22 satellites.

Enfin, l'ESA va annoncer un contrat avec Thales Alenia Space portant sur la fourniture d'un premier lot de six smallsats équipés de radars à synthèse d'ouverture (SAR) et d'un satellite optique. Le montant du contrat des six satellites SAR est estimé à 112 millions d'euros, auquel s'ajoute une option de 75 millions d'euros pour quatre satellites supplémentaires. Le contrat de fourniture du satellite optique s'élève à 30 millions d'euros tandis que l'option portant sur un satellite supplémentaire est évaluée à 19 millions d'euros. Les charges utiles des satellites radar et optiques seront intégrés sur la plateforme modulaire NIMBUS (New Italian Micro Bus) de Thales Alenia Space. La charge utile optique sera fournie par les entreprises italiennes Media Lario et TDS.

Une constellation très performante

La combinaison radar et optique va permettre aux autorités italiennes de bénéficier d'un renouvellement des images et des données à haute fréquence de jour comme de nuit mais également pendant les périodes nuageuses. Par exemple, dans le cas d'inondations, qui surviennent généralement par mauvais temps, les images radar s'avèrent précieuses car elles ne sont pas gênées par les nuages, elles peuvent donc être acquises très peu de temps après l'événement. En Guyane, des images Sentinel-1 sont utilisées afin de détecter les zones de déforestation deux fois par mois, exploitée dans le cadre des activités minières (lutte contre l'orpaillage illégal mais également surveillance des engagements d'exploitation pour les sites autorisés). Dernier exemple, les satellites radar permettent de mesurer la hauteur des vagues. Une information utile pour les prévisions météo ainsi que pour les opérateurs de plates-formes pétrolières.

Le segment sol, qui va permettre de fusionner les données et de les corréler, est l'une des infrastructures les plus importantes de la constellation IRIDE. Ce système comprend plusieurs sous-constellations de satellites en orbite basse (LEO), des infrastructures sol (segment descendant) et des services dédiés à l'administration publique italienne. Une constellation unique en son genre qui va de l'imagerie micro-ondes (utilisant le radar à synthèse d'ouverture, SAR) à l'imagerie optique à différentes résolutions spatiales (de haute à moyenne résolution) et dans différentes gammes de fréquences...

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 28/03/2023 à 9:29
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Sur le net ,il y a la carte interactive des satellites et débris spatiaux.Et c'est pas fini ,l'inde, la chine, le japon etc.. sont en train de faire des constellations de satellites .

à écrit le 27/03/2023 à 19:32
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Certes, mais je me permets de vous citer 'Et toujours aucun projet pour nettoyer l'espace ? '

à écrit le 27/03/2023 à 9:31
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Ils vont en perdre combien s'ils veulent les envoyer avec des Vega?

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