C'est une première pour un avion hybride électrique. Ce matin du 13 septembre, le démonstrateur Cassio 1, développé par la société VoltAero, s'est s'envolé de Calais pour franchir La Manche et rejoindre la ville anglaise de Cranfield, entre Londres et Birmingham. Ce vol de 200 km doit durer un peu plus d'une heure avec aux commandes Didier Esteyne, le directeur technique de VoltAero qui avait déjà réalisé la traversée à bord de l'avion à propulsion entièrement électrique E-Fan en 2015, et Christian Briand, ancien pilote d'essais chez Daher-Socata.
« C'est toujours un défi particulier de voler au-dessus de la mer. Il y a des conditions météorologiques, il y a des vents..., explique Jean Botti, ancien directeur de la technologie et de l'innovation du groupe Airbus et désormais directeur général de VoltAero. Il y a toujours un petit pincement et en même temps de l'excitation. Faire ça en hybride-électrique, Blériot aurait été content. »
Préfigurer les modèles de série
Quant aux raisons de ce vol, celui qui avait longtemps porté le projet E-Fan au sein d'Airbus déclare : « Nous voulons montrer que notre avion peut désenclaver les régions, reconnecter l'Angleterre et la France avec une aviation différente de celle d'aujourd'hui. Cela montre que nous sommes déjà prêts. » Avec une puissance installée de 600 kW issue de la combinaison d'un moteur thermique et de moteurs électriques Engineus 45 de Safran, le Cassio 1 se veut représentatif d'un avion capable de transporter dix passagers d'une région à l'autre. Un objectif que devra remplir d'ici quelques années le Cassio 600, le plus gros des trois modèles de série prévus par VoltAero avec le Cassio 330 (quatre places avec une puissance de 330 kW) et le Cassio 480 (six places et 480 kW).
À l'heure actuelle, la motorisation hybride-électrique du Cassio 1 lui permet d'afficher une réduction d'émissions de CO2 de l'ordre de 17 % sur un vol type de deux heures. Les gains les plus significatifs se font au moment du décollage et de l'atterrissage, qui peuvent être réalisés grâce à la seule puissance des moteurs électriques. Ce qui permet également une réduction de l'empreinte sonore au sol de l'appareil. À terme, avec ses modèles de série, VoltAero vise des gains de l'ordre de 30 % sur un vol type notamment grâce à une aérodynamique largement améliorée par rapport au démonstrateur.
Capacité à enchaîner les vols
Outre la traversée de la Manche, la performance du Cassio 1 se situe aussi dans son endurance : après avoir relié sa base de Royan à Calais le dimanche 12 septembre, le démonstrateur s'est donc envolé ce lundi 13 au matin pour Cranfield, où il ne restera que quelques heures. Il doit en effet repartir l'après-midi même pour rejoindre le célèbre aéroport de Biggin Hill, au sud de Londres, afin d'être présenté au salon ACE'21 Air Charter Expo. Dès le lendemain, il s'envolera à nouveau pour la France, direction Royans via Le Havre.
L'avion avait déjà réalisé une performance similaire en juillet, avec un « tour de France » au cours duquel il a rallié dix escales en six jours. C'est en revanche la première fois qu'il quittera le territoire français, après avoir raté l'occasion de visiter l'Allemagne un peu plus tôt dans l'année suite à l'annulation du salon Aero Friedrichshafen. Jean Botti espère désormais pouvoir continuer à sortir des frontières de l'Hexagone pour présenter son avion. Le point d'orgue pourrait se situer en juillet 2022 lors du meeting aérien d'Oshkosh, la grande messe de l'aviation aux Etats-Unis.
Vers une entrée en service fin 2023
D'ici là, le prototype du Cassio 330 ne devrait pas être très loin de son premier vol, prévu mi-2022. Jean Botti maintient ainsi l'objectif d'une certification auprès de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) en 2023 pour une entrée en service en fin d'année. Les début opérationnels des Cassio 480 et 600 sont pour leur part prévus à l'horizon 2026.
La chaîne d'assemblage finale (FAL), qui s'établira sur l'aéroport de Rochefort, sera opérationnelle fin 2022. VoltAero vise, à terme, une capacité de production de 150 appareils par an. Pour le marché US et asiatique, l'entreprise mise sur la vente de licences et de la fabrication délocalisée sur place. Pour l'instant, le jeune constructeur dispose de précommandes pour une cinquantaine d'appareils, réparties à travers le monde.
Largement soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine, le développement du Cassio a bénéficié d'un soutien de trois millions d'euros. Il a également été sélectionné dans le programme de recherche européen Horizon 2020, ce qui lui a valu une subvention de 2,1 millions d'euros ainsi qu'un accès à un financement mixte avec une intervention en capital pouvant aller jusqu'à 11 millions d'euros.
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