Le constructeur d'avions régionaux ATR contraint de réduire la voilure en 2022

Le constructeur franco-italien d'avions régionaux turbopropulseurs a engrangé 25 commandes fermes en 2022 (contre 35 en 2021) et a livré 25 appareils neufs (contre 31) ainsi que 11 avions d'occasion (contre 10).
Michel Cabirol
La nouvelle présidente exécutive Nathalie Tarnaud Laude, qui a pris ses fonctions le 17 septembre 202, peut s'appuyer sur un carnet de commandes de l'ordre de 200 appareils.
La nouvelle présidente exécutive Nathalie Tarnaud Laude, qui a pris ses fonctions le 17 septembre 202, peut s'appuyer sur un carnet de commandes de l'ordre de 200 appareils. (Crédits : ATR)

ATR a vécu une année 2022 beaucoup plus compliquée que prévu. Une année de recul par rapport à 2021. Le constructeur franco-italien d'avions régionaux turbopropulseurs a engrangé 25 commandes fermes en 2022 (contre 35 en 2021) et a livré 25 appareils neufs (contre 31) ainsi que 11 avions d'occasion (contre 10), selon nos informations. En dépit d'une baisse des livraisons des avions neufs, ATR a enregistré une croissance de son chiffre d'affaires, qui s'est élevé l'année dernière à 852 millions d'euros (contre 707 millions en 2021). Le constructeur d'avions régionaux a poursuivi la réduction de ses pertes, passant de 48 millions d'euros en 2021 à 11 millions d'euros en 2022 (- 138 millions en 2020). En dépit d'une amélioration de la rentabilité d'ATR, l'EBIT reste dans le rouge (- 13 millions d'euros).

« Nous avons fait face en 2022 à un environnement économique et politique complexe. La crise du Covid a des effets à long terme qui ont impacté le niveau de commandes, la stabilité financière des compagnies aériennes et notre capacité de production », a souligné ATR, interrogé par La Tribune.

De nouveaux aléas

La nouvelle présidente exécutive Nathalie Tarnaud Laude, qui a pris ses fonctions le 17 septembre 2022, peut s'appuyer sur un carnet de commandes d'environ 200 appareils. Et au-delà, ATR anticipe une forte croissance du marché, avec une demande mondiale pour environ 2.500 turbopropulseurs sur 20 ans. Notamment en Chine où les autorités de l'aviation civile ont validé en fin d'année 2022 la certification de l'appareil ATR 42-600 du leader mondial de l'aviation régionale. Ce qui va enfin lui ouvrir le très vaste marché chinois.

« La reprise du marché chinois a été plus lente que prévue. L'Asie représente 40 à 50 % de notre marché et le dynamisme économique et touristique de la région repose très largement sur les voyageurs chinois, a toutefois expliqué ATR à La Tribune. La guerre en Ukraine a par ailleurs entraîné une hausse des coûts et renforcé la prudence de nos clients ».

Pour autant, Nathalie Tarnaud Laude devra notamment répondre cette année au défi de l'efficacité de sa supply chain qui a particulièrement freiné la montée en puissance des livraisons en 2022. « Notre supply chain a été très affectée, comme cela a été le cas dans toute l'industrie, et cette situation a impacté de manière significative notre capacité à livrer nos avions. Nous avons déjà mis en place un certain nombre de mesures pour soutenir notre montée en cadence progressive sur les prochaines années et nous continuons à bâtir notre futur, avec le développement du STOL, la certification 100 % SAF d'ici 2025, et tout le travail que nous réalisons avec les motoristes sur l'EVO qui doit offrir une solution crédible pour le marché régional », a souligné ATR.

Une année commerciale mitigée

Sans surprise, ATR reste donc leader de ce segment de marché faute de concurrent(s). Plusieurs compagnies ont continué à faire confiance au constructeur franco-italien. Ainsi, la compagnie nationale des Maldives, Maldivian a signé un contrat pour l'achat de ses premiers ATR (deux ATR 72-600, dont un a déjà été livré, et un ATR 42-600). Alliance Air, la seule compagnie aérienne publique indienne, a opté pour l'acquisition de deux ATR 42-600, via le loueur TrueNoord. ATR a aussi décroché de nouvelles commandes auprès de la compagnie japonaise ORC (livré en décembre) et de la compagnie gabonaise Afrijet, qui ont choisi respectivement l'ATR 42-600 et l'ATR 72-600. En outre, Air Tahiti a signé une commande ferme pour un ATR 72-600 et confirmé un contrat portant sur deux ATR 42-600S (S pour « STOL » - décollage et atterrissage courts).

Le nouveau loueur Abelo a quant à lui signé en 2022 un protocole d'accord portant sur 10 ATR 72-600 neufs. Le loueur devait également confirmer une commande de 10 ATR 42-600S qui avait été précédemment signée par Elix Aviation en 2019. Les premiers ATR 72-600 seront livrés en 2023, tandis que le premier avion STOL sera livré fin 2024. Par ailleurs, le numéro un mondial des avions régionaux a signé l'année dernière une lettre d'intention avec Feel Air Holdings, une nouvelle compagnie aérienne régionale japonaise, portant sur une commande pouvant aller jusqu'à 36 appareils. Enfin, Silk Avia, une nouvelle compagnie aérienne régionale d'Ouzbékistan, a signé un protocole d'accord portant sur l'acquisition de cinq nouveaux ATR 72-600, trois directement auprès d'ATR et deux autres auprès d'une société de leasing.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 18/03/2023 à 0:25
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Ce qui me concerne, c'est la porte tournante de la poste de PDG d'ATR. On change le PDG trop souvent. Un peu plus de stabilité et donc expérience acquise sur le plus long terme serait mieux, sans pour autant restant sur les lauriers – les menaces pou...

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